Le rapport liant démocratie et développement est surchargé idéologiquement au point de confondre les deux termes dans une même réalité : le développement semble alors atteindre son apogée dans la démocratie qui serait son expression ultime.
Cette confusion s'explique tout d'abord par l'histoire même de la construction de l'idée de développement en Occident (G.RIST). Les grands penseurs de la modernité (Tocqueville/ Comte/ Marx/ Weber/ Durkheim) ne cessent d'associer un certain état économique et social à la nature des régimes politiques. Ces différentes approches du thème s'interrogent sur les mutations des organisations sociales et politiques, leurs sens, l'existence de modèles de régimes supérieurs aux autres se posant en progrès ou en expression même d'un modèle de gestion parfait et universel. Après la seconde guerre mondiale, le point 4 de la déclaration de Truman de 1949 est venu rénover le croyance dans le progrès et poser la conception moderne du développement en affirmant que le progrès pouvait être exporté et diffusé, et que le modèle démocratique était le seul à même de réaliser cette mission. Dans cette vision désormais classique, le développement ne serait finalement pour les pays les plus pauvres qu'une question de rattrapage, de reprise d'un modèle facilité par et devant déboucher sur l'adoption de valeurs démocratiques.
Ce rappel de la généalogique souligne à quel point le débat concernant le lien régime politique/développement est construit sur des fondements idéologiques multiples dont l'association relève de seules ‘croyances'. Les deux termes sont polysémiques, le développement apparaissant comme un mot-valise, ou un mot plastique (mot ayant d'abord appartenu à la langue courante avant d'être utilisé par la langue savante) aujourd'hui repris par le langage des ‘technocrates' et ayant désormais un sens très extensif. Sa définition demeure floue.
Théories du développement : enjeu terminologique (sous-développé, en voie de développement…)
Théories libérales : retard et dualisme : ROSTOW : le sous-développement est un retard / Dualisme : théorie de la croissance
Renouveau néo-libéral : développement nécessite ouverture économique (idéologie du FMI)
Approches critiques : Structuralistes : domination par capitalistes des pays du TM est source d'un sous-développement stable
Ecole de la dépendance : Ouverture aggrave les écarts car obligent PVD a importé des biens de + en + sophistiqués
L'échec de nombreux programmes de développement dans certains pays sous-développés et la multiplication des expériences dites de ‘transition démocratique' dans les années 80-90 sont venus relancer les questions concernant les liaisons existant entre démocratie et développement. L'un des deux termes conditionne-t-il l'autre ? La démocratie est-elle l'expression même du développement en tant que régime parfait ? Est-elle un luxe trop coûteux pour des sociétés confrontées à des tâches de développement ?
Nous verrons que si le lien démocratie/développement est controversé en théorie (I), ses matérialisations pratiques sont en réalité les fruits d'itinéraires particuliers, ce qui n'empêche pas la croyance en cette relation d'être source d'incontestables dynamiques (II).
[...] Cette confusion s'explique tout d'abord par l'histoire même de la construction de l'idée de développement en Occident (G.RIST). Les grands penseurs de la modernité (Tocqueville/ Comte/ Marx/ Weber/ Durkheim) ne cessent d'associer un certain état économique et social à la nature des régimes politiques. Ces différentes approches du thème s'interrogent sur les mutations des organisations sociales et politiques, leurs sens, l'existence de modèles de régimes supérieurs aux autres se posant en progrès ou en expression même d'un modèle de gestion parfait et universel. [...]
[...] Pourtant, si certaines thèses étayent ce raisonnement d'autres travaux apportent des controverses voire des résultats opposés. A - Une causalité positive : deux réalités qui se conditionnent Les Grandes Organisations internationales ne semblent aujourd'hui pas remettre en cause le lien démocratie/ développement. Le Programme des Nations Unies pour le Développement produit ainsi régulièrement des Rapports allant dans ce sens. Ainsi les institutions et les processus démocratiques contribueraient au développement, et surtout au développement humain. La concurrence pour le pouvoir obligerait les dirigeants à mieux répondre aux besoins des populations. [...]
[...] Exemples concrets : Famines fréquentes dans l'Inde coloniale alors que depuis démocratie à l'indépendance plus aucune famine même si récoltes parfois catastrophiques car intervention de l'Etat./ Toujours des famines en Chine et en Corée du Nord. Démocraties sont plus aptes à gérer crises économiques. Certains régimes autoritaires ont conduit leur pays à la faillite (MOBUTU au Congo, Haïti, AMIN DADA en Ouganda). Seul un des dix pays affichant une croissance annuelle inférieure à pendant au moins dix ans entre 1950 et 1990 était une démocratie. - Les démocraties favorisent la diffusion du savoir, notamment concernant la santé. Meilleure information concernant moyens de freiner la natalité, risques MST. [...]
[...] Débats publics libres et ouverts constituent le fondement de ce qu'Amartya Sen appelle le ‘rôle constructif' que les démocraties sont susceptibles de jouer dans la promotion du développement. Tx fécondité, Tx mortalité Infantile, Tx mortalité plus faibles en démocraties. Les modèles de pensée qui sont à la base du développement des pays les plus avancés se trouvent aussi être des modèles démocratiques. B Une relation démocratie/ développement peu probante voire négative Si certains voient carrément une relation négative entre démocratie et développement, d'autres auteurs soulignent plutôt le caractère peu probant de leur relation. [...]
[...] Les attentats du 11/09/00 ont encore renforcé la nécessité, présentée comme impérieuse, de poser la démocratisation comme fondement du développement et de prendre des distances avec les régimes corrompus. Cette nécessité relève largement de la rhétorique et de l'effet d'annonce, derrière lequel des tactiques de realpolitik continuent de primer. Mais la consécration des de la fusion des deux mythes dans les discours dominants et dans tous les forums internationaux, produit ses propres dynamiques sociales. Même si la plupart des acteurs reconnaissent son aspect formel et incantatoire, cette croyance génère des pratiques susceptibles de produire des effets directs sur les trajectoires des pays sous-développés comme la modification des formes locales de l'action politique : le coût à l'international de la dictature est plus élevé aujourd'hui. [...]
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