L'analyse de ce que l'on appelle « les trois I » mérite un détour par le courant néo-institutionnaliste pour comprendre la genèse et l'apparition nécessaire de cet outil d'analyse des politiques publiques.
Dans les années 1980, les travaux de March et Olsen repensent le rôle de l'Etat dans l'analyse des politiques publiques et donnent naissance au néo-institutionnalisme. Il s'agit d'analyser les politiques publiques du point de vue des institutions, pour comprendre leurs changements ou stabilité, et comment les acteurs sont contraints par ce cadre institutionnel. Trois courants du néo-institutionnalisme semblent s'imposer mais aussi s'opposer : le néo-institutionnalisme historique (IH), le néo-institutionnalisme du choix rationnel (ICR) et le néo-institutionnalisme sociologique (IS).
[...] C'est là que l'analyse en terme de trois I intervient : il s'agit de comprendre la pluralité des variables en action, leur articulation et leur combinaison dans l'action publique menée par l'Etat. Cette analyse en termes de trois I est un raisonnement inductif : il ne s'agit pas de présupposer a priori que telle variable détermine tel ou tel choix, comportement ou politique publique, mais bien de partir de l'observation d'un cas concret, sur le terrain pour savoir laquelle des trois variables est la plus pertinente dans telle ou telle situation. [...]
[...] Conclusion : De l'intérêt du changement de paradigme Le modèle des trois I est donc un outil d'analyse des politiques publiques révélateur des multiples influences et interactions qui président à la décision publique. C'est également une volonté d'aller de l'avant, de sortir des théories néo-institutionnelles, qui se révèlent plutôt sclérosées lors d'un examen en profondeur de leurs présupposés. Adopter et mobiliser les trois I c'est s'abstraire d'une vision des choses stérile pour en rejoindre une plus ouverte et combinant la multiplicité des variables explicatives, c'est ne plus considérer les trois variables comme séparées. [...]
[...] Limites de ce courant et nécessité de croiser les tendances Institutions, intérêts et idées : les trois I peuvent donc être rattachés assez nettement aux trois courants néo-institutionnalistes. Ils révèlent des aspects importants du comportement des individus et sont une tentative d'explication à l'influence des institutions sur les acteurs. Cependant, ces trois courants présentent des différences et des incompatibilités : chacun se veut exclusif et semble appartenir à une école de pensée cloisonnée. Il semble donc bon de croiser les visions et d'observer les politiques publiques de façon plus ouverte et moins stérile, en considérant que les institutions, tout comme les intérêts et les idées sont des variables pertinentes qui entrent en interaction lors du processus de création, mise en œuvre et stabilité ou non desdites politiques publiques. [...]
[...] Ceci pourrait expliquer les différences nationales par exemple : en fonction des idéologies et croyances profondes partagées par tout un peuple, on peut comprendre la naissance et l'orientation de telles ou telles institutions et politiques publiques, à l'orientation conforme aux valeurs communes (pour ne pas être rejetées). Les différences de politiques publiques entre états peuvent donc s'expliquer par le fait que les institutions qui influent sur le comportement des agents sont elles- mêmes conditionnées par des valeurs et visions du monde propres à chaque pays. Un souci de séquençage Malgré l'évidente articulation des dynamiques stratégiques, institutionnelles et intellectuelles, l'analyse des politiques publiques en termes de trois I ne s'arrête pas à ce constat. [...]
[...] Qu'ils soient concurrents ou complémentaires, les intérêts, idées et institutions sont toujours en constante interaction. Du point de vue des idées, cela revient à un simple changement de paradigme. Bibliographie - PALIER Bruno et SUREL Yves, Les trois I et l'analyse de l'Etat en action Revue française de science politique, 55(1) pp. 7-32 - HALL Peter et TAYLOR Rosemary, La science politique et les trois néo-institutionnalismes Revue française de science politique pp. [...]
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