En 1971, par un coup d'Etat, Idi Amin Dada s'empare du pouvoir en Ouganda (pays d'environ 25 millions d'habitants en Afrique de l'Est, dans la région des grands lacs) et instaure une dictature militaire. Sept ans plus tard, l'Etat est au bord de la faillite et ne doit sa survie qu'à l'actif soutien financier de pays arabes amis du dictateur. C'est dans ce contexte que la Tanzanie voisine qui soutient l'opposition entame une guerre en 1979 contre l'Ouganda : elle aboutit au renversement du régime d'Amin Dada. Ainsi, à l'aube des années 80, l'Ouganda est exsangue.
En 1986, Yoweri Museveni est élu président, et commence à investir de manière plus importante dans le secteur de l'éducation . Son mandat sera reconduit en 1991, et c'est à l'occasion de la campagne de 1996 qu'il annoncera son projet de réaliser en Ouganda un programme d'Enseignement Primaire Universel (EPU) , qui consisterait à fournir une éducation primaire gratuite à quatre enfants de chaque famille, y compris aux enfants orphelins ou handicapés. C'est notamment sur cet objectif qu'il sera réélu et il demeure aujourd'hui à la tête de l'Etat ougandais.
[...] Source : ISU, Banque Mondiale, Division de la population des Nations Unies, ONUSIDA, 2002-2003 Beaucoup de parents qui avaient davantage de quatre enfants les ont confiés à des proches afin qu'ils puissent tout de même bénéficier de l'éducation primaire universelle. Par ailleurs, de nombreux hommes et femmes qui étaient pourtant trop âgés pour aller à l'école primaire se sont inscrits au programme EPU. Voici pourquoi le pourcentage du taux brut de scolarisation primaire est supérieur à 100. Entre 1996 et 1997, le nombre moyen d'élèves par école a augmenté de 363 à 616 (selon Afrique Relance). L'enthousiasme suscité par le plan EPU fut tel que certains enseignants furent contraints de professer leur cours sous des arbres. [...]
[...] Ce chiffre passe à 17,8% pour la période 1986- 1990, et s'est sensiblement accru la décennie suivante, atteignant 30% (source : Afrique Relance, Département de l'information des Nations Unies). Souvent voire systématiquement les projets d'aide aux plus pauvres sont l'émanation d'hommes politiques qui cherchent à se faire élire. L'Ouganda n'échappe pas la règle : le président Yoweri Museveni avait fait du plan EPU l'un des axes-phares de son programme pour les élections de 1996. Faut-il pour autant condamner lesdits projets ? Leur visée électorale leur ôte-t-il leur légitimité, leur intérêt et leur utilité ? Le cas de l'éducation en Ouganda est révélateur de cette ambivalence. [...]
[...] Entre 1986 et 1996, le nombre d'enfants scolarisés dans le primaire avait modestement crû, en passant de 2,2 millions d'élèves à 3,1 millions. La mise en place de l'EPU en 1997 a fait augmenter ce taux de 70% en un an : on dénombrait ainsi 5,3 millions d'élèves dans le primaire en 1997. En 1999, c'étaient 6,6 millions d'élèves qui furent recensés[3], et l'Unicef en comptabilise 7 millions en 2003. Par ailleurs, on parle de taux brut de scolarisation primaire pour désigner la population totale d'élèves du primaire exprimée en pourcentage de la population des 6-12 ans. [...]
[...] Toutes les données précédentes sont tirées d'Afrique Relance, Département de l'information des Nations Unies. Ce programme se révèle être un franc succès. Il fait notamment participer les parents, à l'échelle locale du village, à la construction des structures éducatives de leurs propres enfants. Cet exemple prouve que la réussite de tels projets passe souvent par l'étroite collaboration des centres de décision avec leur zone d'action, par la responsabilisation des bénéficiaires. En se sentant concernés et véritablement intégrés à la politique menée, ils s'investissent davantage dans la concrétisation des objectifs annoncés. [...]
[...] Comment combattre la discrimination financière, sexuelle ou régionale ? C'est pour répondre à ces questions que le gouvernement a décidé par exemple de plafonner les droits d'inscription dans le secondaire, d'encourager les investisseurs privés à s'engager dans l'éducation secondaire (par des exonérations temporaires d'impôts notamment), mais aussi de construire 850 écoles professionnelles d'enseignement technique qui pourront accueillir une partie des élèves au sortir du primaire. L'incapacité à absorber le nombre croissant d'élèves qui finissent l'école primaire sapera l'Education primaire universelle, ainsi que des objectifs nationaux plus général tels que l'élimination de la pauvreté avait dit en 2000 Yusuf K. [...]
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