La sociologie du sport est une étude récente. Envisagée dans une perspective de changement social, N. Elias et E. Dunning l'analysent dans Sport et civilisation, la violence maîtrisée. Ce livre, qui est une succession d'articles, s'attache à retracer le parcours des activités dites sportives. Mêlant les notions d'histoire et de société, Elias et Dunning s'engagent à établir la sociogenèse du sport. Fait remarquablement nouveau, ils décrivent ce mouvement comme discontinu et non universaliste : le sport ne naît en Grande Bretagne qu'au XVIIIe siècle. En parallèle les formes antérieures d'activités « sportives » sont donc à distinguer. Il faut donc réussir à dissocier les périodes ainsi qu'à en dégager une analyse de l'évolution de la société. En quoi l'invention et l'histoire du sport sont-elles liées aux transformations des rapports entre corps, politique et société ?
A travers la lecture des différents chapitres de l'ouvrage, nous verrons dans une première partie que le sport créé une transformation du processus de civilisation. Dans une deuxième partie, nous étudierons le sport comme un territoire qui fut longtemps dédiée à la maîtrise de la violence, nous en analyserons donc son évolution. Enfin pour terminer, nous chercherons à montrer que le sport développe un ethos qui lui est propre.
[...] L'histoire et la transformation de la vision du corps, de la société et de la structure politique est donc le facteur premier de la naissance du sport. Cette étude nous montre donc qu'il ne faut pas avoir du sport une conception universalisante et qu'il y a une discontinuité distinguant deux périodes de jeux (les traditionnels et les modernes). Le sport doit être perçu comme un processus de civilisation : remettant en question la société, créé à partir d'un contexte politique particulier et innovant sur la pratique corporelle. [...]
[...] Les manifestations sportives que sont les jeux grecs montrent une surreprésentation de la violence autorisée. Cette violence était donc une idéologie véhiculée par tous les groupes sociaux. Elias prend l'exemple de la lutte et montre que les règles s'appuyaient auparavant sur un degré bien supérieur de violence, la victoire se faisant non en mettant un adversaire au sol mais en lui cassant un membre, voire en allant jusqu'à sa mort. Des pratiques comme celles-ci semblent aujourd'hui impensables ! Le corps était donc beaucoup plus mis en scène. [...]
[...] Ce sport dont la connaissance et les règles ne peuvent être comprises qu'en Angleterre, a pour acteur principal, non le chasseur mais la meute de chien et le renard, animal précis à chasser, où le plaisir ne réside pas dans le fait de tuer et de manger l'animal mais plutôt dans la configuration que les acteurs peuvent prendre entre eux. Les chasseurs font donc tous types de remarques parlant de la stratégie employée par le renard etc. le plaisir est donc purement visuel. La violence n'est pas l'accessoire premier du jeu. Cette conséquence est due à une véritable transformation du contexte politique. Cependant une conséquence majeure de l'abaissement de la violence dans le sport est une nouvelle forme de création de violence par le biais des spectateurs. [...]
[...] Les jeux servent donc de modèles pour expliquer la relation entre les activités de loisirs et celles de non-loisirs. En effet la fonction des acteurs eux- mêmes et d'autrui n'est pas la même. Le sport a également une fonction cathartique (selon Aristote) puisque les émotions doivent être suscitées dans un cadre défini au préalable. En effet des règles sont donc ainsi mise en place pour que le spectateur puisse être dans un état d'excitation. Dans le chapitre Elias étudie le bon exemple du football. [...]
[...] Désormais l'éthique repose plus sur la loyauté : il n'y a plus d'importance des jugements moraux d'autrui, mais une compétence physique mais qui peut être aussi stratégique, logique etc. à mettre en valeur. Le jeu est pris pour le jeu et ne doit pas être envisagé que dans le cadre d'une compétition relative n'incluant pas une caractéristique sociale. Il y a donc une évolution et une transformation de la conception du corps et donc des pratiques corporelles. La société développe une violence maîtrisée qui est perçue par l'ensemble de la société. Au fur et à mesure se développe donc un ethos sportif particulier. [...]
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