L’universalisme européen de Immanuel Wallerstein. Présentation de l’ouvrage : "l’universalisme comme idéologie de classe dans l’analyse d’un historiographe marxiste"

Résumé du document

Avant d'entamer une lecture critique de l'ouvrage il convient de rappeler dans quel cadre intellectuel se situe l'auteur tout comme ses outils analytiques. Professeur à partir des années 60 aux universités Columbia de New York d'abord et Mc Gill de Montréal ensuite, Wallerstein s'intéresse dès les débuts de sa carrière à l'étude des sociétés africaines dans un contexte de décolonisation accélérée.
C'est donc à partir de l'analyse des sociétés du Sud que prend forme sa critique du capitalisme, substratum intellectuel du mouvement alter-mondialiste international dont Wallerstein est indiscutablement un des inspirateurs aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'arène académique.

Extraits

[...] Avec une Chine du socialisme de marché - où les droits de l'homme sont loin de constituer une évidence - qui s'impose dans le système monde comme force économique majeure, l'Universalisme européen risque bien d'être concurrencé par une culture politique, celle de l'autoritarisme capitaliste qui présente de nombreux attraits. C'est bien en ce sens qu'il convient de redéfinir le rapport entre économie monde capitaliste et culture politique. Un seul système économique ne correspond pas aujourd'hui à une seule culture politique. C'est en ce sens que l'appel de Wallerstein à une particularisation de nos universalismes est intéressant. Le progrès économique entrainera-t-il une convergence des systèmes politiques ? [...]

[...] Si donc reste à l'auteur le mérite de la soulever, la question du rapport entre culture politique et système économique demeure plus complexe. Toutefois, si l'ingérence devait être proscrite du fait de ses effets pervers en termes de dommages collatéraux l'Universalisme européen demeure la culture politique à l'origine d'un système monde source de richesse généralisée et la seule capable de redistribuer selon un principe d'équité ces mêmes richesses. Il faut certes relativiser cet Universalisme à l'aune des récents succès d'universalismes alternatifs : néanmoins, la coexistence de cultures politiques autoritaires et autoréférentielles semble constituer un risque dans le long terme de soulèvements sociaux et d'instabilité géopolitique inacceptables. [...]

[...] L'analyse du concept d'universel et des implications de l'existence de valeurs politiques universelles dans l'ouvrage mérite de s'y attarder. L'invocation d'une pensée faible en opposition au dogmatisme y occupe une place centrale. Cela ne constitue en rien une affirmation d'un relativisme radical porteur d'une aporie sceptique. Au contraire, l'exercice du doute par la particularisation des valeurs que nous considérons comme universelles permettrait d'atteindre non pas une illusoire vérité mais une Raison possible dans la droite ligne de l'idéal des Lumières (qui sont pourtant rejetées par Wallerstein). [...]

[...] Il faut remettre en question les particularismes essentialisés et universalisés la culture politique occidentale caution de la domination de classe. La forme dominante de cet universalisme européen n'est toutefois plus celle culturelle de l'Orientalisme : c'est bien sûr des valeurs prétendument pour Wallerstein - scientifiques que l'Occident à fondé sa domination depuis 1945. La révolution épistémologique constituée par la naissance de deux cultures - scientifique et humaniste au sein même des facultés universitaires signe bien l'importance de la certitude scientifique, et de son corollaire, le progrès technologique ou Progrès tout court. [...]

[...] Présentation de l'ouvrage : l'universalisme comme idéologie de classe dans l'analyse d'un historiographe marxiste Avant d'entamer une lecture critique de l'ouvrage il convient de rappeler dans quel cadre intellectuel se situe l'auteur tout comme ses outils analytiques. Professeur à partir des années '60 aux universités Columbia de New York d'abord et Mc Gill de Montréal ensuite, Wallerstein s'intéresse dès les débuts de sa carrière à l'étude des sociétés africaines dans un contexte de décolonisation accélérée. C'est donc à partir de l'analyse des sociétés du Sud que prend forme sa critique du capitalisme, substratum intellectuel du mouvement altermondialiste international dont Wallerstein est indiscutablement un des inspirateurs aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'arène académique. [...]