La notion de « state building » - qui signifie littéralement la construction, l'édification d'Etat(s) - décrit le déploiement de mécanismes internationaux de régulation censés restaurer la souveraineté d'Etats en déliquescence (« failed states » ou « collapsed states. ») En effet, depuis les dernières décennies, la faiblesse d'un certain nombre d'Etats est considérée comme un facteur de déstabilisation de l'ordre international ; cette donnée est donc désormais prise en considération dans l'élaboration des politiques de sécurité globale.
[...] Le retour du state building est étroitement lié à l'accroissement de l'attention portée au respect des droits de l'homme et des normes humanitaires et de gouvernance. Ainsi, on voit une extension de l'agenda sécuritaire international et des interprétations relatives à la notion de menace contre la paix, rupture de la paix ou acte d'agression selon l'article 39 de la Charte des Nations unies, qui est à la base de l'action du Conseil de sécurité de l'ONU et du recours à des actions coercitives sous le Chapitre VII. [...]
[...] Créer une démocratie stable est une tâche complexe, difficile et qui demande un engagement de long terme. Des questions se posent alors si des objectifs moins ambitieux de state building, tels que d'assurer qu'un minimum de normes soient respectées, ou simplement faire la paix dans un territoire instable, mais qui faillent le projet ambitieux qu'est l'instauration d'une démocratie libérale, ne doivent être poursuivis du point de vue de ce qui peut réellement être accompli. L'environnement dans lequel de futures décisions sur des missions de state building a été altéré par la guerre contre le terrorisme des USA et l'invasion controversée et réfractaire de l'Irak. [...]
[...] Il n'était question que d'« échec et de faillite de l'Etat (failed states, collapsed states). L'utilisation de ces termes par les intervenants extérieurs révèle un renversement de perspectives au regard des approches traditionnelles des questions de sécurité : la guerre (ou la menace contre la paix et [ ] la sécurité internationale ne naît plus de la puissance des Etats mais de leur faiblesse Une application sélective Ce nouvel interventionnisme est caractérisé par une application sélective. Ainsi, une intervention est décidée au Kosovo et au Timor oriental mais pas en Tchétchénie, en Palestine, au Tibet ou au Cachemire. [...]
[...] Plus récemment, le state building a été critiqué sur le fait que les interventions sont délibérément prolongées pour causer des dégâts supplémentaires que ce qui est nécessaire à l'infrastructure de l'adversaire. Ce faisant, des opportunités apparaissent qui pourraient être exploitées par des corporations privées (telles que Haliburton, Bechtel et Blackwater considérées d'avoir profité de la situation en Irak d'après guerre) Les défis du state-building Il existe peu de clarté par rapport au type d'Etats qui sont (re)construits. Bien qu'il soit rarement explicitement déclaré, il est supposé que ces Etats doivent prendre la forme de démocraties libérales. [...]
[...] Résultats contestables des efforts de state building 1. Le state building - un projet vital mais malheureux Le projet de state building est souvent présenté comme étant malheureux à la base, comme un exercice vital mais dont on ne peut espérer que peu de résultats. Peu de commentateurs affirmeront que les politiques menées en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo, au Timor Oriental, en Afghanistan ou en Irak doivent être reproduites sur une base élargie. Par exemple, Francis Fukuyama estime que, jusqu'à présent du moins, les initiatives prises dans le domaine du state building ont davantage oeuvré à détruire les capacités des institutions étatiques que pour les construire, en créant une culture de la dépendance plutôt que des institutions indigènes autonomes. [...]
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