A la suite des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, c'est la presse, et plus largement les médias, qui incarnent en France le « quatrième pouvoir ». Ces dernières décennies, la presse, la télévision, mais aussi la radio, sont cependant de plus en plus critiquées, leur indépendance étant remise en cause, en partie en raison de leurs liens et connivences avec la sphère politique. Ces médias traditionnels apparaissent de moins en moins aptes à dénoncer les abus des dirigeants. Petit dernier de la famille, Internet, semble au contraire en pleine crise d'adolescence, critiquant, dénonçant, se moquant etc. Egalement surnommé la Toile, le Net ou encore le Web, il se charge désormais de compléter les lacunes des ancêtres de sa famille, les médias traditionnels, et prend parfois de la distance avec eux afin d'inventer « son » style de communication. Vidéos des émeutes de novembre 2005, d'Alain Duhamel soutenant François Bayrou, avis et commentaires sur les blogs et forums, Internet semble bien incarner un nouveau lieu d'expression, plus libre. Il rend possible le discours décalé et parfois subversif. Presque gratuit, il est à même de diffuser largement des informations, quasiment en temps réel. Ouvert, il permet le débat interactif. Sa famille l'a tellement bien compris, que chaque membre s'installe chez lui, et aucune radio, télévision, magazine ou journal n'omet de créer un site Web voire un blog.
Espace de liberté, de débat et de diffusion, Internet s'est par ailleurs fait envahir par les sites et blogs politiques, officiels (PS, Désir d'Avenir, UMP, UDF…), anonymes, journalistiques (leblog-politique.fr, loiclemeur.com) ou encore associatifs (ladroitelibre.com, ré-so.net). Chacun, professionnel ou néophyte, peut donner son avis, commenter l'actualité, débattre, partager ses idées. Les français, souvent accusés de se désintéresser de la politique, semblent retrouver, grâce à Internet le goût du politique.
On constate donc qu'Internet semble être le lieu « où tout est permis », le « cabaret » de la politique. Cette vision n'a jamais été aussi affirmée que pendant la campagne présidentielle de 2007. Officiellement commencée le 9 avril, elle était en marche depuis des mois, en particulier sur le Net. Nous avons donc choisi de nous intéresser à ce que les spécialistes en communication appellent la « Net-campagne », c'est-à-dire la campagne pour l'élection présidentielle telle qu'elle se déroule sur Internet. Net-campagne suppose ainsi des « cyber-citoyens », qui sont des électeurs s'intéressant à la vie politique et se renseignant à son propos sur la Toile. Etudier la Net-campagne est un défi, en raison de la pléthore d'avis d'amateurs mais du peu de littérature spécialisée sur le sujet.
Constatant la très forte mobilisation des électeurs (83,77% de la participation au 1er tour et 83,97 au soir du second), nous nous sommes interrogés sur le rôle de la Toile dans un tel phénomène. Nous ne pourrons affirmer que ce n'est que grâce à Internet que les électeurs sont allés voter en masse, mais nous avons choisi de nous demander dans quelle mesure Internet constitue un instrument de renouvellement de l'action politique et un nouveau lieu de campagne, plus libre, participatif et ouvert aux citoyens.
Pour ce faire, nous avons tout d'abord étudié le profil des internautes, afin de savoir si Internet est réellement un média ouvert à tous et donnant naissance à une nouvelle forme de citoyenneté. Nous avons ensuite analysé l'émergence d'Internet dans la vie politique et les liens que la Toile entretient avec les français, qu'ils soient internautes ou non. S'interroger sur la question du renouvellement de l'action politique par le Web nous a aussi conduit à étudier les liens que ce dernier entretient avec les partis politiques, et sa potentielle instrumentalisation par ceux-ci, ce qui compromettrait l'hypothèse d'un média libre et totalement ouvert. Enfin, nous avons choisi de rassembler nos analyses et des les réétudier sous le jour de la démocratie en nous demandant si la Net-campagne donne naissance, comme beaucoup le disent, à une nouvelle forme de démocratie, une e-démocratie.
