De nos jours, l'Etat nation est devenue la forme d'organisation politique dominante. Toute unité politique basée sur une autre forme de légitimité est devenu obsolète. Ces différents éléments contribuent à instiller l'idée que les nations sont une donnée naturelle de l'humanité, qu'elles ont toujours existé ou encore que les différents régimes politiques qui se sont succédées ont tous pris une forme nationale. Ces affirmations, qui relèvent du sens commun, permettent de comprendre une des dimensions essentielles de la construction nationale qui résulte d'un long processus d'apprentissage. En réalité, le concept de nation n'a certainement pas plus de trois siècles et est lié à des bouleversements fondamentaux intervenus dans les sociétés humaines sur les plans socio-économiques, cognitifs ou scientifiques. Comment les nations ont-elles pu émerger et quels usages en ont été faits ?
[...] Conditions et structures ayant permis et nécessité la construction nationale Dans cette partie, nous verrons que la nation ne peut se penser qu'en relation avec la société industrielle nous montrerons qu'elle s'origine dans un nouveau cadre cognitif nous nous pencherons ensuite sur le rôle joué dans ce cadre par l'imprimerie capitaliste enfin nous soulignerons l'aspect primordial joué par les structures politico administratives Ernest GELLNER, en décrivant les différentes phases économiques traversées par les sociétés humaines et la structure sociale qu'elles engendrent, met le doigt sur un point crucial pour comprendre pourquoi le nationalisme n'a pas pu se manifester avant que les bouleversements économiques n'aient commencé à produire leurs effets sur les structures sociales. Il distingue trois phases fondamentales : la phase précédant l'agriculture et l'élevage des sociétés de chasseurs-cueilleurs, les sociétés basées sur l'agriculture, la phase industrielle. La petite taille des sociétés du premier type ne permet pas la division du travail nécessaire à la constitution de l'Etat. Or, comme nous l'avons vu, le concept de nation suppose celui d'état. [...]
[...] L'objet de la naturalisation devient de participer de la souveraineté nationale. Le problème des rapports entre démocratie et souveraineté nationale se pose alors avec acuité sous la 2nde République. Jusqu'à cette époque, l'indifférence pour le contrôle des frontières est presque totale. Au bout de quelques temps, les réfugiés sont considérés comme pleinement membres des communautés locales. Sous la monarchie de Juillet, la conscience nationale apparaît élaborée mais l'administration ne parvient pas encore à s'affranchir des pouvoirs locaux pour établir des normes bureaucratiques. [...]
[...] L'imprimerie capitaliste aurait rendu possible à un nombre croissant de gens de se sentir reliés aux autres, d'une manière profondément nouvelle, sous la forme de communautés du type horizontales laïques Cependant, il ne faudrait pas en conclure que la construction nationale s'opère toujours autour de l'établissement d'une langue nationale. ANDERSON montre que les nationalismes d'Amérique le prouvent. Ceux-ci furent pris en charge sur la quasi-totalité du continent sud- américain par une population créole de langue espagnole, donc sans que la langue constitue un élément de différentiation avec la métropole. A la fin du 18ème siècle, classe moyennes à l'européenne étaient presque insignifiantes. Il n'y avait pas d'intelligentsia amateur de littérature. [...]
[...] ANDERSON distingue une nouvelle conception du temps qui apparaît avec le développement du rationalisme moderne. A la place de la conception médiévale de simultanéité à travers le temps, de l'absence d'une histoire comme chaîne infinie de causes et d'effets, d'absence de délimitation entre passé et présent, la nouvelle conception s'articule autour de l'idée d'un temps vide et homogène mesurable par l'heure et le calendrier. La possibilité d'imaginer la nation apparue historiquement lorsque ces conceptions fondamentales perdirent leur évidence dans l'esprit des hommes. [...]
[...] L'administration, la théologie engendrent une ou plusieurs classes de lettrés spécialistes. L'idéologie de ce type d'unité politique insiste sur l'inégalité des classes et non sur l'homogénéité de la société dans son ensemble. Lorsque les clivages culturels sont faibles, le système cherche à les amplifier afin qu'ils soient considérés comme permanents et naturels. C'est une démarche opposée à celle des sociétés industrielles qui cherchent à renforcer les barrières entre les nations plutôt qu'entre les classes. La différentiation culturelle entre les communautés de base est marquée en raison de l'autarcie. [...]
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