Un grand nombre d'historiens a étudié l'exploitation politique des grandes fêtes nationales tout au long de l'histoire de France, quand, à travers les banquets, les défilés et les grandes scènes de liesse populaire, s'exaltait le sentiment national.
Peu en revanche s'est attaché à montrer l'importance politique des cultes et cérémonies funéraires, des hommages rendus aux morts au cours de cette histoire. Ces rites ont pourtant joué un rôle central en France sous la restauration : et plus particulièrement du retour des bourbons (1814) au retour des cendres de Napoléon (1840). Au cours de cette période agitée, des foules de Parisiens endeuillés inventent « l'enterrement-manif », et défilent dans les rues de Paris pour célébrer, pleurer et protester au côté de la dépouille d'un roi (Louis XVIII), d'un opposant libéral (Benjamin Constant) ou d'un maréchal d'empire (Lamarque).
Ces rituels funéraires illustrent les différentes oppositions dans la vie politique française sous la restauration.
[...] Ces rituels funéraires illustrent les différentes oppositions dans la vie politique française sous la restauration. Emmanuel Fureix dans son ouvrage, La France des larmes, deuils politiques à l'âge romantique (1814-1840) a ainsi montré combien, durant la monarchie censitaire, on a su faire de la mort et des funérailles un moment d'intensification des sentiments, des engagements et de démonstrations des opinions politiques (Alain Corbin). Paris ressemble alors à une véritable capitale funéraire dans une France divisée, en proie à un passé encore douloureux. [...]
[...] : Monuments aux braves de Juillet : Colonne de Juillet (place de la Bastille) à la gloire des citoyens française qui s'arma et combattirent pour la défense des libertés publiques dans les mémorables journées des juillet 1830 Honneurs funèbres réservés à de glorieux militaires : Maréchaux Jourdan et Lobau, général Damrémont il invente le concept des funérailles nationales du grand homme d'Etat, érigé comme un modèle à imiter, symbole de l'ordre (social et public) : Casimir Perrier Retour des cendres de l'empereur, Napoléon, le demi-dieu de Sainte Hélène le 15 décembre 1840, le régime orléaniste tente de récupérer à son compte le culte napoléonien en l'enfermant dans ses propres cadres politiques C'est donc aussi une manière de dépolitiser l'héritage de l'empereur à l'heure où les bonapartistes ( Louis Napoléon Bonaparte) s'organisent et se manifestent dans l'opposition. Cortège de à 1 million de personnes. Très différent des funérailles monarchiques. Cérémonie à la fois nationale, impériale et orléaniste, religieuse et laïque. Puisque chacun s'approprie à sa manière l'évènement. C'est la plus grande mort du siècle III. [...]
[...] Geste hautement symbolique : Volonté d'éteindre la lignée des bourbons (Charles X n'a plus de progéniture mâle) Louis XVIII qui meurt le 16 septembre 1924 Tentative de réinstaurer le mythe du Mourir comme un bourbon belle, pompeuse et digne mort chrétienne. Magnificence des cérémonies et des cortèges funéraires, appel au consensus. On assiste sur le caractère à la fois glorieux et sacré de ces morts. Cette ambition est un échec, une partie de la France se réjouit même de la mort du Duc de Berry. Louis-Philippe, lui va privilégier la réconciliation nationale à l'hommage royal. [...]
[...] Une certaine politique de l'oubli et du pardon voulue par Louis XVIII est contestée par les ultras qui oscillent entre pardon et vengeance». L'héritage révolutionnaire ne fait toujours pas consensus en France. II. Les deuils officiels de souveraineté surtout pendant la monarchie de juillet Il s'agit ici des cérémonies funéraires destinées à la fois à légitimer le pouvoir en place, et ainsi susciter une adhésion aux régimes et une cohésion nationale derrière la personne du roi. L'Etat finance et organise ces deuils officiels. Sous Louis XVII et Charles X. [...]
[...] (Louis Blanc lors de l'enterrement du général Foy). On retiendra les obsèques d'acteurs de la révolution (Sieyes,Barras,Lafayette, Cambaceres, Talma) de militaires de l'empire proche des révolutionnaires ( Kellerman, Davout, Foy, Talma, Gallois, Lamarque) et héros libéraux (Benjamin Constant) qui sont tout accompagné de cortèges allant de 4000 à 10000 personnes. 5 juin 1832 : les obsèques de Jean Maximilien Lamarque (général d'empire, pacificateur de la Vendée pendant les cent jours) se transforment en véritable insurrection. La répression est sanglante et fait 800 morts (épisode de la mort de Gavroche dans les Les Misérables de Victor Hugo) Conclusion : 1840 : marque le Retour des cendres de Napoléon à Paris, mais aussi la stabilisation du régime sous l'égide de Guizot (ministre de Louis Philippe, la démobilisation des grands mouvements contestataires avec la disparition des derniers grands acteurs de la révolution française L'importance du rituel mortuaire s'estompe. [...]
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