La représentation proportionnelle (RP) ou la recherche d'une représentativité juste

Résumé du document

La représentation proportionnelle (RP) ou la recherche d'une représentativité juste, fiche technique de science politique de 9 pages



Qui voulons-nous comme représentants, qui voulons-nous comme gouvernants ? Doivent-ils représenter nos opinions ou nos intérêts ? Doivent-ils être au plus près de nous ? Cherchons-nous des élus qui nous ressemblent ou les meilleurs d'entre nous ? L'assemblée doit-elle être le reflet de la société française ?

Extraits

[...] Soient 100 sièges à pourvoir pour électeurs, il suffirait que les électeurs d'une même opinion constituent un groupe de individus, ceux- ci auraient alors droit a 1 siège. Il existe alors une unanimité au sein de chaque groupe d'électeurs et les minorités sont assurées d'être représentées. John Stuart MILL : Avec la représentation proportionnelle, la représentation devient vraiment égale. Chaque membre du parlement est le député d'un corps électoral unanime. Personne n'est représenté, ou plutôt mal représenté par quelqu'un contre qui il a voté. [...]

[...] En conclusion, la RP est abandonnée d'autant plus facilement qu'elle renforce l'émiettement de l'offre politique. Elle l'atomise même au point que pour dégager une majorité, il faut souvent avoir recours à des combinaisons, des accords politiques qui dénaturent la portée du vote de chaque citoyen. Exemple, le parti de son choix pourrait s'allier avec une formation politique dont il désapprouve l'action. La souveraineté du corps électoral serait transférée de fait aux états-majors des partis politiques, grands et petits. On ne saurait en effet négliger la capacité de nuisance de certains mouvements, qui bien que très minoritaires, deviennent mécaniquement incontournables. [...]

[...] Le débat est si intense, on en parle tellement que la représentation proportionnelle devient un sigle : R. P., on est alors erpéiste ou anti- erpéiste. Cet intérêt grandissant pour la RP ne fait pas de la France un cas isolé, car c'est également une préoccupation dans toutes les démocraties du moment Suisse, EU, Belgique, Danemark, Italie). Pour comprendre cette préoccupation démocratique qui fait suite à l'avènement du SU, on peut citer Louis BLANC (1864) : [Louis BLANC, journaliste, pamphlétaire (contre la monarchie de juillet), socialiste hostile à la Commune, député en 1848, exilé peu de temps après, il revient en 1870, élu de nouveau il siège à l'extrême gauche de la chambre des députés.] Là où il n'y a pas égalité de représentation, on peut poser hardiment en fait qu'il n'y a pas de démocratie, c'est l'égalité ; et partout où les minorités risquent d'être étouffées, partout où elles n'ont pas leur influence proportionnelle sur la direction des affaires publiques, le gouvernement n'est au fond qu'un gouvernement de privilège, au profit du plus grand nombre. [...]

[...] La représentation proportionnelle en question La question de la représentativité nous pousse à poser une multitude de questions. Qui voulons-nous comme représentants, qui voulons-nous comme gouvernants ? Doivent-ils représenter nos opinions ou nos intérêts ? Doivent-ils être au plus près de nous ? Cherchons-nous des élus qui nous ressemblent ou les meilleurs d'entre nous ? L'assemblée doit-elle être le reflet de la société française ? En d'autres termes, doit-on privilégier l'égalité quantitative (chacune des voix compte dans un grand tout) ou l'égalité qualitative (dans laquelle les particularismes sociologiques les plus pertinents seront représentés). [...]

[...] Si tel est le cas, le résultat des élections peut être comparé à une photographie instantanée de toute la palette politique française dans laquelle toutes les sensibilités seraient représentées. L'assemblée élue serait donc l'image réduite de la nation. MIRABEAU esquisse déjà, en 1789, ce qui sera le scrutin proportionnel La représentation que nous proposons serait un extrait parfait du corps du peuple ; un extrait ayant toutes les parties, et, s'il est permis de parler ainsi, tous les compartiments qui en forment l'organisation. Ce serait la nation elle-même, la nation vivante, réduite à une petite échelle. [...]