De tous les éléments pouvant contribuer aujourd'hui à forger la spécificité de la réalité sociale latino-américaine le credo ou le mythe catholique pourrait bien en être la pièce maîtresse. En effet, l'Amérique latine se distingue aujourd'hui d'autres espaces catholiques non seulement par la taille du territoire et de la population identifiée au culte catholique, mais également par l'influence prépondérante de l'Église dans le domaine social et politique. Aussi, il me semble impossible, sans cette perception préalable de l'intérieur, que permet le prisme de l'Église catholique et de son dogme, de concevoir une lecture objective des réalités latino-américaines, passées ou présentes: une perspective qui m'apparaît amplement négligée par les théoriciens de l'Amérique latine.
Dans cette courte étude, je suivrai la trace de l'Église sur le sous-continent à travers les principaux temps de l'histoire de l'Amérique latine, je tenterai de cerner les divers facteurs qui y ont assuré le succès de sa reproduction à travers les âges et participé à maintenir son rôle de co-rédactrice de l'agenda social et politique. C'est à travers la dynamique paradigmatique ou si l'on préfère, dans le cadre des antagonismes dominants du paradigme (préalable à tout paradigme) que je me propose de rédiger cette analyse.
Cette réflexion sur la place prépondérante du mythe catholique dans la réalité latino-américaine n'a pas la prétention d'offrir des pistes de solutionnement quant aux problèmes développementaux de cette région; elle ne critique ni questionne le rôle de l'Église : elle se veut, au mieux, une tentative d'objectivation de la réalité latino-américaine, ce qui, je le souhaite, contribuera peut-être à mettre en sourdine certains préjugés émanant de notre propre paradigme occidental, et, de ce fait, une meilleure compréhension du réel: préalable nécessaire à tout projet d'intervention sociale ou politique.
[...] En effet, une certaine portion de l'Église catholique adhéra aux idées communistes, convaincue de la concordance des buts poursuivis. Tous deux présentent les pauvres en victimes de l'injustice; tous deux partagent le même universalisme, reconnaissent une grande valeur à la communauté; tous deux critiquent les doctrines du libéralisme économique; enfin tous deux attendent un royaume futur de justice, de liberté, de paix et de fraternité entre tous les hommes, et ici, sur Terre.[12] Va sans dire que les partisans du catholicisme traditionnel n'adhérèrent pas à ces valeurs. [...]
[...] Ainsi, tous les grands paradigmes qui jalonnent l'histoire peuvent être définis à l'aune de ce mal nécessaire et à surmonter. Depuis les premières civilisations, ce sont les contraintes, qu'elles soient naturelles ou imposées par l'action de l'homme, qui semblent avoir le plus contribué au façonnement des sociétés et de leurs paradigmes. Il n'en est pas autrement pour l'Amérique latine. L'analyse des objets d'antagonisme ou de problématisation depuis la conquête à nos jours permettra de mesurer la vitalité de l'Église dans cette région du monde et son aptitude à assurer sa reproduction. [...]
[...] La nouvelle doctrine trouva sa version retouchée et finale en Amérique latine durant la Conférence générale de l'Épiscopat latino-américain de 1968 à Medellin en Colombie. Ainsi, l'Église cessait d'être l'arène de perpétuels conflits internes. De plus en plus le regard des combattants pour la justice obliqua de plus en plus vers les pays du nord. Consolidée autour de l'option préférentielle pour le pauvre l'Église d'Amérique latine escomptait bien en finir avec l'infâme exploitation des pays du nord. Un optimisme encore inconnu gagna alors toute l'Amérique latine. [...]
[...] Médiaspaul, Paris p. Luis PÉREZ AGUIRRE, Incroyable Église! Les éditions de l'Atelier, Paris p. Encyclopedia Universalis Dictionnaire des philosophes p Commission française «Justice et Paix». Solidarité et développement, p Michael Löwy. La guerre des dieux, p Michael Löwy. La guerre des dieux, p Roger Trefeu. Les rebelles de l'Église, p Roger Trefeu. [...]
[...] Dans les colonies, c'est la confusion. Le futur fondateur de la nation mexicaine, José-Maria Morelos dénonce déjà les contradictions de cette nouvelle Constitution qui continue de refuser l'indépendance du Mexique et qui n'en prône pas moins les grands principes de la Révolution française, dont la souveraineté nationale et la préservation de l'orthodoxie catholique. C'est à travers un réaménagement de la religion à la Mexicaine, tout en respectant les structures traditionnelles que Morelos entend sceller l'identité nationale. Connaissant la grande ferveur des Mexicains pour la Vierge mexicaine de la Guadalupe, il utilisera ce mythe bien mexicain, et l'opposera à celui de la Vierge espagnole de los Remedios. [...]
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