De nos jours l'Etat est un phénomène d'extension quasiment universelle, on trouve un Etat dans l'immense majorité des sociétés contemporaines. Pour autant, la sociologie historique nous a montré que l'Etat n'est qu'un des modes d'organisation politique possible, fruit d'un processus historique et social dans un contexte déterminé. Le concept d'Etat renvoie au système politique tel qu'il a été conçu et organisé dans les sociétés d'Europe occidentale depuis l'époque féodale.
Mais au cours des trois derniers siècles, le modèle étatique a été diffusé dans le monde entier, par vagues successives : aux Amériques, en Europe de l'Est, en Asie, en Afrique, devenant la forme universelle d'organisation politique. Il s'agit du « phénomène d'exportation de l'Etat », analysé notamment par Bertrand Badie et Jean-François Bayart.
Pourquoi et comment s'est réalisée cette exportation de l'Etat, et quels en sont les résultats actuels ?
[...] Cette caractéristique permet à l'État de s'installer dans des contextes socioculturels très variés. Se développe donc une relation de clientélisme, fondée sur un rapport de dépendance entre les élites extra-occidentales et les États exportateurs. Secondement, l'exportation de l'Etat se fait grâce à l'occidentalisation de la scène internationale, dont les États occidentaux sont à l'origine. Cette occidentalisation est axée sur une territorialisation du monde, c'est- à-dire l'expansion de l'idée selon laquelle le territoire est fini et institutionnalisé. C'est suite à ce phénomène international que l'État s'imposera en acteur unique des relations internationales. [...]
[...] Affaibli par cet émiettement, l'État importé souffre d'une légitimité contestée, d'une faible capacité politique, et doit lutter contre des espaces sociaux vides espaces se développant dans beaucoup de zones d'exclusion, et dans lesquelles l'État ne parvient pas à exercer une autorité, laissant se déployer des autorités de substitution. Toutes ces raisons font de l' universalisation manquée l'un des problèmes majeurs des sociétés extra-occidentales, pouvant déboucher sur la remise en cause même des fondements de l'État (souveraineté, fonction diplomatique mais aussi sur un divorce entre gouvernants et gouvernés. Ainsi, l'exportation de l'État obéit à une logique d'intérêt mutuel de la part des élites occidentales et extra-occidentales. Mais il est clair aujourd'hui que la diffusion du modèle étatique à l'échelle universelle est un échec. [...]
[...] Cela nous conduit à nous poser la question de savoir si la création de l'État est la seule réponse au besoin de contrat social et de sécurité, face à d'autres réponses comme la démarche communautaire, qui repose sur d'autres solidarités (le clan, la famille, l'ethnie, la communauté religieuse, etc.). On la voit justement se manifester de fait dans beaucoup de régions où l'État est en situation d'échec. Bibliographie Bertrand Badie, L'État importé. [...]
[...] Il s'agit du phénomène d'exportation de l'État analysé notamment par Bertrand Badie et Jean-François Bayart. Pourquoi et comment s'est réalisée cette exportation de l'État, et quels en sont les résultats actuels ? Les logiques d'exportation Pour expliquer l'exportation de l'État, Badie affirme que celui-ci a dans ses caractéristiques propres les gènes de cette exportation. Il y a dans le terme État une dimension universalisante, qui fait sa spécificité (on ne retrouve pas cette prétention universaliste dans les autres formes d'organisation politique). [...]
[...] Les logiques d'importation Mais sans "importateur", il n'y a pas "d'exportateur". Malgré la contrainte exercée par les puissances occidentales, les élites africaines importatrices ne sont pas que des marionnettes agissant en faveur d'une domination extérieure. C'est une rupture avec la théorie de la dépendance, car selon Badie les élites importatrices tirent des avantages substantiels de cette importation. L'adoption d'un idéal de modernité symbolisé par l'État occidental confère un surplus de légitimité à aux élites locales traditionnelles. Sous couvert de la légitimité d'une modernisation à l'occidentale le Prince emprunte certains éléments du modèle étatique occidental qui lui sont favorables, comme la centralisation ou la concentration territoriale. [...]
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