En 1995, s'opère en France un important changement politique : avec l'élection de Jacques Chirac à la Présidence de la République, la France, déçue par « l'ère » mitterrandienne en laquelle beaucoup de français avaient placé leurs espoirs, semble prendre le chemin du libéralisme économique dans un climat économique mondial guère différent à l'heure de la mondialisation. André Tosel est un philosophe de formation (agrégé de philosophie en 1965, Doctorant en1982 à l'université de Paris 1), nommé professeur de philosophie à la Sorbonne la même année que la parution de Démocratie et Libéralismes, en 1995). Démocraties et Libéralismes, est de fait plus un ouvrage affilié à la philosophie politique qu'à la science politique.
[...] Ainsi les démocraties occidentales hésitent dans leur positionnement par rapport à l'égalitarisme. La modernité est paradoxalement synonyme à la fois de progrès toujours plus grands dans l'égalisation des conditions, et parallèlement, synonyme d'accumulation toujours plus grande des richesses et donc d'accroissement de l'écart des conditions, allant vers une plus grande inégalité. On comprend mieux après cette lecture d'André Tosel, les difficultés des Welfare States occidentaux à se positionner dans l'ingérence au niveau des conditions économiques de ses citoyens : aider sans assister, pourquoi aider : pour pousser à la consommation et relancer l'économie ou pour répondre à la nécessité démocratique d'une égalité des conditions ? [...]
[...] Même pour le mouvement socialiste, le libéralisme économique semble être devenu la règle. La thèse soutenue par André Tosel sera très bien illustrée en 2002, alors que le candidat socialiste Lionel Jospin prône durant sa campagne électorale un socialisme libéral et rationnel. Jamais les thèmes et les idées phares des campagnes des partis de droite et de gauche n'auront été aussi proches et la difficulté des électeurs à cerner ce qui distingue les deux partis s'illustra clairement dans les résultats de cette présidentielle sans précédent. [...]
[...] II. La politique : un marché L'égalité pose un problème au libéralisme. C'est ce que montre clairement André Tosel dans le chapitre L ‘égalité difficile et nécessaire. Concept central de la démocratie et surtout de l'Etat social de droit, il est cependant contraire aux principes libéraux. Pour le libéralisme, les hommes naissent égaux, en droits. Mais ils sont tous doués de facultés, d'aptitudes, de ressources inégales. [...]
[...] Démocraties et Libéralismes, est de fait plus un ouvrage affilié à la philosophie politique qu'à la science politique. En 1995, lorsque paraît Démocraties et Libéralisme André Tosel est déjà l'auteur de plusieurs études sur Marx : Marx et sa critique de la politique, rédigé en collaboration avec Cesare Lupini et Etienne Balibar paru en 1979, Praxis, vers une refondation en philosophie marxiste, Editions sociales, Paris et L'Esprit de scission : études sur Mar, Gramsci, Lukàcs, Presses Universitaires franc-comtoises Démocraties et Libéralismes vient donc compléter une liste d'œuvre déjà bien garnie, mais apporte une touche nouvelle dans la réflexion de l'auteur : André Tosel élargit son champ de travail et s'intéresse à un sujet de philosophie politique bien dans l'air du temps. [...]
[...] L'ouvrage d'André Tosel manque sans doute de structure, le squelette de l'argumentation n‘apparaît pas clairement en raison notamment de l'absence de conclusion et d'une introduction qui constitue en soi même déjà une thèse ou du moins est posée comme telle. Par ailleurs, il est important de bien voir que ce livre propose une philosophie politique : l'argumentation est donc orientée, et ce dès l'introduction critique du libéralisme. Néanmoins, André Tosel développe une conception originale et poussée sur les liens possibles entre libéralismes et démocratie, renversant les présupposés existants. [...]
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