Les politiques mémorielles.

Résumé du document

Une politique mémorielle suppose que le politique instrumentalise une mémoire individuelle et fonde une mémoire collective particulière en s'appuyant sur des souvenirs nationaux communs, et qui tend vers une certaine unification des mémoires. Cette prise en charge par l'Etat du passé (de l'histoire) s'est beaucoup développée avec l'émergence de l'Etat Nation, et notamment pendant l'entre deux guerres1. Le politique, par plusieurs biais, s'arroge le droit de façonner en partie nos souvenirs, en usant par exemple de rites commémoratifs, en dessinant un certain espace (plaques commémoratives aux morts de la 1ère guerre mondiale, nom des rues et des stations de métro), en faisant naître un certain calendrier (célébration de certains événements par les jours fériés), mais aussi de façon plus brutale en produisant des lois dites mémorielles. L'intervention de l'Etat dans l'histoire se fait donc à plusieurs niveaux: les rites commémoratifs, les injonctions d'Etat à caractère prescriptif et qui utilise en particulier le ministère de l'éducation ou encore de façon plus absolue à travers des lois.

Extraits

[...] Les lois mémorielles permettent de lutter contre le racisme et le négationnisme. L'idée du Président que chaque élève de CM2 porte la mémoire d'un enfant juif (français) mort dans un camps de concentration est brillante, elle contribue au devoir de mémoires «Ces enfants auront échapper à l'immense poubelle de l'histoire; ils seront redevenus des acteurs de l'histoire». - Arménie: loi contre le génocide, cet article est extrait du Monde, et écrit par Bernard-Henri Lévy, le 2 février 2007. Pour lui, ces lois n'écrivent pas l'histoire car l'histoire est déjà écrite et que les génocides juifs et arméniens ont été plus que démontrés, prouvés, elles permettent seulement d'empêcher la négation de l'histoire. [...]

[...] De la même façon, les manuels scolaires modifient la vérité au profit d'une vérité partielle, seul le côté répressif de la colonisation est étudiée, les Français sont uniquement nommés sous les termes de ‘colons' ou de ‘militaires'. L'ancienne communauté juive n'est même pas mentionnée. La légende dorée des harkis en France s'oppose à celle très noire qui est la leur en Algérie. La mémoire est manipulée de la même façon par le politique, toutes deux conduisant à des trous mémoriels et à une réécriture de l'Histoire. [...]

[...] l'historien et le juriste contre le politique. Depuis la loi Gayssot, c'est à dire la loi qui fait de la négation de la Shoa un crime punissable par la justice, d'autres lois mémorielles ont suivi, celle sur le génocide arménien en 2001, et enfin la loi Taubira la même année sur l'esclavage et la traite. Nombreux historiens et même des juristes se rebellent contre cette intrusion du politique dans leurs domaines de compétence, qu'ils sentent menacés. Pour éclairer ce point nous nous pencherons principalement sur trois articles extraits du monde. [...]

[...] Quand le politique joue avec l'histoire, cela présente de nombreux dangers. L'article: La guerre d'Algérie et la culture de la mémoire de Henry Rousso, publié dans le Monde le 5 avril 2002, propose la même vision que Nora, il explique aussi en partie la non résolution de la bataille des mémoires par le fait qu'il y ait une forte minorité algérienne (ou d'origine algérienne) sur le sol Français. A la différence de la Shoa, où il y avait une unicité de la figure du bourreau, dans ce cas de figure, chaque camp se renvoie la responsabilité des souffrances endurées. [...]

[...] Qu'est ce que cela nous dit du politique ? Quel est le risque pour la mémoire individuelle d'être ainsi façonnée ? . I. les politiques mémorielles, enjeu de conflit entre deux états Dans cette partie, nous évoquerons principalement le livre de Stora, La guerre des mémoires, qui évoque le bataille entre la France et l'Algérie pour fonder ensemble une mémoire commune sur la guerre d'Algérie, deux mémoires nationales s'opposent alors. Son livre fait écho notamment à d'autres de ses livres, comme la Gangrène et l'oubli, il se présente sous la forme d'une interview. [...]