[...] Les sites Web permettent aux partis politiques de diffuser leurs actions et leurs engagements, afin d'apporter une réponse à la perte de légitimité qu'ils connaissent depuis le nouveau millénaire et qui s'est manifestée en 2002. Cette réponse semble être efficace, à considérer la très forte participation des électeurs le 22 avril 2007 qui en est certainement dépendante en partie. Cependant, l'utilisation d'Internet par les partis politiques relève davantage de l'information partisane et de l'échange vertical que d'une dimension participative horizontale. L'enjeu pour les partis politiques est donc désormais de communiquer le message, et non de l'envoyer, afin de rompre avec la tendance à sens unique qui s'installe sur leur site. [...]
[...] Par ailleurs des Français estiment que créer un blog personnel est un bonne idée pour une personnalité. La proportion atteint 79% auprès des internautes. Pour les citoyens, l'un des intérêts du blog réside dans le fait qu'il s'agit d'une communication directe, que le blog permet aux personnalités politiques de faire part de leurs idées sans l'intermédiaire de journalistes (pour 76% des Français et 84% des internautes) et leur permet de discuter avec tout un chacun (pour 61% des Français et 64% des internautes). [...]
[...] ( Enquête Ipsos-CEVIPOF, Les internautes et la politique, janvier 2007. ( L'observatoire présidentiel, La blogopole. ( Site des travaux de recherche de Viviane Serfaty, spécialiste en sociologie politique : http://www.chez.com/vserfaty/groupe-recherche.html. ( Les blogs in Revue Réseaux, communication-technologie-société, vol 24, Paris Partie II ( Sondage sur les Français, le Web et la politique, Département Opinion- Corporate CSA, www.csa.fr ( Présidentielle 2007, l'irruption des internautes dans la campagne, sous la direction de Carlo Revelli, Editions Le Manuscrit ( La technique en usage : l'introduction d'Internet dans le répertoire de mobilisation électorale de candidats en campagne, mémoire de sociologie politique de Nicolas Benvegnu, IEP Paris ( Vivre à temps réels, Godefroy Beauvallet et Maurice Ronai, article paru dans la revue Réseaux ( Les répertoires d'action télématiques du néo-militantisme, parus dans la revue L'histoire sociale en mouvement, Fabien Granjon Partie III ( La communication politique partisane sur Internet en France mémoire de Jérôme Karsz, Université Paris II Panthéon - Assas ( www.sarkozy.fr, www.desirsdavenir.org, www.bayrou.fr, www.parti- socialiste.fr, www.u-m-p.org, www.frontnational.org, www.netpolitique.net, www.forum-edemocratie.net, www.lemonde.fr Partie IV Le Net en campagne, mémoire de DESS de Communication Politique et Sociale à Paris I de M. [...]
[...] Une interaction dont l'effet premier selon lui, été de donner un visage différent de la campagne, moins formaté qu'en 1995 et 2002. Mais Gunther précise que si Internet a donné l'impulsion en jouant le bataillon éclaireur les médias classiques sont restés maîtres de l'agenda Du matériau riche et nouveau disponible en ligne, ces derniers n'ont en effet mis en avant que ce qu'ils estimaient valable. Seules les bonnes audiences d'une vidéo publiée sur les plateformes d'échanges telles Dailymotion ou encore Youtube pouvaient ainsi justifier une exploitation médiatique classique. [...]
[...] Ainsi, la campagne présidentielle gagne même le monde virtuel, avec Second Life par exemple. Les premiers à s'y être installés sont en effet les jeunes du Front National de Moselle, avec la création d'une permanence virtuelle à l'automne 2006. En janvier 2007 les jeunes socialistes du comité Désir d'Avenir s'y sont implantés, suivis par l'Union pour un Mouvement Populaire qui y a acheté une île pour ses militants. De plus, Internet contribue à améliorer la formation des citoyens. On peut citer à cet égard la création d'un Internet citoyen avec le développement de sites d'Etat tels viepublique.fr, où sont recensés les liens vers les différents ministères et services publics ainsi que des informations juridiques et civiques, contribuant à la formation des citoyens intéressés par la vie politique et institutionnelle française. [...]
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