Nous nous demanderons dans ce document comment interpréter la victoire du parti nationaliste écossais aux dernières élections écossaises. L'indépendance n'est en fait pas à l'ordre du jour, et le nationalisme écossais se distingue en fait par son pragmatisme. Ce résultat peut-il se comprendre à travers la problématique de la nation sans État et des enjeux d'une gestion centralisée ?
[...] Le problème de cet Etat multinational est démocratique. En effet, la tradition des partis écossais était, depuis le XIXe siècle, de se mêler aux partis libéraux et travaillistes pour s'assurer que la voix de l'Ecosse sera entendue au Parlement britannique. Or la victoire durable des conservateurs à Westminster à partir de la fin des années 1970 eut un effet crucial sur le nationalisme écossais. Le pouvoir de la société civile écossaise fut amoindri sous Thatcher, et le pouvoir central s'éloigna fortement des valeurs d'une Ecosse historiquement plus progressiste (voire à gauche). [...]
[...] Blair, il semble que nombre d'Ecossais furent déçus par la dévolution. Les pouvoirs accordés sont encore trop limités, notamment en matière économique, quand l'exemple de l'Irlande donne des idées aux Ecossais. L'Ecosse a donc su redevenir une nation à part entière après avoir été éclipsé par la Grande-Bretagne ce qui, conjugué à une mauvaise gestion des intérêts écossais, a créé les conditions pour un renouveau du nationalisme. Le problème d'une nation sans Etat a alors été exacerbé. Aujourd'hui l'équilibre des pouvoirs reste problématique, et la question de l'indépendance en suspens. [...]
[...] L'Ecosse : une nation sans État ? Comment interpréter la victoire du parti nationaliste écossais aux dernières élections écossaises ? L'indépendance n'est en fait pas à l'ordre du jour, et le nationalisme écossais se distingue en fait par son pragmatisme. Ce résultat peut-il se comprendre à travers la problématique de la nation sans Etat et des enjeux d'une gestion centralisée ? S'il peut sembler évident que l'Ecosse est une nation du fait de sa longue histoire autonome, nous verrons en première partie que la culture écossaise a été pendant un long moment réduite à un folklore dépolitisé et a été dévalorisée sous l'identité britannique. [...]
[...] Cette union, acceptée par un Parlement largement corrompu entraîna plusieurs rébellions en Ecosse qui furent finalement écrasées en 1745. A partir de là le sentiment identitaire écossais diminua. Les élites s'anglicisèrent, la culture écossaise fut dévalorisée et considérée comme du passé. Les Lumières écossaises étaient vécues comme un effet de l'Union. On peut considérer que malgré la persistance des particularismes écossais (Eglise presbytérienne, système judiciaire et éducatif) la nation écossaise n'avait plus d'existence de fait. L'identité britannique autour de l'Empire et du protestantisme se surimposa à l'identité écossaise. L'Union avait apporté la prospérité. [...]
[...] Même s'il y eut une réinvention de la culture écossaise au XIXe siècle, à travers W. Scott, l'identité celte (Mc Pherson) et une certaine homogénéité culturelle entre les Highlands et les Lowlands (le kilt et la cornemuse devenant le symbole de toute l'Ecosse), ceci ne se traduisit pas par un nationalisme, mais plutôt par une certaine nostalgie romantique. Le nationalisme écossais ne réapparut qu'à la fin du XIXe siècle, suite aux revendications irlandaises. C'est un nationalisme particulier puisque fondé ni sur la langue (gaélique et scot étant fortement minoritaires), ni sur l'ethnie, ni entièrement sur la religion puisque malgré l'importance du particularisme calviniste, les minorités catholiques furent finalement intégrées. [...]
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