La singularité du système français, on le sait, est l'attribution considérable de pouvoirs importants au Président, tout en maintenant une structure gouvernementale propre au régime parlementaire. Les compétences accordées par la Constitution, mais surtout celles acquises par convention, exigent donc que le Président dispose des moyens d'exercer ses choix, d'imposer ses décisions. La solution avancée en 1958 avait un air de compromis : un gouvernement établi par la Constitution « incontournable » mais sur lequel le Président impose sa marque, en nommant ministres et 1er Ministre. Et puis, une équipe fidèle de conseillers, chargée de suivre l'actualité ministérielle, d'avancer l'opinion du Président, particulièrement dans des secteurs inscrits au domaine présidentiel (défense, affaires étrangères). Ce système aux allures explosives, multipliant centres de décisions et d'influence, n'a certes pas évité les conflits, institutionnels ou personnels, mais il a néanmoins conduit à une grande efficacité, en conciliant forte hiérarchie, navettes et discussions, pour aboutir aux décisions. L'Elysée, qui fascine et émerveille, est l'incarnation de cette fonction présidentielle qui reste auréolée d'un certain prestige aux yeux des français, et à laquelle ils associent pouvoir et puissance. Tant de secrets derrière les portes du palais, s'agit-il d'y dissimuler un gouvernement parallèle, un pouvoir occulte, un super-gouvernement ?
[...] Les conseillers n'ont juridiquement aucun pouvoir de décision, leur pouvoir et leur influence sont ceux que le Président leur accorde. Elle est variable il est vrai en fonction des affinités particulières qui se crées, par le passé on a pu voir en certains de vrai ministres sans le titre, aux lieux et place du titulaire officiel (ainsi Jean-Pierre Cot, ministre de la Coopération, avouait en démissionnant n'avoir rencontré F. Mitterrand que deux fois en 18 mois, alors que Guy Penne, Conseiller de l'Elysée, le rencontrait au moins une fois par semaine Eux-mêmes cependant n'ont aucune autorité sur les services de l'administration, le Chef de l'Etat ne pouvant pas déléguer sa signature aux membres du Cabinet. [...]
[...] Un pôle de décision et d'influence ? L'abondance de ces conseils permet de fait au Président d'imposer son point de vue ou celui de ses conseillers. Mais cette hiérarchie des centres de décisions dépend en grande partie de la complicité du Premier Ministre, c'est à dire de sa subordination. Ainsi en période de cohabitation, où les prérogatives présidentielles sont réduites à leur acception purement constitutionnelle (donc peu extensive), les conseils restreints disparaissent, seuls subsistent ceux explicitement prévues par la Constitution (Conseil et Comités supérieur de la Défense nationale, art 15). [...]
[...] Ils correspondent de fait aux domaines expressément dévolus au chef de l'Etat dans la Constitution. Ainsi au Conseil de la Défense se décide la politique de la défense, les enveloppes budgétaires pour les armées, et on y examine également l'impact des événements internationaux sur la stratégie et les choix militaires de la France. Le Conseil pour les Affaires algériennes, de 1958 à 1962, eut également une importance considérable. les conseils conjoncturels Réponses spécifiques et provisoires à un problèmes qui agitent l'opinion publique, les conseils spécialisés peuvent être crée sous l'impulsion du Président afin de montrer son intérêt et son implication. [...]
[...] L'Elysée : une mini-administration présidentielle Le Président exerce son influence en s'appuyant sur ses conseillers, au sein du Secrétariat de la présidence ou du Cabinet. Le Secrétariat général de l'Elysée Il est le centre décisionnel de la présidence, constitué d'un petit groupe de hauts- fonctionnaires, la plupart issus des grands corps et formés dans les grandes écoles. Sa structure est celle de cellules dirigées par un chef de file qui regroupe lui-même plusieurs conseillers techniques, chacune de ces cellules couvrant un grand secteur de l'activité gouvernementale afin de suivre les dossiers, alerter le chef de l'Etat sur les problèmes potentiels ou les initiatives souhaitées (par exemple une cellule Economie et Société couvre les domaines social, éducation, culture, industrie, justice, économie, jeunesse, sports). [...]
[...] Il peut le représenter dans les Conseils, à la fois écran protecteur et intermédiaire obligé. Il est souvent chargé de mission délicates (surtout en période de cohabitation), l'importance de la fonction et son influence a fait de son titulaire un homme toujours de premier plan, dévoué au chef de l'Etat et d'une discrétion imparable (Bernard Tricot sous De Gaulle, Pierre Brossolette sous Giscard, Bérégovoy sous Mitterrand Le Cabinet du Président Travaillant en étroite collaboration avec le Secrétariat général, il est composé de quelques conseillers, initialement chargés par De Gaulle de s'occuper des rapports avec la nation On peut distinguer deux types de conseillers, les politiques (anciens parlementaires, anciens ministres, sénateurs ou députés, voire membres de la famille telle Claude Chirac, responsable de la communication présidentielle ) et les techniciens (issus des grands corps). [...]
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