La lecture de cet ouvrage présente, au vu des circonstances actuelles, un double intérêt : on commémore en ce moment les dix ans de la Guerre du Golfe, entreprise emblématique des années Bush; par ailleurs, le propre fils de George Bush occupe désormais les mêmes fonctions que lui, et il est, à quelques exceptions près, entouré de la même équipe. Les futures actions de celui-ci seront inévitablement jugées à l'aune de celles de son père, phénomène courant dans les médias, à la fois pour souligner ce qui les rapproche (sur le plan idéologique par exemple) et ce qui les éloigne (sur le plan des compétences). Quel est donc cet héritage ? Par quels moyens Bush Sr. a-t-il marqué son époque
[...] La constitution d'un cabinet soudé doit lui permettre de faire face aux crises[2] et pour cela, il a besoin d'hommes de confiance. Bush croit avant tout à l'efficacité relationnelle : à la fois observateur attentif et membre des administrations Nixon et Reagan, il y a constaté une compétitivité improductive permanente. Il choisit de demander l'avis de tous (pluralité) et d'opter pour la solution qui satisfasse la plus grand nombre (unité). Le cabinet fonctionne ainsi en circuit fermé, réduisant les possibilités de fuites. [...]
[...] Alors que James Baker et le Pentagone se prononcent pour une politique de prudence (le souvenir du Vietnam rôde), Bush déclare sa volonté d'employer la force, mais il a besoin de l'accord du Congrès pour entrer en guerre. Il décide de s'en passer (selon la loi, il ne peut obtenir qu'une autorisation de 60 jours, ce qui est beaucoup trop court). Après avoir organisé une coalition d'Etats, il lance l'offensive, mais laisse les militaires gérer le conflit. Les responsables politiques ne font que jeter un coup d'œil sur la liste des sites susceptibles d'être bombardés afin de vérifier leur peu d'importance diplomatique. [...]
[...] On sent que Bush regrette ces moments passés à discuter dans sa résidence privée avec des acteurs de la politique internationale qui furent aussi surtout ses amis. Cette évocation pourrait paraître rétrograde, elle s'avère touchante. Car quoi, qu'on pense du personnage, il s'est imposé comme un fin politique, cultivé, chaleureux (ce que, à première vue, son fils est loin d'être). Ce livre, même à travers ses défauts, même à travers sa mauvaise foi parfois flagrante, se voulait un autoportrait en action. [...]
[...] Par exemple, lors des chapitres consacrés aux négociations la réunification allemande, il ressort que Bush réussit à imposer ses décisions, alors que le rôle de F. Mitterrand et de Gorbatchev fut, on le sait, beaucoup plus déterminant. Cette tendance à la valorisation de soi peut gêner, d'autant plus lorsqu'on sait que le règlement de cette situation était fortement lié à la gestion délicate d'une relation historiquement et culturellement conflictuelle, notamment entre la France et l'Allemagne, et que Bush, dans ses comptes rendus, ne fait pas preuve d'une compréhension de ces mécanismes sous- jacents. [...]
[...] L'instabilité croissante dans les pays d'Europe centrale et le rapprochement des deux puissances conduit Bush à commander à la CIA un rapport détaillé sur l'état actuel de l'URSS. Mais le travail est de très mauvaise qualité, les informations vagues ou incomplètes. Pour Dick Cheney, le Secrétaire d'Etat à la Défense, ces changements ne sont qu'une façade. La question la plus sensible dans ce dossier est celle du désarmement et de l'équilibre entre les deux superpuissances (accords START I et II, respectivement en 1991 et 1993). [...]
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