Vladimir Lénine (1870-1924) est l'un des marxistes les plus célèbres de l'histoire. C'est tout d'abord un révolutionnaire actif. Il est l'artisan de la Révolution russe d'Octobre 1917, première Révolution de type marxiste connaissant le succès. Ainsi, entre 1917 et 1924, Lénine jette les bases du système soviétique, qui se réclame du marxisme.
En plus d'être un homme d'action, Lénine est un théoricien du marxisme. Le marxisme est une interprétation matérialiste du monde : la société et la culture sont expliquées à travers les rapports de force économiques et sociaux. C'est à l'aide de ce paradigme que Lénine explique les réalités de son temps, comme l'impérialisme dans l'ouvrage dont il est ici question, L'impérialisme, stade suprême du capitalisme, publié en 1916. L'impérialisme correspond à la politique de domination politique, culturelle et/ou économique d'un Etat à l'encontre d'un ou plusieurs autres Etats.
Il reste maintenant à déterminer si un paradigme matérialiste permet d'expliquer de façon pertinente l'impérialisme. Les chapitres IV à VI ici étudiés se focalisant sur les causes de l'apparition de l'impérialisme, mon exposé peut être considéré comme une réponse à la question suivante :
L'analyse de Lénine permet-elle de comprendre les causes de l'impérialisme ?
Si l'analyse matérialiste proposée par Lénine est indispensable à la compréhension des causes de l'impérialisme (I), elle n'est toutefois pas suffisante (II).
[...] Pour Lénine, la simultanéité du développement du capitalisme financier monopoliste et du développement de l'impérialisme n'est pas le fruit du hasard. Il s'attache en effet à prouver que le second est la conséquence du premier. Cette corrélation l'amène à établir un lien de causalité entre l'évolution du capitalisme et l'impérialisme Pour montrer cette corrélation, Lénine part du constat de la forte hausse des exportations de capitaux en provenance des pays industrialisés. Ainsi, les exportations de capitaux en provenance de la France ont été, en volume, multipliées par 6 entre 1869 et 1914. [...]
[...] Selon lui, l'impérialisme est un atavisme social et politique. (Un atavisme est un terme péjoratif désignant la résurgence d'un élément censé appartenir au passé.) En effet, pour Schumpeter, l'impérialisme est l'expression des hiérarchies féodales et monarchiques a priori renversées par le triomphe de la bourgeoisie, mais toujours présentes dans les schémas de pensée. Conclusion Les thèses léninistes sont à la fois indispensables et insuffisantes pour comprendre les causes de l'impérialisme. Indispensables, parce qu'elles montrent clairement en quoi l'on peut considérer l'impérialisme comme la résultante du passage au capitalisme financier monopoliste. [...]
[...] C'est pourquoi Lénine affirme constater, en 1916, un partage définitif du monde sur le plan politique, au sens où il n'y a plus de territoires inoccupés. La démarche matérialiste de Lénine quant à la recherche des causes de l'impérialisme n'est donc pas vaine : il nous fournit une clef explicative importante en affirmant que l'impérialisme résulte de l'apparition d'un capitalisme financier monopolistique. Néanmoins, les approches libérales mettent en lumières des insuffisances de la thèse léniniste. II/ L'analyse matérialiste n'est toutefois pas suffisante L'analyse léniniste souffre de plusieurs limites Tout d'abord, il faut noter que certains faits, contrairement à ce qu'avance Lénine, peuvent contredire la corrélation entre développement du capitalisme et impérialisme. [...]
[...] Rostow tend donc à montrer que l'impérialisme ne répond pas aux besoins du capitalisme. De nombreux auteurs rejoignent cette thèse en montrant que l'impérialisme n'est pas un facteur de croissance pertinent. Pour Schumpeter, le développement du capitalisme se poursuit grâce aux innovations et au processus de destruction créative Etant donné que, pour lui, c'est le progrès technique et non la conquête de débouchés nouveaux qui est le vecteur privilégié des innovations décisives, tout lien mécanique entre capitalisme et impérialisme est exclu. [...]
[...] Dans le modèle usuraire, des contreparties à l'égard des firmes du pays prêteur existent, comme des facilités d'implantation ou des traités de commerce favorables au pays exportateur de capitaux. Par exemple, le traité de commerce signé en 1905 entre la France et la Russie est particulièrement avantageux pour la France. De ces sphères d'influence des groupes monopolistes résulte une situation oligopolistique, puisque l'existence de sphères d'influence réduit fortement la concurrence. Il en résulte, selon Lénine, une tendance à la collusion, à la formation de cartels internationaux. [...]
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