Comment les Français ont-ils apprivoisé le suffrage universel? Dissertation de science politique de 5 pages
Le vote ne correspond pas à des besoins vitaux de démocratie et comme toute institution, le suffrage universel a une histoire complexe et non linéaire. Le rôle de l'électeur autonome et politisé est le fruit d'un apprentissage et d'une construction mobilisant tous les acteurs politiques. C'est le « processus d'accoutumance au vote », comme dit Michel Offerlé.
I ? Le vote communautaire, un acte peu politisé qui ne bouscule pas les pratiques politiques habituelles
II ? La naturalisation du vote : contexte historique et processus de politisation
[...] Cela entraîne de nouvelles pratiques que nous allons voir. Juste avant, il faut préciser un point : ces nouvelles règles électorales ne rentrent pas tout de suite dans les moeurs. On observe toujours un décalage. Ainsi la règle sociale reste la transparence, et le savoir-faire technique du vote n'est pas rapidement acquis, certains électeurs arrivent à l'urne l'enveloppe ouverte et le bulletin dépassant. Cependant, on observe maintenant des pratiques déviantes du vote, qui montre que le rôle d'électeur est assez bien maîtrisé pour qu'on en joue : on trouve parfois des bulletins servant à faire des déclarations d'amour ou des revendications personnelles (comme vive moi B . [...]
[...] C'est pourquoi le suffrage universel n'est réellement accepté par la plupart des courants socialistes que dans les années 1890. Le proudhonisme, le syndicalisme révolutionnaire, tendent à écarter l'électeur des urnes en espérant toujours des formes d'insurrection. Les républicains légalistes durent beaucoup travailler dans la seconde moitié du XIXe siècle pour faire accepter par les populations le suffrage comme seul moyen de régler les différends politiques. Le vote n'est pas un acte neutre : il correspond à un système de contraintes, de croyances, auquel les électeurs se sont progressivement accoutumés. [...]
[...] Il va donc chercher chez eux les citoyens qui n'ont pas voté, sous-entendu pour l'Empereur. Le curé, lui, est porteur des consignes du grand notable catholique local, et va parfois jusqu'à menacer de l'enfer si on ne vote pas. Celle par le bas prend en compte la capacité des paysans à absorber et nourrir leur engagement politique national. Les acteurs sont souvent des activistes villageois, des militants et ce qu'on appelle des entrepreneurs politiques (qu'on verra plus tard). Pendant les périodes de liberté, les clubs politiques sont des intermédiaires. [...]
[...] L'apprentissage de la citoyenneté Comment les Français ont-ils apprivoisé le suffrage universel? En 2005, les Koweïtiennes ont obtenu le droit de vote. En 2006, elles ont participé pour la première fois à des élections, des législatives. Le résultat? 40% de participation. Bien sûr, ce taux s'explique par les pressions masculines exercées sur elles, mais en partie seulement. Cet exemple montre surtout que voter n'est pas un acte naturel, et que lorsqu'on octroie des droits politiques à une population, les citoyens ne savent pas toujours quoi faire de leur citoyenneté. [...]
[...] Il y a alors un effacement des notables. En effet, ils ne peuvent plus guider le vote de la communauté, qui s'émancipe, et ils n'ont plus les ressources sociales et politiques nécessaires. Les membres de l'ancienne aristocratie nobiliaire sont de moins en moins présents au sein des assemblées sous la IIIe République : ils sont 34% en 1871, mais plus que 10% en 1919, quand la bourgeoisie moyenne passe de 19 à 35% dans la même période. On observe alors une opposition entre le professionnel dit efficace (avec les administrations) et le noble perçu comme incompétent. [...]
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