Sur le plan scientifique, ce terme a reçu sa légitimation première grâce à la publication en 1949 d'un débat du Centre d'Etudes Sociologiques se penchant sur la question de la place des techniciens dans les sociétés, ce débat recevant le titre Industrialisation et technocratie. Sur le plan populaire, la diffusion de ce terme a suivi la spécialisation rapide des savoirs et des activités, donnant lieu à la critique d'une bureaucratie omnipotente et de l'influence croissante des techniciens et des experts dans le système politique (auprès des ministères ou des assemblées législatives, compte tenu du nombre et de la complexité des dossiers). Cette critique est couramment utilisée pour stigmatiser les institutions qui incarnent la bureaucratie telles l'ENA (énarchie) ou la Commission européenne (consultocratie).
[...] L'intervention politique des experts Bien que le recours à l'expertise se soit beaucoup développé depuis le début du XXe siècle, il faut rappeler qu'il reste rare que les experts prennent les décisions finales concernant les politiques publiques. Une vigilance collective à l'égard du fragile équilibre entre l'expert et le politique n'est pas totalement injustifiée, comme l'a illustré l'affaire de la distribution du sang contaminé par le virus HIV à des hémophiles. Cependant, les experts restent le plus souvent de simples intermédiaires dans les décisions politiques. Bibliographie A. Akoun, P. Ansart, Dictionnaire de sociologie L. Daménie, La technocratie, carrefour de la subversion S. [...]
[...] Une définition de la technocratie Selon Luc Rouban, il n'existe pas une seule définition du technocrate puisqu'elle reste étroitement conditionnée par l'image ou la fonction que l'on souhaite attribuer à cette figure. Cependant, il peut être considéré que le passage de la fonction technique à la technocratie s'accomplit quand le technicien, en tant que tel, acquiert la capacité de décider ou détermine, de manière prépondérante, les choix du responsable officiel (J. Meynaud, Les techniciens et le pouvoir Revue française de sciences politiques, 1957). [...]
[...] III/ La technocratie et le dessaisissement du politique Le pouvoir politique menacé De nos jours, la technocratie est régulièrement dénoncée comme une menace induisant un dessaisissement du politique. A la fin des années cinquante, Jean Meynaud affirmait déjà que les hommes politiques n'ont pas à être des experts. Et les experts n'ont pas à bénéficier du pouvoir de décision La technocratie est antidémocratique, car le technocrate n'a pas reçu son pouvoir du peuple et n'a de ce fait que peu de légitimité. Bref, le technocrate, c'est celui qu'on n'aime pas (G. Larochelle). [...]
[...] Qui sont les technocrates, qu'est-ce que la technocratie ? Les figures du technocrate (selon Luc Rouban) La thèse de la technocratie envahissante est devenue l'expression d'une ingouvernabilité générale. Elle reste donc très ambiguë car elle repose sur des clichés et est de ce fait porteuse de critiques tout à fait contradictoires, notamment en France. Le technocrate est un oligarque : ce thème, sans doute le plus ancien, consiste à dénoncer la force des réseaux de la haute fonction publique ayant tendance à pervertir les décisions politiques. [...]
[...] Ansart, Dictionnaire de sociologie, 1999). A noter que cette définition est à relier à l'étymologie du mot : du grec tekhnê (métier) et kratos (pouvoir, autorité). II/ Les racines historiques de la technocratie L'origine de la technocratie Ce terme trouverait son origine dans le Mouvement technocratique groupe créé aux Etats-Unis en 1920. Il désignait alors un système d'organisation de la vie économique inspiré des schémas rationnels des sciences physiques Composé principalement de savants et d'ingénieurs, ce groupe se rapprochait d'autres mouvements technocratiques tels que X-crise en France (qui appartenait au courant du planisme). [...]
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