On appelle cohabitation la « coexistence d'un chef de l'Etat élu au suffrage universel sur un
programme politique et d'un Premier ministre s'appuyant sur une majorité parlementaire élue pour
soutenir une politique opposée » (J. Massot, Alternance et cohabitation sous la Ve République).
Les majorités présidentielle et parlementaire ne correspondent pas, la dyarchie de l'exécutif au sommet de l'Etat est officialisée de facto et non plus seulement de jure.
[...] La deuxième cohabitation a eu lieu entre 1993 et 1995. Le Président de la République, François Mitterrand, fait face à la plus forte majorité législative de droite que la France ait connue sous la Vème République. Le groupe socialiste et apparenté de l'Assemblée est réduit à seulement 56 membres sur 577. Jacques Chirac garde à l'esprit sa défaite lors des présidentielles de 1988 et préfère, pour préparer celles de 1995, de laisser à son grand ami Edouard Balladur, l'Hôtel Matignon. [...]
[...] Depuis 1958, il est de tradition de reconnaître au Président, outre ses prérogatives écrites noir sur blanc dans le texte constitutionnel, une primauté en matière de défense et de politique étrangère, bien que le Premier ministre ait lui aussi son mot à dire. Néanmoins, en période de cohabitation, ce sont ces deux ministères ceux sur lesquels la personnalité nommée était issue d'un accord entre les deux têtes de l'exécutif. C'est ce que l'on appelle le domaine réservé du Président de la République. [...]
[...] Inattendue, cette cohabitation est dite surprise. COMMENT LA COHABITATION EST-ELLE DEVENUE RÉALITÉ ? La perte des élections législatives par le Président constitue un désaveu national. En 1986, alors qu'aucun spécialiste n'est capable de prévoir la couleur de l'Assemblée après les législatives, il apparaît évident pour de nombreux commentateurs que si le Président n'a pas de majorité présidentielle, son désaveu devrait se traduire par une démission. François Mitterrand ne voit pas les choses ainsi, et son Premier ministre n'a aucun moyen pour le destituer. [...]
[...] Néanmoins, la cohabitation ne signifie pas le passage d'un exercice du pouvoir où le Premier ministre est soumis au Président à un Premier ministre indépendant : il s'agit plutôt d'une collaboration et coopération nécessaires. La cohabitation est ainsi un exemple de plus de l'adaptabilité de la Constitution dont l'opinion publique s'accommode bien, mais le monde politique moins. C'est la raison pour laquelle la révision constitutionnelle portant sur la durée du mandat présidentiel a été si largement acceptée par les classes politiques : elle marque probablement la fin de la cohabitation, qui reste cependant possible en cas de décès ou de démission du Président, ou en cas d'élections anticipées. [...]
[...] Massot, Alternance et cohabitation sous la Ve République). Les majorités présidentielle et parlementaire ne correspondent pas, la dyarchie de l'exécutif au sommet de l'Etat est officialisée de facto et non plus seulement de jure. LES TROIS COHABITATIONS QU'A CONNUES LA FRANCE La première cohabitation a eu lieu entre 1986 et 1988. Le Président de la République, François Mitterrand, est alors socialiste. Sa majorité parlementaire est battue lors des élections législatives, et comme il l'avait annoncé, il ne renonce pas au pouvoir. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture