Jeremy Waldron est professeur à l'école de droit de l'université de New York. C'est un libéral. Il a notamment beaucoup écrit sur les questions de propriété privée et il fait souvent écho à la philosophie politique de Locke…
Dans le texte Security and liberty : the image of balance, écrit un an après le 11 septembre 2001, il revient sur un thème assez classique, qui a été souvent débattu, surtout aux Etats-Unis depuis les attentats de 2001, c'est le thème de l'équilibre entre liberté et sécurité. La question de savoir à quel moment le coût de la sécurité devient trop haut pour un Etat, qui se doit de protéger les libertés individuelles, cette question est aussi vieille que la démocratie elle-même. Mais elle est plus que jamais d'actualité aujourd'hui. D'ailleurs, David Cole et Jules Lobel publient cette année un livre sur le sujet, intitulé Less Safe, Less Free.
Dans son article, Jeremy Waldron tente d'expliquer pourquoi il faut faire attention avec le terme “équilibre” entre liberté et sécurité.
Tout d'abord, on va voir ce que signifie exactement l'équilibre entre sécurité et liberté. Puis, nous expliquerons quels sont les dangers de cette notion d'équilibre. Enfin, nous avancerons quelques critiques de l'analyse de l'auteur.
[...] Donc du coup, qu'est-ce qu'« atteindre un nouvel équilibre veut dire ? On a une certaine idée du risque maximum qu'on est prêt à supporter et donc on ajuste les libertés à la baisse quand on estime que le risque associé devient trop important. Soit on fixe le risque maximum qu'on est prêt à supporter (et on ajuste les libertés en fonction). Soit on fixe le degré de liberté minimum en dessous duquel on ne veut pas descendre, et on est alors prêt à endosser un plus grand risque. [...]
[...] A cet argument, Jeremy Waldron répond deux choses : - Il serait insensé de penser que l'Etat ne représente aucune menace. Il n'y a aucune raison, parce que la menace terroriste augmente, pour que la menace venant de l'Etat diminue. Il faut rester méfiant, comme on l'a vu. - Augmenter le pouvoir de l'Etat ne réduira pas forcément la menace terroriste. Avant de réduire une liberté, il faut s'assurer que cela aura effectivement des conséquences réelles sur la sécurité Enfin, l'auteur explique qu'avant de diminuer une liberté pour diminuer les risques, si jamais on décide de le faire parce qu'on y est contraint, il faut être sûr que la diminution de cette liberté aura bien des conséquences réelles sur la sécurité, et pas des conséquences symboliques. [...]
[...] Les droits doivent être inaliénables. Donc on ne peut pas les diminuer. Mais ce raisonnement a ses limites. Si la sécurité est considérée comme un droit, alors, on a des droits des deux côtés de la balance. On voit alors le problème : le gouvernement est accusé s'il viole les libertés civiles des individus, mais il est aussi accusé s'il échoue à sauver la vie ou à assurer la sécurité d'un individu. On est donc dans un problème très complexe, qui ne fait pas consensus. [...]
[...] Ce serait tentant de dire qu'on diminue la liberté de tout le monde pour améliorer la sécurité de tout le monde. Mais ça ne marche pas comme ça. Si l'on prend l'exemple du 11 septembre. Ceux qui ont perpétré l'attentat étaient d'origine étrangère (non américains), et en plus, ils faisaient partie d'un groupe ethnique visible. Du coup, la plupart des changements concernant les libertés civiles ont été adressés spécifiquement à certaines personnes suspectées de détenir des informations sur le terrorisme, d'être complices ou même d'être terroristes. [...]
[...] Parmi ces auteurs, on trouve Nicholas Kristoff, qui écrit : Les incidents terroristes des années 1970 (comme celui de Munich) faisaient une douzaine de morts, les attaques des années 1980 et 1990 (en Inde par exemple) montèrent la barre à des centaines de victimes, le 11 septembre la monta à des milliers de morts. A mesure que le risque change, nous qui sommes préoccupés par les libertés civiles, devra retrouver l'équilibre entre liberté et sécurité. C'est une tâche vraiment déplaisante pour nous les libéraux, mais nous devons en apprendre du 11 septembre autant que le FBI. [...]
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