Citoyenneté et politisation, cours de 12 pages en science politique
Aujourd'hui, il nous semble évident et naturel que dans un régime démocratique, la légitimité du pouvoir repose sur l'élection et plus précisément sur le suffrage universel, c'est-à-dire la capacité pour tous les citoyens de désigner leurs gouvernants. Démocratie et SU semblent aller de pair. Or cela n'a rien de naturel pas plus que bien d'autres institutions qui sont en fait le fruit d'une histoire sociale et politique particulière.
Section 1 : Du suffrage censitaire au suffrage dit « universel »
Section 2 : L'apprentissage de la citoyenneté
[...] Pour cela les citoyens sont appelés à lire les journaux et à assister aux réunions électorales. En résumé, l'école laïque et obligatoire mise en place à partir de 1881 a bien d'autres fonctions que d'apprendre à lire et à compter. Elle est conçue comme un instrument essentiel de l'apprentissage de la citoyenneté. C'est d'ailleurs toujours le cas aujourd'hui même si la rhétorique pédagogique a changé. Outre les cours d'instruction civique censés apprendre aux élèves les droits et les devoirs des citoyens et le fonctionnement des institutions politiques, l'élection des délégués de classe est souvent présentée comme le premier acte citoyen. [...]
[...] Il n'y avait donc nul besoin d'organiser des élections. Ce n'est qu'à partir de la Révolution française que s'impose progressivement l'idée du recours au vote pour désigner les dirigeants politiques. Mais comme on va le voir dans cette séance, le droit de vote est alors loin de concerner tous les citoyens en 1789. La question du SU, le droit de vote pour tous n'est d'ailleurs pas proposé par la plupart des révolutionnaires qui en fait se méfient du peuple. Ce n'est qu'en 1848, avec la seconde république, que le principe du SU est proclamé. [...]
[...] Qui plus est, le vote se fait en public. Il n'y a pas d'enveloppe obligatoire à ce moment là et tout le monde peut voir pour qui vous votez. Il est donc assez facile de faire pression sur les électeurs et d'aboutir à un vote quasi-unanime quand l'élection se déroule sous les yeux du maire ou du candidat ou plus largement de la communauté (villageoise par exemple). C'est pour rompre avec ces pratiques de pression et de clientélisme qu'un certain nombre de députés vont revendiquer la mise en place de l'isoloir dans les bureaux de vote. [...]
[...] Section 2 : L'apprentissage de la citoyenneté L'introduction du suffrage dit universel en 1848 accroît de manière considérable le nombre d'électeurs. Il passe de 250000 à près de 10 millions d'électeurs. Mais le vote ne va pas de soi pour ceux qui en acquièrent le droit. Les français ne deviennent pas citoyens du jour au lendemain. Plus exactement, s'ils votent dès avril 1848, leur vote ne devient que très progressivement synonyme d'une opinion politique forgée en toute indépendance, conformément à l'idéal républicain qui prend sa source dans la période révolutionnaire. [...]
[...] Même dans les régimes autoritaires et dictatoriaux, des élections sont organisées. Elles ne sont pas démocratiques dans le sens (européen), où il n'existe pas une réelle liberté de choix, où le pluralisme partisans n'est pas assuré, mais elles ont lieu pour parer le régime en question des vertus de l'élection, mettre en scène le soutien populaire. L'élection est devenue l'instrument privilégié de visibilisation du consentement populaire. Donne parfois des scores absurdes censés refléter le consensus derrière le dictateur, comme en Tunisie où le président Ben Ali est réélu avec plus de 99% des suffrages à chaque élection. [...]
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