La notion de répertoire d'action collective a été pour la première fois développée par Charles Tilly, dans un article paru en 1984 s'intitulant « Les origines du répertoire de l'action collective contemporaine en France et en Grande-Bretagne ». Il développera le cas de la France de manière beaucoup plus détaillée dans son ouvrage « La France conteste de 1600 à nos jours » paru en 1986.
Né en 1929 Charles Tilly est un sociologue américain renommé qui a fait ses classes à Harvard et à Oxford, et qui enseigne actuellement à l'université de Columbia. Son travail met l'accent sur le changement social et son impact sur les mouvements de contestation, et d'une manière plus large sur les interactions entre politique, économie et société. Il s'inscrit dans la lignée des théoriciens des ressources (Olson, Zald, McCarthy…), qui s'intéressent aux façons dont sont recherchées, activées et pérennisées les ressources pour mettre en œuvre un mouvement de protestation.
[...] Dans les deux cas, le point de rupture intervient au 19e siècle, avec le passage d'un répertoire local et patronné à un répertoire national et autonome. Dans le répertoire ancien, les participants agissent le plus souvent au niveau local, comme membres d'une communauté, à travers un patron qui va exprimer leurs griefs et en s'appropriant les moyens d'action normaux des autorités. Ce répertoire se traduit par des blocages, des invasions de champs et de forêts, des charivaris, l'expulsion d'agents fiscaux, des cortèges festifs, des rassemblements Avec le répertoire suivant, les individus se réunissent plutôt derrière des intérêts divers, lancent des défis directs aux autorités (surtout nationales), utilisent des moyens d'action assez autonomes, présentent des programmes et préfèrent l'action en espace public. [...]
[...] vers un nouveau répertoire ? Pour certains auteurs (Alain Touraine, Pierre Dubois ) de nouvelles formes d'action collective sont apparues au 20e siècle. Pour Tilly ces moyens d'action ont une origine déjà ancienne, la nouveauté étant surtout l'apparition de groupes ou des programmes différents. [...]
[...] Ainsi, Tilly souligne que la mise à disposition du répertoire pour les enjeux électoraux rendit plus aisée son extension à des fins non électorales, étendant ainsi son usage à une gamme plus large de prétendants La nationalisation du pouvoir et de la politique ainsi que l'extension du droit de suffrage ont donc joué un rôle fondamental dans l'installation d'un nouveau répertoire, poussant aux innovations, mais également à la protection et à la réussite de ces innovations. Le changement majeur intervient en Grande-Bretagne en 1832 avec la loi de Réforme qui étend le droit de vote, tandis qu'en France il sera plus tardif puisqu'il faudra attendre 1948 (révolutions du Printemps, suffrage universel) avec une transition jusqu'en 1860. Tilly note aussi qu'il y a eu des causes plus particulières d'évolution du répertoire, propres à chaque pays. [...]
[...] Il consacre la dimension politique introduite dans ce courant par Anthony Obershall. l'émergence d'un répertoire renouvelé et original Dans son article paru en 1984, Charles Tilly analyse les grandes transformations de l'action collective au fil du temps, en prenant l'exemple de la France et de la Grande-Bretagne. Il sélectionne pour la France 8 conflits représentatifs de 1682 à 1982 qui vont lui servir de sondage exploratoire Ces événements qui peuvent paraître anecdotiques et hétérodoxes ont pourtant une caractéristique commune, puisqu'ils appartiennent aux moyens établis que certains groupes utilisaient afin d'avancer ou de défendre leurs intérêts et illustrent l'évolution du répertoire d'action collective du 17e siècle au 20e siècle. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture