Au XVIème siècle, la remise en cause des pratiques et des croyances catholiques a conduit à la scission de l'Eglise romaine catholique et des Eglises protestantes, sous l'influence de Luther et Calvin. La simultanéité de la Réforme protestante et de la renaissance en Europe peut faire considérer le protestantisme comme une réaction politique à l'absurdité du monde chrétien et, dès lors, le définir par son modernisme. Par ailleurs, la thèse développée par Max Weber dans L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme établit un lien entre une culture des représentations protestantes et les mentalités ayant favorisé l'essor du capitalisme.
[...] Dès le milieu du 18ème, apparaît un nouveau protestantisme, produit et facteur de modernité politique. La difficile mise en place du protestantisme dans certains Etats catholiques inspire en grande partie aux lumières l'idée de pluralisme et de tolérance, lequel devient un idéal de vie en société. La tolérance religieuse doit donc passer par une séparation des domaines de l'Eglise (le salut de l'âme) et de l'Etat (la conservation de la propriété ou de la tranquillité). Les protestants acceptent alors l'existence d'un monde séculier développé en parallèle à l'autorité de l'Eglise. [...]
[...] Considérer le protestantisme comme une abstraction homogène relève donc de la vulgarisation. Quoi qu'il en soit, les études sur le sujet semblent s'accorder sur le fait qu'on ne peut pas opposer un protestantisme porteur de modernité à un catholicisme conservateur, particulièrement à l'heure de la réforme. De plus, de nombreux éléments de la modernité politique sont indépendants de l'évolution protestante. Enfin, la question de la pérennité d'un hypothétique message de modernité politique du protestantisme mérite d'être posée, à l'heure d'une politique américaine, souvent jugée comme un protestantisme trop conservateur. [...]
[...] On entend ici par modernité la volonté de faire prévaloir la raison comme principale norme sociale, basé sur des mécanismes politiques et institutionnelle indépendant des particularismes. Dès lors, la réforme protestante a-t-elle été un changement majeur de l'organisation politique des civilisations occidentales ? Et si oui, le protestantisme est il lié par essence à une volonté de modernité politique ? Seront étudiés successivement les périodes de la réforme protestante comme volonté de briser l'ordre ancien, puis l'évolution du protestantisme moderne établissant des principes liés directement à la modernisation politique. I. [...]
[...] Une réforme protestante divisée, et peu porteuse de modernisme politique. L'Histoire du protestantisme montre que ce-dernier est en réalité né d'une volonté politique, celle de protester contre l'organisation catholique établie. En réalité, on ne saurait parler d'un modernisme politique de la réforme, sans différencier Luthéranisme et Calvinisme, dont les portées politiques sont très opposables. Le calvinisme (fort de sa lutte pour l'indépendance de Genève) entend s'inscrire dans le mouvement de modernisation politique et économique de la renaissance et s'approprier le principe démocratique et le libéralisme politique, en vertu d'une nouvelle morale chrétienne. [...]
[...] Le néo-protestantisme (c'est-à-dire le protestantisme moderne est alors un produit de la modernité plus qu'un facteur. La culture politique moderne n'a donc certainement pas été inventée par le protestantisme, lequel y au mieux, participé de manière hétérogène. Dès lors, il y a plusieurs façons pour un protestant de concevoir l'engagement politique. Outre la passivité, on distingue un radicalisme protestant (qui peut être progressiste ou conservateur) lié à une éthique d'engagement sociopolitique, et une éthique de responsabilité, qui désigne l'homme comme intendant des choses du monde. [...]
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