Un nombre incalculable de faits nous montrent que de l'origine de l'histoire jusqu'à nos jours, la cohabitation culturelle s'est bien souvent ponctuée d'accès réguliers de violence. Qu'on songe ainsi à la barbarie des guerres de religion, ou, aujourd'hui, en France, aux menaces devant de mort pesant sur un professeur de philosophe qui avait expliqué dans le Figaro l'existence d'un lien entre Islam et violence, ce qui avait été perçu comme une provocation même chez les musulmans modérés.
Les hommes qui ainsi se réunissent et forment des sociétés sont-ils véritablement voués à le faire uniquement avec des individus partageant la même culture, appartenant à la même civilisation, pour être en paix ? Ne peut-on pas concevoir pour nos sociétés, qui mettent en présence un nombre grandissant de culture, une unité ?
C'est la question à laquelle on essaiera de répondre, en détaillant d'abord le fond du problème, c'est-à-dire les difficultés à vivre ensemble. Afin de résoudre, ces dernières, on exposera les solutions envisageables ainsi que celles qui ont déjà pu être mises en application. Enfin, on ramènera les controverses sur la possibilité ou non de l'unité à l'opposition entre Fichte et Renan sur l'essence d'une nation, qui met en lumière les conditions de cette possibilité.
[...] Mais à condition que ces cultures soient le moins possible antagonistes, et que la distance civilisationnelle entre les cultures constitutives de la société soit la plus faible possible. À la lumière des exemples que l'histoire peut nous fournir, l'unité d'une société multiculturelle semble limitée à une aire civilisationnelle spécifique, telles qu'elles ont pu être définies par Huntington notamment. Dans le cas d'une société rassemblant des cultures très diverses, on peut en tous cas souhaiter que la volonté de vivre ensemble permette en tous cas à plus ou moins long terme une cohabitation paisible et vertueuse. [...]
[...] L'impossibilité de l'unité n'est pas forcément ce qui pourrait de prime abord apparaître dans une société multiculturelle. Et notamment si on considère dans notre vie quotidienne les éléments culturels qu'on pourrait appeler neutres On entend notamment par là ce qui pourrait toucher au domaine de l'alimentation, de l'attitude ou encore par exemple des formes de politesse. Tous ces éléments ne sont pas sujets à des oppositions violentes et à des prises de position intransigeantes. Il s'agit de ce point de vue d'objets culturels parfaitement neutres, ne mettant pas en danger la cohésion d'une société multiculturelle et participant même à son enrichissement culturel. [...]
[...] Ce dernier explique ainsi que dans le monde de l'après-guerre-froide, ce n'est pas l'idéologie qui entraînera des conflits, mais l'appartenance à une aire culturelle ou une autre. Ne s'allieront que des Etats culturellement proches, tandis que les conflits opposeront bien souvent des nations culturellement distinctes. Comme on l'a précédemment entrevu, il paraît clair que la difficile, voire l'impossible, conciliation des cultures a pour arrière-plan des différences sur le plan religieux. Les religions monothéistes sont ainsi bien installées, et recoupent des aires géographiques relativement précises. [...]
[...] La principale distinction, explique Tönnies, entre une communauté et une société (où les individus se rassemblent par le biais d'un contrat) est précisément cette médiation de l'argent. On pourrait suggérer, à la connaissance de cette théorie, la transformation de la société en une communauté, où sans les liens lâches du contrat qui unit des individus l'unité serait de mise. Néanmoins cela n'est pas envisageable, la notion même de communauté multiculturelle paraît absurde, puisque précisément la communauté se fonde sur une culture commune et spécifique. Or, c'est justement par cette impossibilité de fonder un fonds culturel commun que se distingue la société multiculturelle. [...]
[...] Il semblerait ainsi que le sentiment exaltant de fonder une nouvelle nation n'ait pas suffi à mettre de côté les divergences culturelles. Comment expliquer l'échec de cette tentative d'unité d'une nation multiculturelle ? Il faut premièrement prendre en compte le fait que la société américaine est éminemment capitaliste, individualiste et fondée sur le libéralisme économique. C'est-à-dire que finalement la médiation de l'argent était et est toujours ce qui relie les individus de la société américaine, comme des monades isolées, égoïstes avec pour seul lien entre elles l'argent et pour philosophie celle du capitalisme, c'est-à-dire celle du profit maximum. [...]
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