"Penser l'événement" de H. Arendt

Résumé du document

On peut à première vue penser que ce deuxième objectif, proprement journalistique, n'est pas privilégié par la philosophe. Les reportages ne sont pas nombreux, et les erreurs faciles peuvent faire penser que l'auteur suit d'abord le cheminement de sa pensée avant de manifester une curiosité parfaitement ouverte aux faits. D'ailleurs, on remarque que l'actualité commentée n'est jamais chaude mais plutôt structurelle et l'événement est prétexte pour Arendt à l'analyse sur le long terme.
Nous verrons pourtant que l'auteur développait une conception de l'événement qui la mettait en position d'humilité et de rejet de toute explication scientifique définitive. Penser l'événement pour Arendt, est avant tout un acte politique, non un acte philosophique...

Extraits

[...] Enfin elle s'élève contre la mise en place d'une partition qui ne sera jamais pour elle qu'une phase provisoire entre deux guerres. La seule solution qui n'est au moment où elle écrit pas envisageable est la mise en place d'un "Etat fédératif". II- L'analyse des Etats-Unis et des sociétés de masse Dans la troisième partie, L'Amérique du McCarthysme et l'équilibre de la terreur, les articles traitent à travers l'étude de l'Amérique dans le monde, de la conception philosophique de Arendt des sociétés d'après- guerre, et surtout de la position de l'Etat-Nation. [...]

[...] On peut à première vue penser que ce deuxième objectif, proprement journalistique, n'est pas privilégié par la philosophe. Les reportages ne sont pas nombreux, et les erreurs faciles peuvent faire penser que l'auteur suit d'abord le cheminement de sa pensée avant de manifester une curiosité parfaitement ouverte aux faits. D'ailleurs, on remarque que l'actualité commentée n'est jamais chaude mais plutôt structurelle et l'événement est prétexte pour Arendt à l'analyse sur le long terme. Nous verrons pourtant que l'auteur développait une conception de l'événement qui la mettait en position d'humilité et de rejet de toute explication scientifique définitive. [...]

[...] On ne peut lire Penser l'événement comme on lirait les articles de n'importe quel journaliste, où la signature n'est que la marque d'une subjectivité réduite, contenue mais assumée. Lire un article de Hannah Arendt signifie déjà accéder à une pensée philosophique extrêmement construite même si en perpétuel aboutissement. Le recueil est composé de 15 articles publiés de 1945 à 1975, regroupés dans quatre parties thématiques. Lorsque elle écrit le premier article, "La culpabilité organisée", en 1944, Hannah Arendt a 38 ans, elle a reçu à l'université de Marbourg l'enseignement de Martin Heidegger, à l'université de Fribourg celui de Husserl, est amie de Karl Jasper et a écrit en 1929 sa thèse sur Le concept d'amour chez Augustin. [...]

[...] En effet, le régime totalitaire, par l'installation de la terreur, fini de désintégrer les sociétés, d'isoler les individus en les rendant parfaitement dépendants du régime, dans un "expérience absolue de non-appartenance au monde" (Le système du totalitarisme, p226). L'individu éprouve la désolation, qui est le degré au- dessus de l'isolation et n'est plus que l'instrument et la partie essentiellement exécutante "d'un homme unique aux dimensions gigantesques" que veut bâtir le régime totalitaire (Le ST, p211). Appliquée à l'Allemagne, cette conception permet à Arendt de montrer la difficulté de discerner les attitudes résistantes des faits proprement criminels, tant le nazisme a fait disparaître toute individualité. Le jugement n'est plus possible en dehors d'un jugement global. [...]

[...] Arrêtée par la Gestapo, elle en réchappe miraculeusement et elle se réfugie en France en 1933 où elle collabore avec des organisations sionistes et facilite le départ d'enfants juifs vers la Palestine. Après des séjours dans le kibboutz, elle revient émerveillée mais préoccupée par l'aveuglement des sionistes vis à vis de la question Arabe. Internée en 1940 dans le camp de Gurs, elle s'évade pour s'exiler aux Etats-Unis en 1941.En 1952, elle s'affirme contre la politique de l'état hébreux après les massacres de Kybia. Les articles qui nous occupent retrace donc l'évolution d'une pensée politique. [...]