Exposé de Sciences Sociales: La formation des hauts fonctionnaires en France (6 pages)
Pour Raymond Boudon 'l'effet de dominance' (les familles d'origine sociale élevée favorisent les études longues et donc la position sociale) est supérieur à 'l'effet de méritocratie' (diplômes donnent positions sociales différenciées) pour les carrières scolaires. Les travaux du sociologue Pierre Bourdieu (et de sociologie plus généralement) soulignent également les limites de la méritocratie en apportant les notions de capital économique, capital social, capital culturel (sous les trois formes bourdieusiennes) et capital symbolique dont sont inégalement dotés les individus et qui avantagent ainsi les mieux dotés. Selon Bourdieu, l'une des fonctions sociales essentielles du système éducatif dans son ensemble est d'assurer la reproduction de l'ordre social et des inégalités qui le fondent. Dans ce cadre, les grandes écoles et ainsi la formation des hauts fonctionnaires en France ont pour fonction particulière de produire une ?noblesse d'État?. Par cette analogie il faut comprendre que ces grandes écoles contribuent activement à reproduire des hiérarchies sociales qui ne sont pas sans rappeler celles que la Révolution française était censée avoir aboli. Certes, les hauts fonctionnaires, issus d'un milieu social supérieur, n'occupent pas leurs postes en vertu du sang qui coule dans leurs veines, mais le mode de recrutement par concours est tout simplement ajusté aux dispositions sociales typiques des membres de ces « classes supérieures ». Il valorise des savoir et des savoir-faire qui sont prioritairement ceux de leur origine social. La force de ce dispositif de reproduction de l'ordre social que laisse apparaître l'accès à la formation des hauts fonctionnaires tient au fait que l'ensemble de ceux qui y prennent part sont intimement persuadés que la réussite aux concours des grandes écoles, est affaire d'intelligence personnelle et de dons intellectuels. Cette conviction partagée est ce qui masque aux yeux de tous, et en particulier des ?victimes? de l'institution, les fonctions objectives que remplit le système éducatif.
I) Un accès à la formation d'apparence méritocratique
II) Quand la prééminence de la méritocratie laisse place à la reproduction sociale
[...] Tous les citoyens, étant égaux à ses 2 yeux, sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents », il exclut toute discrimination tenant à la race, au sexe, à la classe sociale et aux opinions politiques ou religieuses. L'histoire du recrutement et de la sélection des fonctionnaires a vu plusieurs conceptions se succéder. L'Antiquité a connu l'élection et le tirage au sort. L'Empire romain et le Moyen Âge ont préféré l'hérédité et la cooptation. [...]
[...] Les grandes écoles constituent en France le tremplin par excellence pour accéder aux postes des hauts fonctionnaires qui sont les grands corps de l'État dont les membres, généralement recrutés après l'École nationale d'administration (ENA) ou l'École polytechnique, sont appelés à exercer de grandes responsabilités au sein de la fonction publique d'État. Qui dit haut fonctionnaire dit Grandes écoles. Sans le sésame issu d'une haute formation, point de salut. La formation est accessible uniquement par concours. Ce mode de recrutement se présente comme la plus démocratisée: une même épreuve pour tous peu importe son origine social, son parcours scolaire. [...]
[...] De 1987 à 1996, les pourcentages des candidats qui se présentent au concours par PCS du père sont les suivants: d'enfants d'agriculteurs; d'enfants d'artisans, commerçants, chefs d'entreprises; 66,9% d'enfants de cadres et professions intellectuelles; 12,3% d'enfants dont le père appartient à la catégorie de professions intermédiaires; d'enfants d'employés et enfin d'enfants d'ouvriers. On constate que la catégorie dominante à la présentation du concours est les cadres et professions intellectuelles supérieures. Et les enfants d'ouvriers et d'employés représentent moins de 10% des candidats qui se présentent au concours. [...]
[...] Les grandes écoles qui permettent l'accès à la formation des hauts fonctionnaires en France semblent intérioriser ce principe par leur mode de sélection, à savoir le concours. La voie d'accès par concours : une chance pour tous Le concours est un ensemble d'épreuves mettant en compétition des candidats pour accéder à un postes, une école, dont le nombre est fixé à l'avance. Le concours est devenu un enjeu social. Les concours est une des procédures que les sociétés utilisent pour réguler le placement social de leurs membres mais aussi pour contrôler les manières de faire, d'être et de penser. [...]
[...] La notion de reproduction sociale va nous permettre d'analyser la provenance de ces inégalités que laissent entrevoir la formation des hauts fonctionnaires en France. La formation des hauts fonctionnaires en France comme outil de reproduction sociale(Bourdieu) Pour Raymond Boudon "l'effet de dominance" (les familles d'origine sociale élevée favorisent les études longues et donc la position sociale) est supérieur à "l'effet de méritocratie" (diplômes donnent positions sociales différenciées) pour les carrières scolaires. Les travaux du sociologue Pierre Bourdieu (et de sociologie plus généralement) soulignent également les limites de la méritocratie en apportant les notions de capital économique, capital social, capital culturel (sous les trois formes bourdieusiennes) et capital symbolique dont sont inégalement dotés les individus et qui avantagent ainsi les mieux dotés. [...]
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