Ce mémoire porte sur l'étude de la culture populaire aux États-Unis et de ses rapports particuliers avec le pouvoir politique depuis le traumatisme post 11 septembre. Il s'agit ici de démonter les mécanismes de représentation politique propres à deux séries ayant rencontré un succès considérable aux États-Unis et dans le monde entier : "24h Chrono" et "Heroes". Nous verrons toute l'ambivalence politique de la culture populaire américaine à travers deux aspects majeurs : la légitimation politique et la subversion.
La télévision, et notamment les séries télévisées, contribue de manière très efficace à donner une vision précise du climat social et politique d'un pays à un moment donné. En témoigne la recherche menée par l'ONG américaine Human Right First selon laquelle 624 scènes de torture ont été diffusées en prime time aux États-Unis entre 2002 et 2005, contre 102 entre 1996 et 2001. L'organisation montre du doigt des séries telles que « Lost », « Law and Order », « Alias », et tout particulièrement « 24 ».
24 heures chrono est une série télévisée américaine diffusée par Fox Network et ayant remporté un Emmy et un Golden Globe. Le show a été diffusé pour la première fois le 6 novembre 2001 avec 13 épisodes initiaux. Les six premières saisons se déroulent toutes au sein de la branche fictive de l'unité gouvernementale anti terroriste : le CTU. « 24 » se présente comme une série en temps réel, dont chaque saison décrit une période de 24h dans la vie du protagoniste Jack Bauer, qui travaille avec le gouvernement pour protéger la nation d'éventuelles attaques terroristes. Au-delà de l'intrigue dont les retournements de situations ont captivé le public, le contenu politique de la série réside en majeure partie dans le fait que le respect rigoureux de la loi américaine doit être sacrifié pour la sécurité du pays.
[...] Au grès des saisons, Jack Bauer a perdu des êtres chers, il a 37 exécuté un homme innocent pour stopper une attaque, a torturé, été torturé, a passé deux ans en détention en Chine parce que le pouvoir pour lequel il se battait l'a abandonné. Ses cicatrices sont surtout morales, son travail lui a couté de nombreuses relations et une partie de son humanité. Il a été transformé et abimé par toutes les décisions qu'il a dû prendre. Dans la saison le personnage de Jack Bauer devient vraiment intéressant, plus approfondi. Il devient l'allié d'Hamri al Assad, un ancien leader terroriste, pour contrer une nouvelle menace. [...]
[...] Les références au traumatisme 9/11 ne manquent pas dans les deux séries. La toute première image de la série Heroes nous montre un jeune homme qui, au sommet d'un immeuble, se jette dans le vide et s'envole à travers les buildings New Yorkais. Au même moment, une voix off se fait entendre, nous disant que, nous, les humains, cherchons toujours à résoudre les grands mystères, alors que nous ne pouvons répondre aux questions les plus simples : qui sommes nous ? [...]
[...] La culture populaire est ainsi au cœur des enjeux politiques. Dans l'histoire, de nombreux exemples en attestent. La politique a par exemple souvent interféré dans le déroulement de manifestations culturelles telles que les Jeux Olympiques. En 1936, les jeux d'été de Berlin ont été l'occasion pour les nazis d'étendre leur propagande. Les derniers Jeux de Beijing n'ont pas non plus été épargnés par le climat politique mondial. Notre recherche est l'occasion d'étudier plus en profondeur les rapports que la culture populaire entretient avec le pouvoir en place. [...]
[...] Ce bouleversement dans la mentalité de Jack Bauer nous prouve plusieurs choses. Premièrement, ce n'est pas tant la volonté politique des créateurs de 24 qui justifie le caractère pro-gouvernement de la série, mais plutôt la volonté de coller à une réalité politique à un moment donné, dans une situation particulière donnée. En ce sens, il me semble que durant les premières saisons du show, Joel Surnow a profité d'une conjoncture favorable à des pratiques politiques et policières musclées dans un contexte de peur panique. [...]
[...] Dans la 3 ème saison, un libéral au grand cœur qui défend un voisin originaire du Moyen Orient contre le vigilantism est finalement assassiné quand le voisin se révèle être un terroriste. Puis, dans un autre épisode, l'ONG fictive Amnesty Global luttant pour la défense des droits élémentaires des détenus, protège des terroristes de la torture et ce faisant, ralentit dangereusement l'action de la CTU. Une révélation précédente appel anonyme affirmant que la stratégie de l'avocat de l'ONG lui avait été dictée par le cerveau d'une organisation terroristesouligne la morale apparente de l'épisode : au-delà des bonnes intentions, ceux qui protègent le droit des suspects prennent le risque de se rendre complice d'activités terroristes, menant à des situations dramatiques. [...]
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