Dans son article intitulé « les usages du mot nationalité au 19ème siècle » (Genèses, 20, 1995.), G. Noiriel retrace l'histoire du concept de nationalité depuis sa création en 1807, où il apparaît pour la première fois dans un roman de Madame de Staël, jusqu'à la stabilisation du sens de ce mot à la fin du 19ème siècle.
[...] Se pose alors un nouveau problème, peut-on employé le terme de nationalité au singulier ou au pluriel. Les partisans du pluriel déplorent l'uniformisation de la société et le centralisme engendré par la Révolution. Les partisans du singulier voient, à l'instar de Michelet, la Révolution française comme le sacrifice des diverses nationalités intérieurs à la grande nationalité qui les contient, fortifie celle-ci, sans nul doute. B. Le principe des nationalités Les conflits idéologiques concernant le sens du mot ont été résolus entre libéraux et partisans de la noblesse, mais font maintenant rage entre libéraux et républicains. [...]
[...] Il est passé de la scène nationale à la scène internationale et du singulier au pluriel selon le contexte historique et social de l'époque. D'abord défini comme une force spirituelle liant les individualités entre elles et permettant de dépasser les particularismes, la nationalité est ensuite définie comme l'élan vital qui rassemble les membres d'une communauté et son expression publique (c'est le principe des nationalités), pour devenir à la fin du 19ème le lien qui unit l'individu à l'Etat et la solidarité nationale entre tous ses membres. [...]
[...] Du coup, le mot nationalité est adopté et passe dans les langues européennes. Il désigne dans ce contexte l'élan vital qui rassemble les membres d'une communauté mais aussi cette communauté elle-même. Cette nouvelle définition permet de différencier les Etats-nations et les groupes qui revendiquent leur indépendance, qui prennent le nom de nationalités. Glissement de la monarchie de juillet jusqu'au second empire : la nationalité française dans les années 1830 était définie comme une fusion, un dépassement des particularismes antérieurs, désormais elle signifie l'expression publique d'une nation venue du fond des âges. [...]
[...] La première loi sur la nationalité française est adoptée en 1889. Elle cherche à définir les critères qui déterminent l'obligation de fidélité et d'obéissance à l'Etat. Cette loi combine les principes de droit du sang et de droit du sol. En 1893, loi qui décide que les pouvoirs publics pourront s'opposer à l'adoption de la nationalité française des enfants d'étrangers nés en France qui n'y résideraient pas à leur majorité. On cherche à homogénéiser le peuple français en assimilant les étrangers. [...]
[...] Renan lui-même s'inscrit dans cette logique conservatrice puisqu'il explique que la nation est fondée d'abord sur un patrimoine commun et sur la volonté de vivre ensemble. Pour faire partie du groupe, il faut donc pouvoir justifier de cet héritage commun, avoir de pouvoir participer au plébiscite de tous les jours. La restructuration du sens du mot nationalité s'explique par le contexte de guerre contre la Prusse et de crise économique. Pour palier à ces difficultés, l'Etat met en place de mesures protectionnistes. G. [...]
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