Philippe Braud, est l'ancien directeur du Département de Science Politique à la Sorbonne. Il est aujourd'hui professeur des universités à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris. Il est notamment l'auteur de La Science Politique, publié en 2001 ; Sociologie politique (2002) et la Démocratie politique. Science Politique 1 (2003).
Dans l'introduction de Violences Politiques, Philippe Braud resitue la violence dans une perspective historique, en observant que l'Histoire humaine est jalonnée, habitée par la violence, et notamment par les guerres. Il considère les différents effets de la violence, et cela sous plusieurs dimensions.
Du point de vue démographique, la violence, aggravée par les épidémies, a constitué un « facteur de régulation démographique », limitant la population aux ressources disponibles du territoire sur lequel elle était implantée. Du point de vue économique, les effets sont ambivalents. D'une part, les conflits modernes ont permis des avancées technologiques importantes (comme la conquête de l'espace durant la guerre froide), mais d'autre part, la violence est surtout un facteur de dépression économique, de dépeuplement et d'insécurité.
En revanche, il observe que les effets de la violence sur le plan politique sont très contrastés.
C'est donc tout l'enjeu de la réflexion de Philippe Braud, d'établir une définition scientifique, « clinique » de la violence, spécifiée aux comportements humains, en éludant les critères et les jugements moraux. C'est une entreprise difficile, pour les raisons invoquées, mais qui constitue le défi de cette œuvre. Les définitions juridiques, sociologiques et philosophiques possèdent une valeur intrinsèque, mais ne sont pas suffisantes ou redondantes.
Ainsi, les grandes lignes forces que nous allons présenter seront tout d'abord l'étude des circonstances et des dynamiques de la violence politique, puis la dissociation essentielle entre violence physique et symbolique, puis nous nous pencherons sur les moyens institutionnels qui se présentent comme une alternative à la violence.
[...] En revanche, il observe que les effets de la violence sur le plan politique sont très contrastés. Les régimes totalitaires ont produit des exterminations de masse, mais d'un autre côté, la violence a des effets fondateurs : elle est souvent à l'origine de systèmes politiques démocratiques grâce aux Révolutions en France et aux Etats-Unis, et elle constitue une justification du renforcement du pouvoir central étatique, évitant ainsi des désordres intérieurs. Cette observation montre que la violence fait l'objet de jugement réprobateur, mais que ce jugement est fortement altéré par le point de vue de l'acteur en question. [...]
[...] Par conséquent, l'approche purement psychologique, voir psychiatrique des acteurs sources de violence est à inscrire dans un contexte plus global, ne laissant ainsi pas place à une certaine tendance à une vision automatique et réductrice selon laquelle un individu ayant des dispositions à la violence, est de fait l'auteur de violence. Néanmoins, l'approche psychologisante est intéressante, car elle permet d'ouvrir une perspective souvent oubliée qu'est l'effet sur la cible de la violence. La psychologie la caractéristique principale du concept central de la violence symbolique. Concept et stratégies de la violence symbolique Dans le chapitre 4 De la violence physique à la violence symbolique Braud met ici l'accent sur le concept de violence symbolique. [...]
[...] Par exemple, dans le cadre des Nations Unies, le critère de légitimité se dessine comme l'aval du Conseil de Sécurité. L'autre mode de légitimation la violence au service d'une cause juste est un mobile, qui utilise des valeurs respectées, afin de masquer des intérêts économiques, territoriaux, politiques En règle général, l'idéalisme des uns permet au cynisme des autres d'avancer plus efficacement vers l'objectif souhaité Un des motifs cités est celui de la religion, qui selon l'auteur, donne une signification idéologique à des frustrations nées du dénuement économique, de la corruption ou de l'impuissance politique Il observe que dans les démocraties pluralistes, la légitimation de la guerre est largement favorisée ou non par le rôle des intellectuels et des médias avec des campagnes de presse ou d'opinion, mais aussi l'entrave à des règles éthiques internationales. [...]
[...] La recherche est nécessaire, et l'absence d'un travail de mémoire complet et indépendant peut avoir des effets politiques négatifs, principalement l'écartement des victimes, enfermées dans un rapport aux autres très marginal. Il permet donc une large pacification des rapports sociaux, renouvelée par les rappels de mémoire commémoratifs annuels. Dans le cas contraire, l'occultation du travail de mémoire présente un véritable danger politique, peut être instrumentalisé par des dirigeants politiques populistes et il n'est pas rare d'observer que le sentiment d'injustice et le désir de vengeance non réparés soient la source de nouvelles violences toutes aussi graves. [...]
[...] En un mot, la violence physique provoque de la souffrance. Ce concept de violence symbolique est très important, car il permet de prendre en considération toutes les blessures infligées à l'identité, associées ou non à des actes matériels Cela signifie que la souffrance infligée à l'individu ne se situe plus seulement au niveau de son corps, de la surface, mais aussi au niveau profond du moi identitaire, là où s'exprime le malaise ressenti. L'auteur distingue deux stratégies différentes qu'exerce la violence symbolique, provoquant deux sentiments prédominants : dévalorisation et déstabilisation. [...]
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