Willy Beauvallet et Sébastien Michon: « L'institutionnalisation inachevée du Parlement européen »

Thèmes abordés

Eurodéputation, Parlement européen, Willy Beauvallet, L'institutionnalisation inachevée, approche néofonctionnaliste

Résumé du document

Sébastien Michon, enseignant à l'IEP de Strasbourg, spécialiste de la représentation politique et de la
politisation européenne, et Willy Beauvallet, chercheur associé au CNRS spécialiste du Parlement européen, cosignent en 2010 « L'institutionnalisation inachevée du Parlement européen. Hétérogénéité nationale, spécialisation du recrutement et autonomisation » dans la revue Politix.
Leur contribution se veut inscrite dans une démarche constructiviste structurale, laquelle entend dépasser l'aporie traditionnelle née de l'approche néofonctionnaliste et de ses contradicteurs dans l'étude du Parlement européen.

Extraits

[...] l'institution représentée est le Parlement d'un ensemble institutionnel différencié, ils émanent d'une compétition électorale spécifique, leur position les dotent de rétributions matérielles et symboliques, ils ont des tâches précises en rapport avec la législation européenne, ils sont spécialisés dans cette législation ils connaissent en leur sein une hiérarchie précise Conclusion: l'étude de Michon et Beauvallet permet d'affirmer une position institutionnelle différenciée de l'eurodéputé. Qu'en estil pour le rôle ? II/ L'inachèvement de l'institutionnalisation du Parlement, une problématique relative au rôle L'impossible institution sans le rôle Le rôle procède d'une construction complexe. Il y a l'apprentissage du rôle selon les prescriptions de l'institution, et le rôle en tant que comportements adoptés face aux attentes du public. En outre l'attente des partenaires dans une interaction dépend autant de la vision qu'ils ont du rôle prescrit par l'institution, que de leur propre position à eux. [...]

[...] Il faut une adaptation dans l'interaction. On se sait regardé, et la position se trouve mise en jeu . Aussi les coulisses les contraintes institutionnelles imperceptibles de l'extérieur sontelles moins infléchissantes dans une recherche sur les rôles en euxmêmes, que les effets décisifs de la façon dont on tient son rôle face au public (développement majeur) De l'impossible rôle de l'eurodéputé procède l'inachèvement de l'institutionnalisation du Parlement S'il peut être fait une légère critique aux conclusions de Michon et de Beauvallet, c'est leur propension à accepter l'idée d'une esquisse complète d'un espace politique européen différencié, en n'apposant la relativité par l'adjectif inachevée qu'à l'aune des contraintes issues de certaines logiques nationales persistantes Or si l'on tente d'apporter à l'institutionnalisation du Parlement un regard par le rôle, on se rend compte que cet adjectif inachevé peut s'obtenir suivant deux autres constats : D'un espace politique européen certes différencié, mais incomplet en tant que son renfermement (censé lui être bénéfique) explique, dans une autre mesure, sa quasiinexistence médiatique nationale D'où un second constat : l'impossible distinction totale des eurodéputés par le public, et donc l'inexistence d'attentes réelles des mandants Conclusion : L'apport de la théorie lagroyenne des rôles permet de distinguer d'autre défaillances dans l'institutionnalisation du Parlement Européen, mais sa mise en perspective avec l'étude de Michon et Beauvallet ne rend finalement pas compte de la dernière législature. [...]

[...] Willy Beauvallet et Sébastien Michon L'institutionnalisation inachevée du Parlement européen Politix, vol p. 147-172 Sébastien Michon, enseignant à l'IEP de Strasbourg, spécialiste de la représentation politique et de la politisation européenne, et Willy Beauvallet, chercheur associé au CNRS spécialiste du Parlement européen, cosignent en 2010 L'institutionnalisation inachevée du Parlement européen. Hétérogénéité nationale, spécialisation du recrutement et autonomisation dans la revue Politix. Leur contribution se veut inscrite dans une démarche constructiviste structurale, laquelle entend dépasser l'aporie traditionnelle née de l'approche néofonctionnaliste et de ses contradicteurs dans l'étude du Parlement européen. [...]

[...] À cet égard, il paraîtra pertinent de rapprocher la thèse des deux auteurs avec celle de Jacques Lagroye, où la question des rôles politiques et de leur institutionnalisation permet d'approfondir l'approche sociologique contemporaine des institutions1. Audelà de la caractérisation d'un espace politique différencié Lagroye ne considérant pas sa démarche comme exclusive aux institutions nationales, l'analyse semble possible. Quant à La légitimité du Parlement Européen : éléments de stratégie et usage du mandat européen (Paris 1989) de Jacques Lagroye, une étude plus poussée pourra s'y rapporter, mais la date de parution de l'ouvrage empêche une focalisation sur celuici dans notre approche synthétique essentiellement marqué pour Michon et Beauvallet par des logiques internes de domination gérontocratiques, nous verrons en quoi l'approche de l'institution par le rôle pose problème pour le Parlement européen. [...]

[...] En effet, le contact avec une institution se fait en premier lieu par le contact avec ceux qui y jouent un rôle. Ce rôle n'est pas indépendant et propre à la personne qui le tient : il émane d'une position (hiérarchie, rang, salaire, tâches et spécialisation). Quant au rôle, il est vu comme l'ensemble des comportements adoptés pour tenir cette position et la renforcer ou non. Définir une position d'eurodéputé Quelle est cette position précédemment décrite pour un eurodéputé ? [...]