Comment appréhender les émeutes urbaines : violence antisociale ou acte politique ? Quand l'on cherche des synonymes pour émeute dans le dictionnaire, l'on tombe sur rébellion, insurrection, sédition, soulèvement, agitation, tumulte, révolte, jacquerie… Or, pour le terme de violence, le même ouvrage propose : brutalité, barbarie, bestialité, sauvagerie, inhumanité…
Nous trouvons que c'est un point de départ intéressant que de s'interroger sur les enjeux de catégorisation des types de violence collective. Car, ils sont à même d'incarner les « luttes de classement » qui entourent le traitement médiatique, politique et juridique des faits. Nous allons dans un premier temps tenter d'appréhender et de critiquer ce vocabulaire sous deux angles : d'abord en cherchant à distinguer émeute et violence urbaine, ensuite pointant du doigt le caractère approximatif de l'épithète « urbaine ». Dans un second temps, nous passerons brièvement en revue l'historique de ces événements classés tantôt comme violences, tantôt comme émeutes urbaines…
Nom dérivé d'esmeu, ancienne forme du participe passé d'émouvoir, et modifié sous l'influence de meute (mouvement, émotion), l'émeute signifie une « explosion de violence, une agitation populaire, le plus souvent spontanée » à l'occasion d'une situation tendue. Elle s'accompagne souvent de dégradations de biens et/ou de violences physiques et verbales contre les symboles (incendies de commissariat, d'école…) et les représentants de l'autorité publique (forces de l'ordre, pompiers…). L'émeute insiste en effet sur le caractère spontané et non structuré des violences collectives ainsi que le rôle déterminant de la police, qui, non seulement se trouve souvent en être la cible, mais constitue le point de départ dans grand nombre de cas étudiés. L'insurrection qui survient après une intervention policière mal vécue collectivement est en effet une constante dans le temps (depuis les années 1960) et dans l'espace (France, USA, Grèce…).
Les Renseignements généraux définissent les violences urbaines comme des « actes juvéniles collectifs commis de manière ouverte et provocatrice et créant dans la population un fort sentiment d'insécurité ».
Il faudra distinguer en effet l'émeute de la violence urbaine qui est avant tout « une catégorie policière, non seulement floue mais particulièrement marquée institutionnellement et idéologiquement, en référence aux instruments mis en œuvre par des fonctionnaires du ministère de l'Intérieur depuis le début des années 1990, et plus récemment par l'Observatoire national de la délinquance ».
[...] STEINAUER, P. BARRON, Les émeutes urbaines à l'épreuve des situations locales in Sociologies, mise en ligne le 18 juillet 2007. URL : http : sociologies.revues.org/document254.html. Consulté le 03 février 2009. Extraits de : L. MUCCHIELLI, L'expertise policière des ‘violences urbaines' in Informations sociales p. 14-23. R. [...]
[...] Le 8 novembre, décret d'état d'urgence sur tout le territoire en application d'une loi datant du 3 avril 1955, prise au temps de la Guerre d'Algérie. Elle permet aux préfets d'interdire la circulation des personnes et des véhicules à certaines heures et sur certains territoires, de prononcer la fermeture provisoire des salles de spectacles et débits de boissons, l'interdiction de réunions, l'assignation à résidence de certaines personnes, la possibilité de procéder à des perquisitions nocturnes, à poursuive les suspects à l'intérieur des résidences privées. (Source : JO du 9 novembre 2005, p. [...]
[...] Certains la font clairement remonter à l'école, d'autres font part de leur expérience de discrimination à l'embauche ; mais le sentiment d'injustice et d'humiliation dans leur relation avec la police fait l'unanimité des émeutiers. Y a très peu de quartiers qui ont fait ça pour être solidaires de Clichy, moi je te dis que c'est la haine contre les keufs, parce qu'ils parlent trop mal. (16 ans, en BEP) Moi je m'en foutais des brûlés, je voulais me taper avec les keufs. Ils commencent à crier et parlent pour rien alors que toi tu ne parles pas. Ils t'insultent, sentent ta main pour voir s'il y a de l'essence. [...]
[...] La nuit suivante, les ZUS des grandes métropoles régionales font grimper à 200 le nombre de communes touchées. Marseille et Nantes s'en distinguent cependant car elles connaissent un niveau modéré d'incidents par rapport à leur part de quartiers populaires : Les communes qui ont un tissu associatif ou des personnalités sur lesquelles s'appuyer ont connu un retour au calme plus rapide. Le CNV l'a souligné depuis 2000, les financements des associations de proximité ont été dramatiquement réduits ces dernières années et beaucoup d'associations ont dû cesser leur activité. [...]
[...] Par contre, leur bilan matériel est extrêmement lourd et pose depuis la question de l'assurabilité des communes à risques[22]. Enfin, leur bilan judiciaire est également d'une échelle inédite non sans lien avec le choix gouvernemental affirmé pour des solutions plutôt répressives. Bilan humain : o La principale victime est une femme handicapée de 56 ans qui, le 2 novembre, est gravement brûlée lors de l'attaque d'un bus à Sevran (Seine-Saint-Denis)[23]. o policiers et gendarmes sont mobilisés, dont 217 seront blessés pour la plupart s'agissant des blessures légères. [...]
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