L'étonnant score aux élections régionales de mars 2004 du parti régionaliste « Alsace d'abord », peut être vu comme le symptôme d'une volonté de rupture dans l'organisation politico-économique alsacienne. Dans un contexte favorable à la remise en cause en France de la souveraineté, par l'action conjointe de la décentralisation et de la construction européenne, l'Alsace se voit confrontée à des enjeux polymorphes ; réminiscences d'un passé douloureux, désuétude de sa logique territoriale, projets d'avenir ambitieux.
Le manque d'attention accordé par la France à l'héritage germanique de l'Alsace lui empêche, à l'heure actuelle, de se mobiliser pour créer la nouvelle dynamique qu'elle veut instaurer et qui pourrait être si bénéfique, à la France, à l'Europe et à elle-même. Le pouvoir central français doit résoudre la « question alsacienne », à la fois en reconnaissant le particularisme identitaire et culturel de la région Alsace, et à la fois en lui attribuant de plus grandes libertés pour que les Alsaciens puissent enfin exprimer toute leur identité rhénane et européenne.
[...] Bien d'autres journaux ou collectifs virent le jour par la suite dans le même but : revendiquer la différence alsacienne. Ces mesures brutales créèrent beaucoup de ressentiments que l'on perçoit encore de nos jours dans l'inconscient collectif alsacien. La réforme Holderith de 1972 qui permit la réintroduction de l'enseignement facultatif de l'allemand en primaire est un exemple de cet entêtement alsacien ; le mouvement régionaliste et populiste Alsace d'abord en est un autre. Il est capital, pour l'Alsace et pour la France, que cet anéantissement de la différence alsacienne, source de frustration constante, soit reconnu par la République Française, afin que l'Alsace puisse enfin se tourner vers l'avenir, en harmonie avec son passé franco-germanique. [...]
[...] L'unité constitutionnelle française définie dans son article 1 la France est une république indivisible et son article 2 la langue de la République est le français se trouverait en effet ébranlée par ces mesures d'un ordre nouveau. L'Etat unitaire se verrait affaibli et la boîte de Pandore des régionalismes, ouverte à jamais. Faut-il en avoir peur ? Source Nouvelle histoire de l'Alsace: Une région au coeur de l'Europe, dir. B. [...]
[...] Alsace-France-Europe : quelle alchimie ? L'étonnant score aux élections régionales de mars 2004 du parti régionaliste Alsace d'abord peut être vu comme le symptôme d'une volonté de rupture dans l'organisation politico-économique alsacienne. Dans un contexte favorable à la remise en cause en France de la souveraineté, par l'action conjointe de la décentralisation et de la construction européenne, l'Alsace se voit confrontée à des enjeux polymorphes ; réminiscences d'un passé douloureux, désuétude de sa logique territoriale, projets d'avenir ambitieux. Le manque d'attention accordé par la France à l'héritage germanique de l'Alsace lui empêche, à l'heure actuelle, de se mobiliser pour créer la nouvelle dynamique qu'elle veut instaurer et qui pourrait être si bénéfique, à la France, à l'Europe et à elle-même. [...]
[...] La vocation européenne de Strasbourg et de l'Alsace pourrait également servir de support à une véritable interface européenne sans frontières. La culture et l'histoire alsacienne furent longtemps négligées et bafouées par la France à des fins nationales. Aujourd'hui à l'heure où le bassin rhénan et l'espace européen sont en pleine mutation, l'Alsace a plus que jamais besoin de plus de libertés culturelles, politiques et économiques pour affirmer toute son identité duale. L'octroi de ces latitudes, serait une forme symbolique de reconnaissance d'un particularisme identitaire. Ces revendications sont toutefois ambitieuses. [...]
[...] Malgré les promesses des généraux qui libérèrent l'Alsace en 1918, les libertés linguistiques, culturelles et institutionnelles alsaciennes ne furent pas préservées étant éradiquées par la politique assimilationniste française. C'est avec le même radicalisme que fut entreprise la seconde intégration territoriale (dès 1945). L'enseignement de l'allemand fut par exemple supprimé dans les écoles primaires, le système éducatif français menant en effet une politique active de francisation de la culture alsacienne. Ces exigences d'abandon culturel enfantèrent de nombreux mouvements autonomistes dans l'entre-deux-guerres, comme le Parti Fédéraliste, la Elsass-Lothringische Liga ou encore la Radikal-Regionalistische Partei. Ceux-ci furent interdits dès le 30 octobre 1919. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture