Problématique : il y a une influence incontestable de ces débats télévisés d'entre-deux-tours sur l'électorat ("impact immédiat du débat de 1974 de l'ordre d'un point et demi" et "une élection peut se gagner ou se perdre dans une émission télévisée" selon Roland Cayrol), mais constituent-ils un bienfait ou un méfait pour la démocratie ?
I. Les bienfaits démocratiques des débats télévisés d'entre-deux-tours
- Le débat contradictoire est par définition démocratique (un régime autoritaire laisse au contraire peu de place à l'opposition).
"1974 : une grande date pour le journalisme politique et la démocratie " (Michèle Cotta)
"Le débat s'impose pour des présidentielles " (Michèle Cotta)
- Le débat télévisé a permis de faire entendre l'opposition, alors qu'il n'y avait au début qu'une seule chaîne (l'O.R.T.F.) et que le gouvernement en avait le monopole.
A partir de 1974, on a désormais le sentiment qu'"on ne peut plus rapter la télévision pour une cause" (Michèle Cotta)
- Le débat télévisé permet de faire rentrer la politique dans chaque foyer et de toucher plus facilement et immédiatement les citoyens.
1974 : "L'inauguration d'une forme de démocratie participative" (Alain Duhamel) (...)
[...] Jacques en 1988 : Ce soir, je ne suis pas le Premier ministre, et vous n'êtes pas le président de la République, nous sommes deux candidats à égalité ( vous me permettrez donc de vous appeler monsieur Mitterrand. Réponse ironique de François Mitterrand : Mais vous avez tout à fait raison, monsieur le Premier ministre. Lionel Jospin en 1995 : Il vaut mieux cinq ans avec Jospin que sept ans avec Chirac. Ce serait bien long. Le dispositif télévisé peut empêcher les débatteurs d'être eux-mêmes, peut brider les interlocuteurs, peut ajouter du stress. [...]
[...] La neutralité des journalistes politiques : ni une aide pour l'un ni un handicap pour l'autre. 3 o En 1981, François Mitterrand et Valéry Giscard d'Estaing décident de prendre les deux premiers journalistes par ordre alphabétique sur la liste de journalistes proposés. o La démocratie sera adulte, affirme Alain Duhamel, quand les journalistes ne seront pas choisis par les candidats mais par les chaînes. Des règles transparentes pour que la réalisation de l'émission n'avantage ou ne désavantage aucun des candidats, contrôlées par un organisme indépendant. [...]
[...] L'image joue avant tout sur les émotions et les sentiments du spectateur. o François Mitterrand avait compris qu'il ne s'agit plus d'opinion publique mais d'affection publique. (Jacques Séguéla) o En 1995, la rigueur et la froideur de Lionel Jospin, qui devrait fendre l'armure selon l'expression de Serge Moati, sont désavantagées par rapport à la chaleur de Jacques Chirac. Le débat télévisé fait des candidats de véritables comédiens (le terme grec pour dire acteur est hupokritès qui a donné notre hypocrite ou du moins, accentue cet aspect. [...]
[...] LES PROBLÈMES POSÉS À LA DÉMOCRATIE PAR CES DUELS TÉLÉVISÉS La télévision est un faux dialogue : le citoyen ne peut intervenir et reste passif (ce qui nuance l'argument d'une forme de démocratie participative, dans ces débats télévisés du moins). o Le je vous regarde, vous me regardez (Valéry Giscard d'Estaing) est contrebalancé par la métaphore de François Mitterrand selon laquelle la télévision est un œil noir Le débat télévisé est un exercice purement oral (et donc réducteur par rapport à toutes les qualités d'un homme politique), qui nécessite une grande maîtrise de l'expression orale, et dépend du physique de l'orateur : une forte présence physique est nécessaire et il s'agit de ne pas se laisser impressionner par l'interlocuteur. [...]
[...] o En 1981, François Mitterrand a appris la télévision affirme Roland Cayrol et s'est entouré de publicitaires et de communicants comme Jacques Séguéla et d'hommes de télévision comme Serge Moati (qui aidera ensuite tous les candidats socialistes jusqu'en 1995). Une éducation à l'image des citoyens pour être moins manipulés par elle, moins naïfs avec les images. o Une démocratie se distingue à cet égard d'un régime autoritaire voire totalitaire en ceci qu'elle permet l'esprit critique des citoyens et les éduque. Cf. Rousseau dans Du contrat social en 1762 : la démocratie implique l'éducation des citoyens. [...]
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