Évacuer la question de l'échec. La IVème, dans notre imaginaire, qu'est-ce que c'est ? Brièveté de ce régime qui revient (seulement 12 ans, de 46 à 58) et son instabilité ministérielle :
Donc de janvier 1946 à juin 1958 (c'est à dire du départ au retour du général De Gaulle) il y eut 25 gouvernements, soit, pour 12 ans et 6 mois, une moyenne de 6 mois par gouvernement.
Est-ce donc la faute des partis politiques, si la IVème République, qui devait être celle du renouveau, s'est effondrée si rapidement ?
C'est en tout cas l'Opinion de de gaulle, opposé au régime des partis. Il a fait en sorte de diffuser dans le pays une opinion largement négative de la IVème (peut-être aussi pour légitimer sa cinquième). Et effectivement il est de fait impossible d'exonérer les partis politiques d'une responsabilité, quelle qu'elle soit.
Mais ce n'est bien sûr pas la seule grille de lecture : effectivement, quand on regarde les institutions de la IVème, même si elles sont relativement proches de celles de la IIIème, on voit des limites, des faiblesses évidentes, qui font que la IVème république, en étant née bancale, était presque destinée à chuter.
[...] I Les partis politiques portent en eux une part de responsabilité évidente et en particulier du fait de leur impossibilité à se mettre d'accord L'alliance impossible 1. Un simulacre d'entente La forme de scrutin choisie par le constituant (scrutin proportionnel) force en effet les formations à s'allier entre elles afin de constituer un gouvernement. C'est ce qu'elles font jusqu'en 1947 en créant le tripartisme, constitué de la SFIO, du PC et du MRP, mais c'est bien évidemment le mariage de la carpe et du lapin, ne serait-ce que par exemple entre le PC, anticlérical et antireligion, et le MRP, issu de la démocratie chrétienne. [...]
[...] Le PC et le RPF, ne s'apparentant à aucune autre force, sont par conséquent forcément affaiblis par ce système. On peut le vérifier par les chiffres : Le PC a recueilli aux législatives des voix : et il n'obtient que des sièges. Le RPF des voix des sièges. À l'inverse, la SFIO, avec 15% des voix, obtient 17% des sièges. Les radicaux : 10% des voix des sièges. Ces petits arrangements entre amis ne peuvent que décrédibiliser la classe politique dans son ensemble, et la République en particulier. [...]
[...] La prééminence de l'Assemblée Nationale 1. Le parlementarisme non-rationnalisé Bien que voulant éviter de réitérer les erreurs de la 3e république en tâchant de rationaliser le Parlement (la Constitution réglemente l'utilisation de la question de confiance, bicamérisme, etc), le résultat est plus que contrasté : par exemple, l'équilibre précaire qui régnait entre le président du conseil et l'Assemblée est brisé dès 1947 lorsque Ramadier, après avoir été investi de façon personnelle, revient devant l'Assemblée au côté de son gouvernement, pour une investiture collective, démontrant ainsi sa soumission, se plaçant de lui-même sous l'autorité de la chambre. [...]
[...] C'est la caractéristique du régime parlementaire 2. Au régime d'assemblée Mais la IVe République glisse en réalité de fait vers un régime d'assemblée, où le Parlement, composé de la chambre haute qui est le conseil de la république n'a qu'un rôle consultatif et donc l'Assemblée Nationale prend peu à peu tous les pouvoirs. Ainsi, alors que le droit de dissolution est sujet à de nombreux obstacles (il faut qu'il y ait au moins deux crises politiques en 18 mois, par exemple), l'Assemblée Nationale peut user librement des motions de censure pour renverser le gouvernement. [...]
[...] Donc cet alignement sur les États-Unis fragilise d'autant une République aussi jeune. Ce problème communiste a aussi une autre conséquence, au moins tout aussi grave. Il contribue indirectement à donner une image exécrable à la république et aux partis Donnent une image exécrable 1. Des frontières idéologiques pour le moins floues En effet, désormais il faudra s'allier, se coaliser avec de plus petites formations, avec des faiseurs de rois, qui sont peu disciplinés et opportunistes, tels que, par exemple, l'UDSR de Mitterrand ou le CNIP (parmi lesquels se trouvent Valéry Giscard d'Estaing et Jean-Marie Le Pen). [...]
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