Un candidat populiste atteignant des scores inattendus (18% pour JM Le Pen), un président de la République élu avec 82% des suffrages grâce aux votes de l'opposition, qui ne remet pas en cause sa légitimité... autant de symptômes qui révèlent l'incompétence de la Ve pour faire face à de telles situations.
Si Olivier Duhamel a été un ardent défenseur de la Ve République par le passé, il est obligé de constater qu'elle ne constitue pas une barrière au populisme, principale menace des démocraties. L'habitude du consensus, le flou existant entre droite et gauche, ainsi que l'influence des médias, favorisent l'émergence de mouvements opportunistes et dangereux, prêchant sur des terrains abandonnés par les grands partis. (...)
[...] 99) - JM Le Pen et le FN en France en mai 2002) - Liste Pim Fortuyn aux Pays-Bas (26 sièges sur 150 en mai 2005) Le problème des démocraties du consensus (systèmes de coalitions, de cohabitations, de concordances) réside en leur capacité de consociation : les principaux partis sont définis à partir de distinctions historiques, religieuses (catholique / protestants par exemple), sociales (travailleurs / employeurs), et ont toujours agi en cherchant le consensus, en chassant le conflit. Les grands partis sont associés au pouvoir, et il devient difficile de faire une distinction claire entre majorité et opposition, entre gauche et droite. Ce conflit ressurgit où on ne l'attend pas, et donc, ici , sous forme de partis populistes, exprimant une voix nouvelle, des idées fortes portées par des personnalités charismatiques, en rupture avec les grands partis rodés, habitués au compromis. [...]
[...] Les vices du présidentialisme et de la cohabitation Le présidentialisme décrit certains régimes latino-américains dans lesquels deux partis s'opposent, avec l'unique fonction de porter un caudillo à la présidence, et de faire élire le plus possible de ses amis au Parlement Pour l'auteur, la présidence française a pris cette tournure depuis les dernières années du septennat de VGE, la corruption de politiques par des entrepreneurs (et réciproquement) s'étant considérablement aggravée Ce vice a été interrompu grâce à la cohabitation, porteuse d'autres perversions : la dyarchie trop longue entre les deux têtes de l'exécutif, alternant unité de façade et flèches empoisonnées apporte trop de confusions. Les enquêtes de 2002 attestent que les français ne veulent plus de cette cohabitation. Le quinquennat y met fin pour l'instant, car la cohabitation est une situation de transfert de pouvoir en cours de mandat. Cependant, le pouvoir partagé reste une grande possibilité, si la coalition qui gagne la présidentielle perd les législatives qui s'en suivent. L'exécutif sera de nouveau partagé, et une crise s'en suivra inexorablement. [...]
[...] Le modèle qui prédomine en Europe est le bon : la France n'a plus qu'à s'en inspirer. Conclusion Ce livre contient des éléments convaincants, quant aux maux que connaissent nos démocraties. Le début est pertinent : le populisme est une vraie menace pour nos démocratie, ainsi que la manière qu'ont les médias de traiter l'information politique, les dérives sondagistes . La fin est également très intéressante : le régime à deux têtes que nous connaissons n'est plus adapté, et le passage à un régime primo-ministériel avec un gouvernement responsable s'avère nécessaire.Cependant je ne suis pas convaincue par la manière d'argumenter, et par le raisonnement : je ne vois pas toujours bien les liens logiques entre l'accumulation d'anecdotes, de petites analyses, et la construction de véritables règles et thèses. [...]
[...] Duhamel estime que les législatives ne devraient pas constituer une deuxième appréciation du Président, et qu'elles devraient concerner avant tout les programmes de la droite et de la gauche La possibilité d'une cohabitation est un thème utilisé par les politiques afin d'orienter les votes : on peut inciter un électeur de gauche à voter à droite pour éviter la cohabitation, décrite alors comme source de blocage, et de montée de l'extrémisme. Mais a-t-on nécessairement besoin de donner une majorité parlementaire au président ? Pour Duhamel, non ! [...]
[...] Par exemple, je ne vois pas comment un passage à une VIe République mettrait fin aux dérives de TF1, ni comment le populisme pourrait être annulé par de nouvelles institutions ! S'il est clair que le populisme se développe là où les grands partis sont faibles, c'est un problème politique et non institutionnel, et une VIe République n'assurerait pas nécessairement une gauche et une droite fortes et distinctes ! [...]
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