La démocratie est-elle située culturellement, ou, bien au contraire, peut-elle prétendre à une portée universelle ?

Résumé du document

Aristote voyait en la démocratie la « moins mauvaise » forme de gouvernement, devançant à peine la monarchie et l'aristocratie. L'on est loin de la conception, née parallèlement à la démocratie moderne, de la démocratie comme horizon naturel des sociétés. Si l'un des traits inhérents à la démocratie est qu'elle se veut universelle, cette prétention se voit nettement affaiblie par l'échec de certains mouvements démocratiques modernes ou de l'imposition de la démocratie par des forces extérieures. Dès lors, l'on peut concevoir de « mœurs démocratiques », les mœurs se définissant communément comme les « habitudes de vie et coutumes d'une société » ; partant, l'on ferait de la démocratie rien moins qu'une production culturelle.

Extraits

[...] C'est sans doute ce que veut dire Guy Hermet quand il écrit que l'installation de la démocratie dans la durée est inconcevable en l'absence d'une véritable culture démocratique Ces cheminements historiques propres expliquent les variantes démocratiques, la grande richesse des régimes démocratiques. De ce point de vue, la démocratie n'est pas universelle. En revanche, dans le sens où les principes fondateurs de la démocratie peuvent surgir dans n'importe quel pays et à n'importe quel moment, les valeurs démocratiques sont universelles. Bibliographie Braud, P. (1997). La démocratie politique. [...]

[...] Historique de la construction de notions démocratiques (liberté, égalité, souveraineté du peuple) sous des aspects différents, à des époques et lieux différents, montre qu'il y a une sorte de transcendance de ces principes. L'apparition de la liberté de culte, interprétée très différemment aux Etats-Unis, en France ou au Moyen Orient relève de cette transcendance. III. Pour autant, l'adoption de ces valeurs démocratiques ne peut être imposée, car elles ne peuvent être le fruit que d'un cheminement propre à une société donnée A. [...]

[...] Paris: Editions du Seuil. Camau, M. (2002). Sociétés civiles "réelles" et téléologie de la démocratisation. Revue Internationale de Politique Comparée, Vol pp. 213-232. Hermet, G. (1983). Aux frontières de la démocratie. Paris: Presses Universitaires de France. Hermet, G. [...]

[...] o Nuers du Soudan, Inuits : gouvernement du peuple par le peuple au sens le plus strict. Vient d'une non-différentiation de l'activité politique. On n'est pas en démocratie, pourtant un principe fondamental, une valeur démocratique est présente B. La démocratie comme ‘événement naturel' Si la présence de valeurs démocratiques et d'une société civile qui exige des institutions démocratiques ne suffit pas pour autant à entraîner ces dernières, c'est bien qu'il y a dans le déclenchement de la démocratisation un facteur contingent : la démocratie est un accident de l'histoire. [...]

[...] Les institutions démocratiques sont situées culturellement, puisqu'elles sont ajustées à des impératifs contingents. B. L'échec des tentatives d'exportation de ce mode de gouvernement semble prouver l'existence de mœurs démocratiques Echec des tentatives d'exporter un mode de gouvernement calqué malhabilement sur une culture différente et des institutions préexistantes. Exemple : Irak. Premières élections démocratiques organisées en 2005 ont lieu dans un climat épouvantable. Gouvernement encore extrêmement fragile aujourd'hui 7 ans après la guerre. Toutes les élections à ce jour sont caractérisées par des attentats et tentatives d'intimidation. [...]