Si, selon le mot de Jacques Delors, « on ne tombe pas amoureux du Marché Unique », il n'en est pas de même pour l'Union Européenne ; d'une communauté économique, on passe à une Europe politique, ce qui crée une citoyenneté de fait, avec un contenu affectif d'identification plus fort, mais aussi des exigences étendues. Comment doit-on lire les attitudes politiques que lui révèlent les Euro-baromètres, les consultations électorales, mais aussi les engagements dans les partis et lobbies ou les représentations régionales ? Et comment peut-on y répondre dans la perspective d'une Europe citoyenne au sens large ?
Les évolutions les plus récentes traduisent un relatif niveau d'indifférence pour l'intégration européenne, voire un certain mécontentement. Si, comme le relève Gérard Grunberg, « il y a toutes les chances qu'un cadre très diplômé du parti social-chrétien néerlandais soit nettement plus favorable à la construction européenne qu'un ouvrier non qualifié proche du parti conservateur britannique », l'Europe n'est pas peuplée de cadres néerlandais. Abstentionnisme, rejets, hostilité plus ou moins latente… Qu'est-ce qui ferait gagner à l'Union Européenne un plus grand intérêt de ses citoyens ? Quel modèle remporterait l'adhésion ? Les attitudes politiques révèlent non une opposition au processus d'intégration, mais un défaut d'appropriation du débat par une communauté informée. L'Europe souffre-t-elle de ce que l'on a appelé un « déficit démocratique » ? d'un déficit social ? d'un manque de lisibilité ? d'une faille identitaire ?
Au total, les ancrages sociologiques qui définissent un clivage entre le « haut » et le « bas » des statuts et positions sociales et les systèmes de représentations qui articulent entre elles différentes dimensions des attitudes politiques permettent de mieux baliser et finalement décoder les grandes orientations des opinions des citoyens vis à vis de l'Europe. L'institutionnalisation de l'Europe et son ancrage dans les vies politiques nationales, pourra prendre diverses voies mais ne pourra, en aucun cas, éluder la question de l'adhésion de citoyens pour qui le thème européen active, réveille ou alimente des dispositions d'attitudes profondes et organisées autour de visions « ouvertes » ou « fermées » des sociétés modernes développées, de valeurs politiques et sociales fondamentales.
Un espace public et socio-politique européen ; en quoi cette notion pourrait-elle acquérir un sens ? «L'espace public, c'est un ensemble de personnes privées rassemblées pour discuter des questions d'intérêt commun », selon Habermas. Dans quelle mesure peut-on observer des processus de convergence dans les modes de traitement des problèmes politiques et sociaux, processus susceptibles de constituer des éléments d'une sphère de débat public en gestation ? Poser la question d'un espace public européen : c'est aussi poser la question de l'identité européenne. La citoyenneté européenne peut-elle n'être que l'élargissement à l'Europe de la citoyenneté nationale ou doit-elle être de nature différente ? C'est tout l'effort, mené en particulier par Jürgen Habermas, pour penser une citoyenneté européenne, fondée sur l'adhésion à l'État de droit et aux droits de l'homme (« le patriotisme constitutionnel »), qui soit détachée de l'adhésion à une culture, une langue et une histoire nationales.
[...] A l'état actuel de l'Union Européenne, on admet généralement qu'un tel espace public européen ne s'est pas encore construit. la structuration de forces politiques et socio-économiques Avec l'élection au suffrage universel direct du Parlement européen sont apparues les premières forces politiques à l'échelle européenne ; dès lors, on assiste à une structuration des attitudes politiques vis-à-vis de l'Europe. Les opinions se sont organisées au sein de partis parlementaires ou fédérations de partis ; socialistes, démocrates-chrétiens, libéraux, conservateurs, communistes. Dès lors, au sein du Parlement, mais aussi lors des élections, le débat a tendance à se déplacer des questions nationales aux questions communautaires selon des lignes idéologiques transnationales. [...]
[...] La structure des clivages nationaux et la question de l'intégration dans l'Union européenne. Politique européenne printemps 2001. Gabel (Matthew). European integration, voters and national politics. West European Politics, Octobre 2000, pp. 52-73. Mair (Peter). The limited impact of Europe on national party systems. [...]
[...] Les cultures politiques de l'intégration européenne In : Grunberg G. Perrineau P., Ysmal C. Le vote des Quinze. Paris, Presses de Science Po o L'Europe, pour ou contre ? Les attitudes politiques vis-à-vis de l'Europe sont fortement liées à la formation d'une opinion publique européenne que l'on peut définir autour de l'adhésion et du rejet de la construction européenne. Certes, le premier stade de la construction européenne, se jouant entre élites technocrates et autorités politiques, sur un terrain économique technique, a donné lieu à ce que l'on a pu appeler une attitude assez générale de consensus permissif Mais l'émergence progressive du système politique Union Européenne a donné lieu à un débat toujours plus étendu, toujours plus virulent. [...]
[...] Ces enquêtes qui mesurent deux fois par an les opinions des européens vis à vis de l'Europe, offrent depuis le début des années soixante-dix la possibilité d'analyser le soutien à l'intégration européenne. Il faut alors noter que depuis quelques années, les Européens, dans leur ensemble, se sont montrés moins favorables à la construction européenne et que les indicateurs révèlent à cet égard des tendances de même nature. L'euroscepticisme que mesure l'évolution à la baisse des indicateurs s'est développé depuis le début des années 90, alors que 1990/91 représentait un point encore jamais atteint dans les attitudes favorables à la construction européenne. [...]
[...] Quelles sont les attitudes politiques qu'elle engendre ? place en son centre le citoyen. Au principe de la légitimité du pouvoir, on trouve l'individu citoyen ; il est donc un moteur incontournable de l'union européenne. La citoyenneté est un statut juridique de membre d'un État ou d'une communauté politique, par la naissance ou par la naturalisation. Elle désigne étymologiquement l'appartenance à une cité ou à un État, assortie de droits et de devoirs définis. Qui est juridiquement citoyen en Europe ? [...]
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