La Révolution est perçue dans l'imaginaire collectif comme une rupture. Pour autant ce concept doit être relativisé au regard des réalités historiques. Dès la fin du XVIIème siècle, des évolutions sociopolitiques ont silencieusement mais profondément préparé les évènements révolutionnaires. Avec la création d'une administration centralisée s'instaure une nouvelle conception de l'autorité et de l'espace territorial, ce qui contribue à l'effacement des structures féodales. Les instruments administratifs alors inventés sont ensuite employés durant les épisodes révolutionnaires, particulièrement lors de la Terreur. Cette thèse a été formulée dès 1846 par Tocqueville. Dans L'Ancien Régime et le Révolution, l‘observateur de la démocratie s'évertue à retrouver les causes d'évènements qu'il perçoit comme inévitables. La formation d'une administration centrale valide-t-elle cette proposition : la Révolution est « sortie d'elle-même de ce qui la précède » ?
Les principes organisationnels de la centralité administrative ont été posés dès l'Ancien Régime. Pour autant, ce sont les conséquences idéologiques de cette évolution qui constituent une évolution significative.
[...] Tocqueville souligne en effet les imperfections de la centralisation administrative -faiblesse et lenteurs. Or cette évolution modifie les comportements. La noblesse, divertie par des charges honorifiques, tend à se désintéresser de la gestion du territoire. Ce déclin profite au nouveau corps administratif. Celui-ci incarne la modernité gestionnaire et participe à la montée de la bourgeoisie[3].Durant la deuxième moitié du XVIIIème siècle, les anciens instruments du pouvoir royal se font alors pourfendeurs des Lumières. La citation de Tocqueville prend tout son sens : la centralisation administrative constitue une étape décisive vers la Révolution puisqu'elle transforme les mœurs en termes de gestion du territoire et d'attribution du pouvoir. [...]
[...] En quoi l'idée d'une centralisation administrative constitue-t-elle une continuité entre Ancien Régime et Révolution ? La Révolution est perçue dans l'imaginaire collectif comme une rupture. Pour autant ce concept doit être relativisé au regard des réalités historiques. Dès la fin du XVIIème siècle, des évolutions sociopolitiques ont silencieusement mais profondément préparé les évènements révolutionnaires. Avec la création d'une administration centralisée s'instaure une nouvelle conception de l'autorité et de l'espace territorial, ce qui contribue à l'effacement des structures féodales. Les instruments administratifs alors inventés sont ensuite employés durant les épisodes révolutionnaires, particulièrement lors de la Terreur. [...]
[...] Dès lors, la centralisation a été la source d'un double autoritaire : monarchie absolue puis Terreur. La France demeure marquée par la tradition jacobine, aujourd'hui compatible avec la démocratie. Ainsi, depuis l'instauration de la République, des systèmes de contrôle garantissent contre la force d'un tel appareil. Or ne peut-on pas considérer que les opérations de décentralisation entamées depuis 1982 sont le meilleur garant d'une démocratisation de l'exercice du pouvoir politique ? L'Ancien Régime et la Révolution, Alexis de TOCQUEVILLE Louis XIV réinstaure l'hérédité des charges, par paiement de la paulette redevance inventée en 1604 par Charles Paulet. [...]
[...] Est souverain celui qui possède également la capacité de prise de décision. La souveraineté se comprend comme pouvoir d'édiction et d'exécution du droit. La suppression des corps intermédiaires par Louis XIV tend à rendre ce pouvoir effectif. La souveraineté bodinienne fournit ainsi la base idéologique de la monarchie de droit divin. Cependant la traduction administrative qui en a été donnée par Louis XIV suit une orientation particulière : l'absence de contrôle de ce pouvoir marque une évolution vers la monarchie absolue. [...]
[...] Le Conseil est également habilité à juger les conflits engageant l'administration, ce qui en fait l'ancêtre de l'actuel Conseil d'Etat. Il combine donc des fonctions législatives et judiciaires. Précisons que le Conseil se définit comme un organe très resserré de prise de décision, l'accès en ayant été limité aux seuls ministres et secrétaires d'état. Son pouvoir n'en est que plus considérable. Le Conseil constitue le cœur d'un système très centralisé. A l'échelle du territoire, Louis XIV transforme le système de gouvernance afin d'asseoir son autorité. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture