Légitimité et légitimation

Thèmes abordés

légitimité, légitimation, légalité, Weber, Braud, Jacques Lagroye, La Boétie, Frédérique Matonti, communication politique, science politique

Résumé du document

La question de domination introduit la notion de consentement. La légitimité est assez proche de cette démarche. Qu'est-ce qu'on appelle légitimité? C'est le caractère de toute domination qui se donne pour justifier, normale, conforme aux valeurs dominantes dans une société. Ne confondons pas légitimité et légalité. La légalité c'est la conformité au droit. La légitimité renvoit aux valeurs (ex : régime de Vichy, sous la Second Guerre Mondiale, le régime était légal et non légitime. Légal car les députés avaient votés les pleins pouvoirs au Maréchal Pétin). La légalité renvoit aux modalités légales d'exercice du pouvoir ce qui est en général "tout pouvoir illégitime cherche à être légal". Un pouvoir légitime suppose l'existence d'un consentement de la part de ceux qui y sont soumis.

Extraits

[...] Les gouvernants ont besoin d'attester leur légitimité, leur légitimité ne leur est plus attribuée une bonne fois pour toutes. Il y a des tendances lourdes qui transforment le rapport entre science et pouvoir et cette rationalisation se traduit par le développement d'organisation qui revendique l'efficacité (on retrouve ceci dans l'État ou les administrations). Weber va analyser l'émergence de la bureaucratie. Cela désigne un type d'administration qui s'impose à la fin du 19e siècle, caractérisé par : une administration soumise au droit, le droit étant un rempart contre l'arbitraire. Le droit devient le langage de l'administration. [...]

[...] La science, la connaissance ou l'expertise. Les gouvernants se parent de plus en plus de l'expertise pour justifier leur pouvoir et tout particulièrement leur expertise dans le domaine économique. On observe une transformation de compétences légitimes pour exercer le pouvoir. Une transformation des élites politiques et une émergence de dirigeants dont la compétence principale est économique. L'économie va devenir la compétence légitime. On observe une nouvelle norme d'excellence du personnel politique. La légitimation passe par la mobilisation et la mise en avant de la connaissance d'un savoir. [...]

[...] Politique de communication fondée sur 3 piliers : forte réactivité à l'événement/occupation constante de l'espace médiatique (activisme médiatique permanent/événement médiatique, annonce de réformes, déplacements afin de saturer l'agenda)/usage intensif des sondages d'opinion qualitatif fondé sur des panels de citoyens. Les effets de cette politique de communication sont ambivalents : d'abord, ils sont impossibles à mesurer précisément. La communication relève des faits de croyances difficilement falsifiables. Cette communication a suscité une critique très forte, largement dénoncée dans les médias. Il n'y a pas de légitimation du pouvoir sans ritualisation du pouvoir. Il n'y a pas de pouvoir sans mise en scène du pouvoir, pas de pouvoir sans dramaturgie du pouvoir. [...]

[...] Quel est le degré d'acceptation de la domination ? Dans quelle situation les individus sont-ils amenés à désobéir ? La Boetie remet en cause la légitimité des gouvernants et introduit une nouvelle perspective sur l'exercice du pouvoir en adoptant le point de vue des sujets du pouvoir. Pour lui, au fond la question de la manière a accédé au pouvoir à travers la tradition (etc.) n'est pas essentielle tout comme n'est pas essentielle non plus la question du bon gouvernement. [...]

[...] On l'appellera marketing. Elle est censée assurer la confirmation quotidienne de la légitimité du pouvoir. L'élection ne suffit plus à fonder la légitimité, elle ne donne qu'une légitimité fragile, provisoire, et on peut dire que comme on observe un fort discrédit du pouvoir, le pouvoir doit sans cesse justifier ses choix, rendre des comptes. L'acceptabilité sociale des décisions politiques est plus difficile à construire pour plusieurs raisons : les sociétés contemporaines sont plus complexes, fragmentées, différenciées, moins structurées par les appartenances de classes sociales. [...]