« Les partis sont un mal inhérent aux gouvernements libres ». Si Alexis de Tocqueville avait su, lorsqu'il écrivait ces mots dans le premier tome de La démocratie en Amérique en 1835, que les Etats-Unis allaient devenir un modèle du bipartisme à l'échelle mondiale, il en aurait peut-être été un peu déçu. Car aujourd'hui, le bipartisme, système dans lequel la vie politique est polarisée entre deux grands partis qui s'opposent, est implanté aux Etats-Unis comme nulle part ailleurs. Les dernières midterm elections ont montré encore une fois, à quel point les deux sensibilités politiques, républicaine et démocrate, dominaient la vie politique.
Ces deux partis d'aujourd'hui ne sont que le produit d'une longue maturation de deux tendances qui ont toujours coexisté au sein des Etats-Unis : la tendance « républicaine » et la tendance « libérale ». La première a donné naissance à des courants comme les conservateurs, les fédéralistes, les républicains nationaux, les Whigs et les républicains modernes ; la deuxième, aux anti-fédéralistes (appelés aussi « populistes »), aux démocrates-républicains et aux démocrates modernes. La cohérence entre ces différents courants rattachés à une même tendance s'est faite sur des orientations politiques semblables : tous les courants de tendance républicaine ont été et sont attachés à l'ordre social et à la croissance économique ; tous les courants de tendance libérale ont été et sont tournés vers l'égalité économique et sociale. Ces deux tendances, somme toute assez naturelles, semblent avoir une implantation très profonde dans l'histoire et dans la culture américaine.
Pourtant, une telle implantation n'a rien d'évident : l'intention des Pères Fondateurs des Etats-Unis était en effet très éloignée de ce qu'est devenu le système américain, puisque tous souhaitaient éviter au maximum un système partisan. « Si je ne pouvais aller au paradis qu'avec un parti », disait Thomas Jefferson en 1789, « je n'irai pas du tout ». Et, quelles que soient leurs idées, tous les Pères Fondateurs semblent partager cette appréciation, et s'appliqueront donc à établir, dans leur pays, un système aussi peu partisan que possible.
Dans ce cas, comment le système politique américain, fondé à l'origine par des hommes hostiles aux partis, est-il devenu le système le plus biparti au monde ? En réalité, bien que les Pères Fondateurs soient opposés au système des partis, les premiers signes du bipartisme se développent entre 1776 et 1801 ; l'élection de Thomas Jefferson à la présidence en 1801 est le début d'une période d'hégémonie « libérale » qui laisse présager une politique sans partis, mais s'achève définitivement avec l'élection d'Andrew Jackson en 1828. Jusqu'au début de la guerre de Sécession, en 1861, on assiste aux Etats-Unis à l'émergence de deux partis de masse et donc à la naissance du bipartisme moderne, mais ce phénomène doit néanmoins être nuancé.
[...] En effet, ils insistent sur l'intérêt et les enjeux d'une unité réussie dans une fédération qui rassemble toute la diversité des zones géographiques, des États, des sociétés. Le Nord, dans ses rapports sans contraintes avec le Sud, protégés par les Lois équitables d'un gouvernement commun, trouve dans les productions de ce dernier de grandes ressources additionnelles d'entreprises maritimes et commerciales et de précieux matériaux pour son industrie manufacturière. Le Sud, dans le même rapport, bénéficiant de l'intermédiaire du Nord, voit son agriculture croître et son commerce s'étendre. [...]
[...] De ce point de vue-là, la Constitution est effectivement une contrainte pour certains partis : les plus petits, mais elle favorise de facto les plus grands ! Or le Douzième Amendement (1803- 1804), s'il modifie le premier système d'élection du Président des Etats- Unis en le simplifiant, confirme le pouvoir des grands électeurs, et donc encourage fortement ce bipartisme. ( De fait, l'illusion d'unité est de courte durée Le premier collège électoral, réuni en février 1789, élit George Washington Président à l'unanimité, et John Adams vice-président. [...]
[...] Les Fondateurs aspirent donc fortement à la mise en place d'un système adapté aux Etats-Unis, qui évitera tout bipartisme ( Vers l'unanimisme Whig En réalité, l'influence majeure du système britannique sur les Pères Fondateurs se fait à travers la pensée de Whigs plus ou moins libertaires des années 1720 (John Trenchard, Thomas Gordon), qui soulignent plus que tout autre l'importance des libertés individuelles. L'influence des Whigs est si forte que, lorsque les premières velléités indépendantistes apparaissent dans les années 1760-1770, les indépendantistes américains prendront le nom de Whig, et les souverainistes de Tories. Mais cette bipolarisation-ci, que l'on constate si vite dans l'histoire des Etats-Unis, ne fait pas long feu : à l'indépendance, les leaders Tory (James DeLancey, Thomas Hutchinson) sont expulsés ou s'exilent. [...]
[...] Ils signeront ces listes, les certifieront et les transmettront, scellées, au siège du gouvernement des États-Unis, à l'adresse du président du Sénat. Celui-ci, en présence du Sénat et de la Chambre des représentants, ouvrira toutes les listes certifiées, et les suffrages seront alors comptés. La personne qui aura obtenu le plus grand nombre de voix pour la présidence sera Président, si ce nombre représente la majorité de tous les électeurs nommés. Mais, surtout, Jefferson remplaça son co-lister Burr par George Clinton, l'ancien leader populiste-anti-fédéraliste ; Burr, scandalisé, se proposa au parti fédéraliste pour être candidat fédéraliste au poste de gouverneur de New York. [...]
[...] ( L'expansion territoriale des Etats-Unis : une ambiguïté jeffersonienne L'un de ses plus grands succès politiques fut l'achat de la Louisiane à Napoléon en 1803 pour 15 millions de dollars (60 millions de francs). Ce territoire d'1,5 million de avait une superficie quatre fois supérieure à celle de la France et doubla la superficie des Etats-Unis. Dans le cadre de sa politique expansionniste Jefferson envoya l'expédition Lewis et Clark (1804-1806) vers la côte Ouest pour reconnaître les territoires situés entre ceux de l'Union et l'océan Pacifique. On peut donc considérer qu'il fut l'un des initiateurs de la conquête de l'Ouest. [...]
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