Les populismes russe et américain du XIXe se sont définis eux-mêmes comme populistes, ce qui constitue un véritable enjeu de la modernisation politique, car si la notion de peuple apparaît bien au XIXe siècle, celui-ci ne gouverne jamais au cours du siècle. Dans le cas de ces deux populismes, le mot peuple est une synecdoque, puisque le peuple est identifié aux paysans.
En Russie, où les 80% de la population sont des paysans à l'aube du 20e siècle, le populisme naît dans les années 1860, et se développe à travers l'intelligentsia, en opposition au tsarisme, et dans un sens réformiste et progressiste qui en fait un socialisme humaniste et idéaliste. Le populisme américain, qui naît dans les années 1880, se construit quant à lui essentiellement autour des fermiers de l'Ouest, en réaction au capitalisme et aux « puissances de l'argent » qui le caractérisent : compagnies de chemins de fer, banques... mais également dans un but réformiste et démocratique.
[...] Ainsi, face à la réalité d'un monde paysan violent et hostile aux élites, le mouvement populiste russe bascula dans la radicalité du terrorisme, dérive que le mouvement américain ne rencontra pas. En effet l'action populiste américaine fut essentiellement politique. Elle s'est d'abord faite à travers les Granges (associations mi- professionnelles mi-politiques ) puis avec les Alliances (organisations plus militantes) qui tentèrent en vain de faire adopter leurs revendications aux partis politiques. Devant cet échec les populistes créèrent en 1890 le Parti du peuple,dont l'objectif était de «remettre le gouvernement de la République aux mains des simples gens»,et qui cristallisa le mécontentement rural. [...]
[...] L'un mené par l'intelligentsia russe idéaliste porte les prémices du socialisme tandis que l'autre qui venait du peuple lui-même s'est fondé en réaction à la modernisation. Malgré l'échec des méthodes pacifistes puis terroristes du mouvement populiste russe celui-ci ouvrit la voie au socialisme tandis que le mouvement américain dont le parti politique aura été victime de son manque d'envergure vu nombre de ses idées reprises par les mouvements progressistes . Ainsi, le populisme, cristallisant à la fin du XIXe siècle les mutations de la société et particulièrement du monde rural, n'aura pas véritablement échoué dans ses objectifs. [...]
[...] Aux Etats-Unis les Farmers avaient une représentation idéalisée de la nation et de l'identité américaine dont ils pensaient être le coeur d'où leur opposition à l'immigration et leurs critiques des pouvoirs de l'argent. Seul le "petit peuple" méritait les richesses du pays. Le mouvement populiste exalta donc le travail manuel et l'éthique protestante qui lui est associée, mais aussi l'égalité sociale et politique, et célébra l'enracinement terrien. Ce messianisme patriotique fût partagé par la Russie, où l'intelligentsia pensait que son devoir était de faire prendre conscience au peuple paysan de ses intérêts réels, et de protéger la terre contre l'industrialisation et le capitalisme. [...]
[...] Dans le cas de ces deux populismes, le mot peuple est une synecdoque, puisque le peuple est identifié aux paysans. En Russie, où les 80% de la population sont paysannes à l'aune du 20e siècle,le populisme naît dans les années 1860,et se développe à travers l'intelligentsia,en opposition au tsarisme et dans un sens réformiste et progressiste qui en fait un socialisme humaniste et idéaliste. Le populisme américain, qui naît dans les années 1880, se construit quant à lui essentiellement autour des fermiers de l'Ouest,en réaction au capitalisme et aux «puissances de l'argent» qui le caractérisent :compagnies de chemins de fer,banques.,mais également dans un but réformiste et démocratique Par leurs revendications, leur rapport à la modernité, à la mystique politique mais aussi leurs modes d'action et leur intégration au système politique, ces deux mouvements ont contribué à faire évoluer le monde paysan de la fin du XIXe siècle. [...]
[...] Ainsi, le populisme russe, dont Herzen est le père spirituel, n'aspirait pas à bloquer tout changement, mais à faire une modernisation spécifique, qui ferait l'économie de la bourgeoisie et du capitalisme pour passer directement au socialisme. A l'inverse, le mouvement populiste américain, qui s'est construit autour des Farmers de l'Ouest, se fit en réaction à la modernisation et au développement du capitalisme, qui créait dettes et inégalités. Ainsi les Farmers ciblèrent deux ennemis précis selon eux symbole de cette modernisation injuste. [...]
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