Cinéma, Communisme, socialisme, Costa Gavras, Eisenstein, Aveu, Cuirassé Potemkine, URSS, Staline, Odessa, Arthur London, mythe.
Le Cuirassé Potemkine, du réalisateur russe S. M. Eisenstein, participe à un mouvement créateur du mythe de la Révolution russe. Son impact sur les sociétés communistes, de la fin des années 1920 à aujourd'hui, est considérable. Cependant, 45 années après sa diffusion, un film vient bouleverser l'image du régime soviétique donnée par Eisenstein : il s'agit de L'Aveu de Costa Gavras. Reprenant le récit autobiographique d'Arthur London, ex-vice-ministre des Affaires étrangères tchécoslovaques, ce film dénonce les dérives meurtrières du stalinisme. L'Aveu décrit le Procès de Prague et le processus de création de traîtres par la torture, mis en place pour justifier les échecs de l'URSS. Par son réalisme, son attachement à la vérité historique mais également par sa volonté de transformer le régime, et non de le détruire, L'Aveu tend à fissurer le mythe créé par Eisenstein.
[...] Ces hommes sont des traîtres et sont condamnés en tant que tels. Les accusés représentent des outils, utilisés par le pouvoir en place pour asservir la population et lui montrer que toute déviance à un prix. Cependant, le rire ramène les Hommes au devant de la scène, il montre leurs faiblesses mais aussi et surtout leur égalité face aux choses de la nature. Car le rire est naturel et spontané. En cela, il s'oppose au procès construit, aux aveux imaginaires, à la justice factice, à l'administration artificielle . [...]
[...] Le sang coule entre ses doigts. Une victime de plus des crimes tsaristes. La femme s'écroule et dans sa chute fatale, pousse le landau déjà en équilibre instable en haut des marches. Le bébé en pleurs est alors entraîné, sous le regard impuissant et terrorisé des témoins de la scène. Le landau dévale l'escalier, au milieu des corps gisants et de la population en fuite. Rien ne semble pouvoir arrêter cette chute infernale. En bas, la cavalerie continue son massacre, alors que les cosaques descendent encore, tirant sur la foule. [...]
[...] Dans ce mouvement même, le cinéma fait illusion. Il est [ ] le seul à faire croire à la beauté du mouvement d'une révolution, il s'établit ainsi à la racine de la séduction et de l'illusion du communisme envisagé des rives historiographiques de la démocratie libéral Elever l'histoire du cuirassé au rang de mythe passe également par l'héroïsation de la masse que réalise Eisenstein. En effet, la masse prolétaire est le seul véritable héros du film. Matiouchenko et Vakoulintchouk servent uniquement de représentants, de catalyseurs de la masse et participent au déroulement du scénario. [...]
[...] Bourreaux et victimes s'esclaffent ensemble. Les soldats abandonnent leur sérieux habituel et rient aux éclats. Seul le juge, dépité, la tête entre les mains, conserve l'expression sévère qui domine son visage depuis le début du procès. Le juge semble alors incarner le système soviétique, froid, sérieux et rigide. Face à lui, l'accusé se met à rigoler. Il tente pourtant de continuer sa récitation, mais sa voix est entrecoupée par ses éclats de rire. Cette scène expose l'absurde de la situation. [...]
[...] Le cinéma de Costa Gavras CinémAction p.62. Michel Marie, jacques AUMONT, Dictionnaire théorique et critique du cinéma, Paris, Armand Colin Cinéma Françoise Navailh, Russie et URSS (1917-1991) Le festin pendant la peste, in Raphaël Muller, Thomas Wieder dir. Cinéma et régimes autoritaires au XXe siècle, Ecrans sous influence, Paris, PUF p Titre original Robin Hood, film d'Allan Dwan datant de 1922, avec Douglas Fairbanks dans le rôle de Robin des Bois. Dans le chapitre 1 de Cinéma et régimes autoritaires au XXe siècle, Ecrans sous influence, Françoise Navailh décrit l'insuccès du Cuirassé Potemkine au sein du bloc Est et comment les chiffres officiels ont pu masquer ce fiasco. [...]
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