Pendant des siècles, les Français n'étaient pas électeurs. Le pouvoir politique appartenait au roi ou à l'empereur. Il se transmettait selon des règles de dévolution de la couronne précises et par conséquent restait toujours dans les mêmes familles. Les individus ne choisissaient donc pas leurs gouvernants. Cette conception a duré ainsi jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Les premières assemblées électorales représentatives furent élues à la fin du Moyen-Age avec un suffrage étendu à l'ensemble des habitants avec l'élection des Etats généraux et assemblées d'habitants et de notables. La Révolution de 1789 marque un début d'évolution avec l'apparition du suffrage censitaire restreint. Seuls les individus pouvant payer le cens sont déclarés électeurs. Cet impôt est fonction du revenu des individus, il sera modifié sous le régime des Chartes. L'élection des gouvernants est de loin la plus importante car elle permet de légitimer le pouvoir accordé à ceux-ci et est un symbole de la démocratie. L'instauration du suffrage universel masculin le 5 mars 1848, par décret, constitue le point de départ du cheminement vers le « citoyen électeur » car hormis la mise à l'écart des femmes - qui obtiendront le droit de vote avec l'ordonnance du 21 avril 1944 - on ne fait plus de différences entre les individus. Le secret et la liberté du vote seront assurés avec la loi du 29 juillet 1913. L'abaissement de la majorité électorale intervient avec la loi du 5 juillet 1974.
Il faut donc déterminer quels sont les éléments qui ont conduit l'individu français à devenir électeur.
Nous envisagerons d'abord comment s'est manifestée l'incitation à devenir électeur qui a construit l'électorat (I), puis quelle a été la démarche intellectuelle des individus pour qu'ils deviennent pleinement électeurs et transforment leur comportement (II)
[...] - Notons que les femmes sont toujours exclues à ce moment là. A ce propos, Olivier Ihl compare la France et les pays anglo-saxons, dans lesquels l'électrice est intégrée comme femme c'est-à-dire comme représentante d'un groupe aux intérêts particuliers alors qu'en France, elle devra s'imposer comme un être dégagé des déterminations de son sexe pour accéder au vote. - Alors que chez les Anglo-Saxons les préjugés sur la nature féminine ont émancipé les femmes en les enfermant dans une différence, en France, les mêmes préjugés les ont exclues au nom de la peur de l'individualisme. [...]
[...] - Cela entraîne un effacement de l'individu concret au profit du citoyen - La situation contemporaine -Aujourd'hui, une grande majorité des Français a conscience que le vote est un droit et un devoir. - Paradoxalement, l'abstention est de plus en plus forte lors des élections, quelles qu'elles soient. Ceci peut s'expliquer par un certain désintérêt politique des individus qui considèrent que leur voix n'a aucune importance et ne changera en rien l'issue du scrutin. Mais, même si cela se vérifie, le vote reste un devoir. [...]
[...] C'est la condition sine equa non pour que l'échange électoral puisse s'établir - L'école a joué un rôle primordial car elle a dénoncé la violence (forme d'expression) comme une attitude archaïque et primitive. Les manuels scolaires ont contribué à faire du vote l'expression de la dignité citoyenne. - Charles Tilly a travaillé sur les recherches qui ont fait apparaître les résistances que rencontra cette entreprise d'apprentissage civique. Il constate que la courbe des violences collectives en France entre 1830 et 1960 présente une augmentation de la participation aux actions violentes entre le XIXe et le XXe siècle. On constate un changement profond des formes d'expression de la violence. [...]
[...] Le vote n'a jamais été obligatoire en France, mais il pourrait le devenir car il est trop facile de ne pas voter et de se plaindre ensuite; d'autant qu'on oublie trop vite que beaucoup ont payé de leur vie pour que le vote devienne un droit En conclusion, l'individu français s'est adapté au fil du temps à son nouveau statut : celui d'électeur. La prise de conscience a été longue et quelque peu difficile et on ne peut pas dire aujourd'hui que chacun assume ce rôle complètement. L'apport du pouvoir politique a été primordial pour convaincre le Français de devenir électeur, celui-ci ayant, par une démarche personnelle compris l'importance de ce qui est à la fois un droit et un devoir . [...]
[...] - Le suffrage est universel quand il appartient à tous les électeurs sous certaines conditions minimales, qui tiennent normalement à l'âge, la nationalité et à la jouissance des droits civils et civiques. L'apparition du suffrage censitaire - Il apparaît avec la Révolution de 1789. - La base du suffrage censitaire est qu'il ne doit s'ouvrir qu'à ceux dont les conditions de revenus et les capacités de revenus sont réunies. Ce n'est pas un droit acquis. - Par conséquent bon nombre d'individus sont exclus du système électoral car très peu ont les moyens de payer le cens. [...]
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