Le terme de totalitarisme est apparu pour la première fois en 1928 dans la revue intellectuelle « La Revue Nouvelle » et il est repris peu après par Benito Mussolini, le Duce du fascisme italien, pour désigner son propre régime.
Ce terme est rétroactif car aujourd'hui il englobe au moins trois modèles d'expériences de régimes : le fascisme allemand d'Hitler, le fascisme italien de Mussolini et le communisme stalinien.
Est-il abusif d'utiliser le même mot, à savoir « totalitarisme » pour désigner les deux expériences nazie et stalinienne ou bien existe- t- il une réelle identité entre les deux ?
Notre analyse se divise en deux temps : nous allons d'abord voir que dans les deux cas le projet est le même car il s'agit d'opérer une totale refonte de la société, mais que cependant les méthodes sont différentes
[...] L'élimination physique des individus jugés surnuméraires a eu aussi lieu lors de la nuit des longs couteaux et de la nuit de cristal En URSS, le totalitarisme stalinien opère lui aussi un darwinisme primaire. Mais à la place de la lutte des races, Staline privilégie la thèse de Marx de la lutte des classes. Il veut lui aussi fabriquer un homme nouveau et prend en charge l'individu dès l'enfance pour le modeler dans le moule unique qui sert à fabriquer non pas des aryens mais des hommes soviétiques. Le livre L'ABC du Communisme est diffusé dans toutes les écoles. [...]
[...] L'idée contenue dans le mot même de totalitarisme implique l'ensemble d'une société qui forme non plus un peuple, mais une masse. Les projets nazi et stalinien visent à remodeler une société à leur goût, selon leur propre approche de l' homme nouveau Le Führer veut purifier sa race des éléments qu'il juge pathogène tandis que le Génial guide veut fabriquer un homme soviétique, épuré de tout sentiment national tchèque, slovaque, yougoslave, polonais, finlandais qu'entre dans la composition de la mosaïque des nationalités qui caractérise l'Europe de l'Est. [...]
[...] On peut trouver une certaine continuité chez le totalitarisme nazi alors que les virages à 180° sont fréquents chez le totalitarisme stalinien. La lutte classes contre classe joue en alternance avec la politique des fronts populaires et des politiques d'alliance. Après avoir signé le pacte germano-soviétique de 1939, Stalingrad devient à la suite de la bataille du même nom, l'un des symboles de résistance au nazisme. L'ambiguïté soviétique qui hésite entre le socialisme dans un seul pays et l'exportation du modèle communiste tranche avec la continuité nazie qui vise à s'étendre toujours plus dans la Mitteleuropa Même si le terme de totalitarisme est aujourd'hui largement usité et désigne aussi bien l'expérience nazie que l'expérience stalinienne, comme l'a montré Hannah Arendt, il n'en reste pas moins que des spécificités existent et que ce terme globalisant ne doit être utilisé que pour des raisons de commodités. [...]
[...] Les deux totalitarismes partagent aussi la brutalisation de leur société au moyen de courroie de transmission de la doctrine officielle. Les SS en Allemagne et le Guépéou puis le NKVD en URSS de Béria, sont là pour traquer tous les suspects. Le culte du chef est ici un élément indispensable. Mais là où la gémellité des totalitarismes nazi et stalinien éclate le plus, c'est quand Ribbentrop et Malenkov signent le pacte germano- soviétique le 23 août 1939 à la veille de la seconde conflagration mondiale : les objectifs militaires deviennent les mêmes. [...]
[...] Le totalitarisme stalinien partage avec le totalitarisme nazi l'antisémitisme comme en témoigne le complot des blouses blanches où Staline fait exécuter ses médecins juifs soupçonnés d'avoir voulu l'empoisonner et qui ont avoué sous la torture. Une littérature officielle existe également : si à Berlin on brûle les livres et les œuvres d'art de la création artistique dite dégénérée à Moscou, il faut appartenir au groupe des écrivains officiels du régime totalitaire avant toute publication. Les sciences dites bourgeoises y sont proscrites et toute une culture propre au système totalitaire stalinien s'impose. [...]
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