Les précautions à prendre. Il existe un décalage entre l'importance accordée à l'Etat dans les débats partisans et la minceur des analyses historiques qui lui sont consacrées. L'objectif de cet ouvrage est d'inverser la tendance en dégageant une méthode et en fixant un cadre pour l'étude du phénomène étatique en France depuis 1789. Quatre conditions méthodologiques doivent être respectées...
[...] Une histoire du phénomène étatique doit donc prendre en compte le fait que l'Etat n'est pas un objet qui a en lui-même sa consistance propre mais qu'il est aussi le fruit de représentations sociales L'impératif de totalisation. Une histoire de l'Etat doit se garder de faire l'histoire séparée des différents secteurs étatiques (économie, social, justice, police, défense) sous peine de perdre la perspective d'ensemble. Les figures de base de l'Etat. Ces précautions prises, il est possible de distinguer quatre figures de base dans l'histoire de l'Etat en France depuis Le Léviathan démocratique. L'Etat s'est d'abord construit autour d'une autonomisation et d'une séparation de la sphère politique. [...]
[...] C'est la troisième voie explorée pour réguler les rapports entre l'administration et le pouvoir politique. Fortement affirmée après la Seconde Guerre Mondiale, la démocratisation (c'est-à- dire rendre l'administration plus représentative des différentes couches sociales de la population), apparaît comme une façon moderne de rapprocher l'administration de la société et d'éviter qu'elle ne s'érige en pouvoir le surplombant. L'instituteur du social 1. La spécificité française. La suppression brutale de tous les corps intermédiaires pendant la Révolution érige l'Etat en instance de production du social. [...]
[...] En effet, s'il n'y affecte qu'1% de son budget, il adopte une politique active (création dès 1836 d'un ministère de l'Agriculture, institution en 1848 d'un Institut agronomique national). Là aussi, l'intervention étatique s'inscrit dans un objectif de conservation sociale : l'agriculture est vue comme un secteur porteur de stabilité sociale (par opposition à l'industrie). Enfin, au XIXe siècle, l'Etat donne un nouveau souffle (à partir de la monarchie de Juillet surtout) aux politiques de grands travaux déjà menées par Colbert. [...]
[...] Le lancement de grands projets industriels. Cette stratégie est à la jonction d'une conception du développement industriel et d'un volontarisme technocratique. Elle repose sur l'idée que les secteurs de base de l'industrie doivent créer une dynamique industrielle et assurer l'indépendance nationale. L'Etat développe une politique de grands projets et de plans sectoriels destinés à protéger des industries menacées par la concurrence étrangère et à promouvoir des innovations technologiques. Ce volontarisme est payant techniquement, mais le bilan économique est incertain Un mode de gestion étato-corporatiste. [...]
[...] Longtemps accusé d'être immoral et déresponsabilisant, ce principe, appliqué aux personnes, et non plus seulement aux biens, fait son chemin sous le Second Empire au point de devenir une nouvelle modalité de régulation sociale. L'avènement d'une nouvelle philosophie sociale, le solidarisme (cf. Léon Bourgeois, Solidarité, 1896) va permettre à cette approche assurancielle de produire ses pleins effets en permettant à la IIIe République d'appréhender différemment la protection sociale : d'une approche en termes de droit- limite concernant des populations particulières (les pauvres), on passe à une optique de gestion de la société toute entière par le biais assurantiel (cf. loi sur les accidents du travail de 1898). [...]
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