Le génocide Juif perpétré par l'Allemagne nazie se déroule paradoxalement dans un système de pensée européen où la modernité est vue comme définitivement acquise à la civilisation des mœurs, par la pacification des rapports humains et l'avènement du progrès scientifique qu'elle induit. Idée forte depuis les philosophes des Lumières, la pensée moderne place l'individu rationnel au centre de l'organisation du monde. S'en suit la conception de la démocratie libérale et de la politique tel que nous l'entendons aujourd'hui. Mais l'avènement du régime hitlérien, et l'entreprise d'élimination de l'individu moderne couplé à la folie criminelle caractérisant la Shoah, entre en conflit direct avec les fondements de la civilisation moderne.
La remise en cause totale de la place de l'homme et de l'État par le totalitarisme, par opposition à l'héritage philosophique, politique et juridique des Lumières, ouvre un débat sur ce qui s'est passé dans le domaine de la pensée. La corruption des idées modernes se fait dès l'arrivée au pouvoir d'Hitler et la mise en place de la dictature en 1934. Vouant une haine viscérale pour le régime démocratique et républicain, jugé faible et impuissant pour le génie allemand, Hitler pense un État surpuissant dirigé par un chef charismatique, avec son parti comme unique administration. Le gigantisme bureaucratique, dans un souci de contrôle de la population et d'efficacité dans l'entreprise criminelle, caractérise alors l'État nazi.
[...] Idée forte depuis les philosophes des Lumières, la pensée moderne place l'individu rationnel au centre de l'organisation du monde. S'en suit la conception de la démocratie libérale et de la politique tel que nous l'entendons aujourd'hui. Mais l'avènement du régime hitlérien, et l'entreprise d'élimination de l'individu moderne couplé à la folie criminelle caractérisant la Shoah, entre en conflit direct avec les fondements de la civilisation moderne. La remise en cause totale de la place de l'homme et de l'État par le totalitarisme, par opposition à l'héritage philosophique, politique et juridique des Lumières, ouvre un débat sur ce qui s'est passé dans le domaine de la pensée. [...]
[...] La corruption des idées modernes se fait dès l'arrivée au pouvoir d'Hitler et la mise en place de la dictature en 1934. Vouant une haine viscérale pour le régime démocratique et républicain, jugé faible et impuissant pour le génie allemand, Hitler pense un État surpuissant dirigé par un chef charismatique, avec son parti comme unique administration. Le gigantisme bureaucratique, dans un souci de contrôle de la population et d'efficacité dans l'entreprise criminelle, caractérise alors l'État nazi. Cette bureaucratie sert l'idéologie corps et âme, en particulier dans l'application du Weltanschauung[1] et de la haine du peuple Juif. [...]
[...] Fritz Fischer parle dans les années 1960 d'une modernisation partielle maintenant une élite pré- moderne dans la société. Le nazisme découlerait donc de cette permanence pré-moderne en Allemagne. L'idée d'une rupture accidentelle opérée par le nazisme semble animer la logique actuelle du devoir de mémoire. En effet, la barbarie nazie est un phénomène nouveau dans l'histoire de l'humanité, qu'il faut bannir absolument. Parce qu'il est entré dans la conscience du monde, le nazisme pourrait revenir à tout moment. Il convient donc d'adopter une vigilance accrue, pour qu'un nouveau déficit civilisateur ne se produise pas à nouveau. [...]
[...] Stefan Zweig, dans Le Monde d'Hier, raconte comment les sociétés du début du XXe siècle croyaient fermement en la pacification de l'homme et en son élévation physique et morale grâce à la modernité. Mais cet optimisme prématuré semble bien dérisoire au regard de la catastrophe qui, d'un seul coup, rejette l'individu en deçà de mille années d'efforts humains. Lorsque Zweig écrit son œuvre en 1944, il souligne la rapidité du choc que constitue l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Contre toute attente, l'Allemagne s'engage alors dans l'anti- modernité. D'autre part, la théorie du Sondereg fait état d'un éventuel climat propice à l'arrivée brutale du nazisme. [...]
[...] L'homme devient le lieu d'une décision souveraine et immédiate, la parole du Führer. Le nazisme passe donc par l'assimilation et la corruption de réalisations modernes : la bureaucratie devenue génocidaire, l'industrie au service de la production industrielle de cadavres dans les camps de la mort ou la perversion de l'ordre légal sont autant d'exemples qui montrent comment le troisième Reich associe la barbarie et la civilisation. Mais l'horreur des crimes nazis peut également s'interpréter comme un accident de l'histoire une parenthèse dans le mouvement civilisateur porté par la modernité. [...]
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