La construction du rejet de l'autre en France et en Europe

Résumé du document

L'exclusion s'inscrit dans des rapports sociaux de pouvoir qui impliquent le mépris, la disqualification et la stigmatisation qui privent de l'estime de soi quand existe un sentiment de menace pour l'identité sociale et culturelle. Les individus rejetés, quant à eux, ont tendance à intérioriser le stigmate et le rejet rend certains de ceux qui en souffrent conformes à l'image négative qui leur est appliquée...

Extraits

[...] 4-France, Danemark, PB, Autriche : forme universelle de rejet des immigrés qui englobe les 3 dimensions économique, culturelle et numérique. Parmi ces pays on retrouve ceux qui se déclarent le plus racistes. On peut faire l'hypothèse que les pays où on assiste à une forme universelle de rejet (les groupes 3 et sont ceux qui présentent des structures d'attitudes conformistes, hostiles à toute forme de comportement déviant. Les enquêtes sur les valeurs des Européens (European values surveys) montrent que le rejet des étrangers et celui des marginaux sont fortement corrélés : exemple alcoolique, séropo, drogués, homosexuels, cf stigmates de Goffman. [...]

[...] Mais pour certaines personnes interrogées, l'application de certains droits dépend des circonstances : droit de vote, liberté d'association et droit d'asile des personnes interrogées sont d'accord avec l'idée que les pouvoirs publics doivent faire des efforts pour améliorer la situation des personnes appartenant à des groupes minoritaires : 90% en Espagne contre 45% au Danemark des personnes interrogées approuvent l'idée selon laquelle les immigrés établis légalement et originaires de pays non membres de l'UE devraient avoir les mêmes droits sociaux que les nationaux : 89% en Espagne contre 50% en Belgique. Sur la question de la naturalisation, les variations entre les pays dépendent non seulement des convictions politiques des personnes interrogées mais aussi des conditions nationales de naturalisation en vigueur. La plus grande opposition se rencontre au Danemark, en Suède, en Allemagne, au PB et en Belgique. Sur ces 3 questions, on trouve parmi les plus opposés les pays classés les plus racistes : Danemark, Belgique. Une minorité significative est favorable à une restriction des droits. [...]

[...] Pour évaluer l'intensité des sentiments racistes, on a demandé aux personnes interrogées de se situer sur une échelle de racisme allant de 1 à 10 pas du tout raciste et 10 très raciste). Les opinions regroupées en trois catégories donnent les résultats suivants : 1 personne sur 3 se déclare du tout raciste' sur 3 déclare ‘avoir des sentiments un peu racistes', et 1 sur 3 des ‘sentiments assez ou très racistes'. La Belgique vient en tête avec 22% de personnes qui se déclarent très racistes. [...]

[...] L'enquête sur les valeurs des européens montre en effet que le rejet des étrangers et celui des marginaux sont souvent corrélés : une attitude conformiste hostile à toute forme de comportement déviant ou d'altérité. Il s'agit donc une culture du rejet et de la frustration sociale. où la cohésion interne et le poids du contrôle communautaire jouent un rôle décisif dans le rapport de forces entre les groupes. B. Charisme collectif et self control Elias montre que la supériorité et le mépris collectifs sont souvent mobilisés dans les relations entre des groupes qui ne différent que par l'ancienneté de leur domiciliation dans la cité. [...]

[...] Parmi les pays peu racistes : Espagne, Irlande, Portugal. On note que parmi ces 3 pays sont des sociétés de type méditerranéen qui sont ancrées pourtant dans les valeurs familiales. La typologie de Esping Andersen marche pour les corporatistes/racistes mais trouve ses limites pour expliquer pourquoi des sociétés de type méditerranéen très proche aussi des valeurs traditionnelles sont peu racistes. Mais on peut avancer l'hypothèse que ces sociétés méditerranéennes : Grèce, Italie, Portugal, Espagne ont été les pays à fort taux d'émigration (première vague d'immigration en Europe : année 50). [...]