Nous tenterons d'établir dans cette fiche les liens effectifs entre impérialisme et déconstruction de l'Etat qui ont permis d'annoncer les totalitarismes. Pour justifier cette démarche, il est important de noter que l'apparition du totalitarisme n'est pas un phénomène spontané mais l'aboutissement d'un processus de déconstruction de l'Etat. Ainsi, l'impérialisme est un des principaux facteurs ayant participé à l'affaiblissement de l'Etat-nation puis à sa négation. L'impérialisme a laissé un héritage conséquent : remise en cause de l'Etat par l'émancipation de la bourgeoisie, pensée raciale, substitution de la bureaucratie au gouvernement, expansionnisme continental, volonté de domination et mépris de la loi participent d'un même élan à l'avènement des totalitarismes.
[...] L'impérialisme est toujours d'actualité avec l'impérialisme libéral qui cherche à exporter liberté, paix et modèle politique. Néanmoins, nous sommes en droit de nous interroger sur l'efficacité et la pertinence d'une telle politique L'impérialisme, qui est né du colonialisme et a pour cause l'inadéquation du système de l'Etat-nation aux évolutions économiques et industrielles du dernier tiers du XIXe siècle, ne s'est pas lancé dans sa politique d'expansion pour l'expansion avant l'année 1884. Hannah Arendt dans les Origines du totalitarisme : sur l'impérialisme. [...]
[...] Même si le même mépris pour l'étroitesse de l'État-nation était partagé par l'impérialisme et l'impérialisme continental, ce dernier avait la volonté de diffuser une conscience tribale élargie »[3].L'impérialisme continental avait donc une affinité beaucoup plus grande avec les théories de la race et les utilisa en armes politiques en créant une idéologie raciste (racisme d'Etat). L'impérialisme continental était de plus résolument hostile à tous les corps politiques existants. De plus, les mouvements annexionnistes ont eu une influence considérable chez les intellectuels intelligentsia russe et étudiants autrichiens. [...]
[...] L'impérialisme continental a permis l'instauration d'un nationalisme tribal, piédestal du totalitarisme. Les totalitarismes ont hérité de l'impérialisme continental le mépris de la loi et des institutions juridiques. Les mouvements annexionnistes reflétaient une véritable domination du pangermanisme et du panslavisme. Ceux-ci ont contribué à la mise en place d'un gouvernement bureaucratique gouvernant par décrets (Empires russe et austro-hongrois), qui a offert des avantages indéniables à une politique d'oppression ; les systèmes totalitaires ont su parfaitement les exploiter. La bureaucratie totalitaire, forte de sa meilleure compréhension de la portée du pouvoir absolu, a fait intrusion chez l'individu privé et dans sa vie intérieure avec une égale brutalité. [...]
[...] La suite logique de cet impérialisme est la destruction de toutes les communautés car celles-ci développent des forces stabilisatrices susceptibles d'entraver une expansion constante. L'impérialisme a crée une concentration monopolistique et une immense accumulation de la violence jusqu'à ce que l'expansion totalitaire devînt finalement une force de destruction contre les nations et contre les peuples. On retrouve, par ailleurs dans l'impérialisme et le totalitarisme le souhait d'abolir la contradiction entre intérêts individuels et intérêts publics. Après la Première Guerre mondiale, le démantèlement des Grands Empires a provoqué l'apparition d'une foule de minorités soumises à une majorité au pouvoir. [...]
[...] L'incapacité constitutionnelle des Etat-nations européens à garantir des droits humains à ceux qui avaient perdu les droits garantis par leur nationalité permit aux gouvernements persécuteurs d'imposer leurs modèles de valeurs, même à leurs adversaires. Hannah Arendt dans les Origines du Totalitarisme : sur l'Impérialisme. Emil Dekert cité par Hannah Arendt. [...]
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